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LES TOILES DU SEMESTRE (3) - "Coups de cœur et plaisirs divers" 01/06 2018

Après les "flops et immémorables" du semestre, place aux titres qui, majoritaires, ont été source de plaisir et d'émotion...

Lady Bird, film à la fois drôle, intelligent et touchant, a été une jolie surprise, mettant en scène une relation mère-fille difficile (la mère est psycho-rigide, dévalorisante, et la fille est à l'âge des doutes et des velléités d'émancipation) mais finalement bouleversante, et surtout traitée avec beaucoup de sensibilité. Les dialogues sont piquants, les acteurs déroulent leur jeu avec authenticité, vraiment un excellent moment, teinté de nostalgie et de tendresse.

Dans des styles complètement différents, mais avec comme point commun d'avoir suscité un étonnement ravi...
... Three Billboards : Les Panneaux de la vengeance, m'a emballée. Deux principales raisons à cela : le mélange de genres assez improbable et pourtant parfaitement maîtrisé par Martin McDonagh, entre farce et tragédie, humour et gravité, et le ton très original qu'il insuffle aux dialogues, aux situations, oscillant à deux doigts de la caricature, et exprimant cependant toute la complexité des héros qu'il met en scène. Audacieux...

... The disaster artist, qui m'a étrangement marquée a posteriori. Sur le moment, je me suis un peu demandé quel était le but du réalisateur, en retraçant avec une fidélité quasi maniaque l'histoire du mystérieux Tony Wiseau, qui à l'aide d'une non moins mystérieuse fortune sortie on ne sait d'où, devint une légende en réalisant l'un des films les plus pourris de tous les temps... Mais quelques heures après, en en parlant avec mon conjoint qui ne l'avait pas vu, j'ai réalisé que j'avais plein de choses à en dire, que je l'avais finalement trouvé très drôle, curieux, et que j'avais été très touchée par l'amitié qui se noue entre les deux personnages principaux.

Dans le genre "prise de risques", Il figlio, Manuel fut une belle découverte. Le réalisateur, les acteurs (italiens) m'étaient totalement inconnus et c'est un peu par hasard (l'envie d'aller au ciné à une heure de faible fréquentation, et une programmation conséquemment restreinte) que je me suis retrouvée devant l'histoire de ce garçon qui âgé de dix-huit ans, quitte le foyer où il avait été placé quelques années auparavant pour rejoindre sa mère sortie de prison, à qui il sert de caution morale. Un film émouvant mais très simple, porté par un jeune acteur remarquable, juste jusque dans ses silences.

Andrea Lattanzi - "Il figlio, Manuel"
Un beau jeu d'acteur aussi avec Plaire aimer et courir vite, grâce auquel j'ai eu le plaisir de retrouver Vincent Lacoste (découvert dans Hippocrate), qui a cet étrange talent consistant à savoir adapter même sa physionomie à chacun de ses rôles. Je l'ai trouvé extraordinaire, exprimant une jeunesse vigoureuse et téméraire. Le drame de la maladie, de l'amour impossible, font ici l'objet d'un film à la fois cru et poétique, tragique et pourtant jamais pathétique.

Vincent Lacoste - "Aimer plaire et courir vite"
Ni juge ni soumise constitue un titre à part, d'abord parce que c'est un documentaire, mais aussi et surtout par la réaction qu'il a suscité en moi. J'en suis ressortie en en riant presque encore, retenant surtout la truculence et l’atypisme du personnage de cette juge auquel on aurait du mal à croire s’il était fictif ! Et puis quand le rire retombe, on se sent un peu gêné aux entournures, parce qu’on se demande ce que ça dit de nos sociétés, tout comme on s'interroge sur ce que dit de notre humanité la dimension souvent pathétique, voire parfois détestable et effrayante de ces prévenus...

Et je conclue par mes deux coups de cœur du semestre, qui ont comme point commun de vous mettre dans un état de tension quasi insoutenable. Jusqu'à la garde, d'abord, dont je suis sortie hébétée, succession de scènes brèves mais intenses, significatives sans être démonstratives notamment grâce au jeu très subtil des acteurs et à une mise en scène épurée. Il y aurait beaucoup à dire quant aux thématiques abordées autour de cette séparation vécue par le personnage du père comme une humiliation dévastatrice, notamment sur les limites des institutions à juger -en quelques minutes- des tenants et aboutissants des drames familiaux... et chapeau bas pour la capacité du réalisateur à nous faire ressentir une violence insidieuse, plus souvent psychologique que physique, mais terriblement destructrice.

Enfin, En guerre, traitant du combat mené par ses ouvriers contre la fermeture d'un site industriel pourtant bénéficiaire, m'a bouleversée... est-ce parce qu'il a réveillé certaines réminiscences (comme le héros, mon père, qui a été délégué syndical, a mené des mois de douloureuses négociations lors du licenciement économique d'une grande partie du personnel de l'usine où il travaillait ; l'issue a heureusement été moins tragique...) ? Peut-être, mais pas seulement. Stéphane Brizé nous tient sur un fil tendu et vibrant jusqu'à la scène finale, en nous plongeant au cœur de l'action comme il le ferait pour un documentaire. C'est violent -les confrontations entre les personnages, notamment, sont souvent éprouvantes- mais jamais gratuit, puisque le propos ainsi exprimé imprègne le spectateur avec une force peu commune.


