LE RECAPITULATIF DE L'ACTIVITE

LES TOILES DU SEMESTRE (5) - 01/06 2019

Un bilan très hétérogène, que ce semestre cinématographique...

"A fuir" ...


J'voulais pas y aller... Bon, "Les petits mouchoirs", j'avais à peu près supporté, surtout grâce à la musique, et quelques passages passablement drôles qui m'avaient néanmoins sortie de l'hébétude. Je sais, la vie de couple, ce sont -aussi- des concessions, mais là, je le sentais bien, que j'aurais dû faire ma cabocharde, prétexter une migraine (si, si, pour le cinéma aussi ça marche), ou une critique à finir d'urgence dans le cadre d'une lecture commune. Et ça a été encore pire que ce je craignais. L'ennui au bout de dix minutes, les poils hérissés face aux problèmes de riches de cette bande de bobos jouée par des acteurs qui semblaient se demander ce qu'ils étaient venus foutre (désolée, la colère me rend parfois vulgaire) faire dans ce film sans aucune consistance...


Déçue...

Ça aurait pu être très bon, original et oppressant. Le synopsis avait excité ma curiosité : suite au suicide d'un de ses professeurs, une classe d'excellence accueille son remplaçant, plus habitué aux élèves en échec scolaire qu'aux surdoués auxquels il se retrouve confronté. Car c'est bien d'une confrontation dont il est question, face à ces collégiens tristement sérieux, d'une assurance et d'un mutisme arrogants, dont l'enseignant découvre peu à peu l'obsession pour le sort de la planète. Épiant, hors du collège, le petit groupe qui lui pose le plus de difficultés, il voit filles et garçons se livrer à d'étranges rites où ils se mettent en danger.
Oscillant entre anticipation et thriller, "L'heure de la sortie" avait des atouts propres à en faire un film passionnant, mais son traitement trop caricatural le rend peu crédible, voire même agaçant et ridicule... Une réelle déception, donc.

"Les éternels" faisait également partie de ces films que j'avais envie d'aimer, parce qu'il bénéficiait de la caution des Inrockuptibles, que le cinéma chinois, j'y goûte rarement (et là j'avoue que je risque de ne pas y re-goûter de sitôt), que c'est mon cher et tendre enfin qui me l'a proposé, et ce n'est pas si souvent qu'il sort, culturellement