  • Lady Bird, drame/comédie américain(e) de Greta Gerwig, avec  Saoirse Ronan, Laurie Metcalf, Tracy Letts ;
  • Three Billboards : Les Panneaux de la vengeance, comédie dramatique britannico-américaine réalisée par Martin McDonagh Frances McDormand, Woody Harrelson, Sam Rockwell ;
  • The disaster artist, drame/comédie/Biopic de James Franco avec James Franco, Dave Franco, Seth Rogen ;
  • Il figlio, Manuel, drame italien de Dario Albertini avec Andrea Lattanzi, Francesca Antonelli, Giulia Gorietti ;
  • Plaire, aimer et courir vite, comédie dramatique de Christophe Honoré avec Vincent Lacoste, Pierre Deladonchamps, Denis Podalydès ;
  • Ni juge ni soumise, documentaire franco-belge de Jean Libon et Yves Hinant ;
  • Jusqu'à la garde, thriller/drame français de Xavier Legrand avec Léa Drucker, Denis Ménochet, Thomas Gioria, Mathilde Auneveux ;
  • En guerre, drame français de Stéphane Brizé avec Vincent Lindon, Mélanie Rover, Jacques Borderie.

Commentaires

  1. Nous nous retrouvons pour 3 billboard ( quelle claque ) et The disaster artist. J'ai laissé passer les autres, frileuse avec En guerre et Jusqu'à la garde.

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    1. Oui, je me souviens de ton billet sur The Disaster artist, je rejoins complètement ton avis. Je trouve par ailleurs que c'est un film qui marque sans que l'on s'en aperçoive sur le moment.. dommage pour En guerre et Jusqu'à la garde, car ce sont des films très forts, mais une séance de rattrapage est toujours possible !

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  2. J'avais tellement adoré Three Billboards ! Je n'ai rien vu de mieux depuis !

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    1. Je comprends, c'est un film original, bouleversant et drôle à la fois, pas évident pourtant de réussir ce mélange. Et les acteurs sont top, complètement en accord avec le ton du film, entre théâtralité et sincérité.

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  3. J'ai adoré "The Disaster artist", à prendre au 2/3 ième degré ! et le jeu de James Franco ! formidable, j'ai beaucoup ri.
    Il me semble même que le fameux Tony Wiseau a un petit rôle dans le film...
    C'est l'égotisme et la naïveté élevés au rang d'Art ! C'est beau d'être aussi persuadé de son talent mais c'est souvent voué à l'échec...
    Son film "The room" est d'ailleurs montré dans les écoles de cinéma américaines comme modèle de ce qu'il NE faut PAS faire dans un film !
    Au générique de "The Disaster artist", ils montrent les plans copier/coller du film original, sûrement pour démontrer à ceux qui n'ont pas vu le film, qu'ils n'ont rien inventé, que tout est vrai ! mdr
    Sinon, je sais que tu n'es pas très série mais je te conseille FORTEMENT la série : "La servante écarlate" !
    très dure mais très bonne !
    Moi, perso, je suis de moins en moins film car ils sont de plus en plus creux et en 2h tu restes souvent sur ta faim, alors qu'une BONNE série est beaucoup plus immersive et développe beaucoup plus son sujet...

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    1. Dire que "je ne suis pas très série" est un euphémisme, je n'en regarde jamais. Je suis incapable de faire fonctionner le replay sur ma TV (je ne suis même pas sûre d'avoir cette fonction, d'ailleurs) et je n'ai pas un PC suffisamment puissant pour y regarder des films, et puis j'ai déjà du mal à trouver le temps de lire, de rédiger les billets conséquents, d'aller au ciné... bref, ce n'est vraiment pas mon truc. Je coince d'ailleurs sur l'intégrale V du Trône de fer (en livre) parce que j'ai laissé passer trop de temps depuis les tomes précédents...
      Sinon, je suis assez d'accord avec toi sur le ciné, ce n'est pas toujours facile d'y trouver son compte, mais le plaisir ne s'arrête pas pour moi à celui que procure le film (bien que ce soit l'essentiel), rien que l'idée d'aller au cinéma me plait ! Surtout quand je me retrouve dans des petites salles à la déco horriblement rétro, en compagnie des quatre cinéphiles du quartier !

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  4. J'ai aimé aussi Lady Bird. Jusqu'à la garde me tentait beaucoup mais je l'ai laissé passer. Je vais noter le DVD.

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    1. Oui, il mérite vraiment une séance de rattrapage !

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  5. Bonsoir Ingannmic, je te rejoins sur Lady Bird, Jusqu'à la garde et En guerre. Pour Three billboards, je suis plus mitigée et les autres pas vus, et oui personne n'est parfait. Bonne soirée.

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    1. Si tu as l'occasion de voir The Disaster artist, n'hésite pas, c'est vraiment une curiosité !

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  6. De cette sélection, je n'ai vu que "En guerre", qui m'avait inspiré sur le blog de dasola (qu'il m'arrive de squatter) un long commentaire rédigé sous son propre billet...
    Cordialement

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    1. Bonjour ta d loi du ciné,
      Je viens d'aller lire le commentaire en question, et je te rejoins complètement. Pour ceux "d'en haut", comme tu écris, les préoccupations tournent non pas autour de l'humain, mais de leur propre image et des moyens, quels qu'ils soient, à mettre en oeuvre pour leur permettre d'accéder ou de rester au pouvoir...

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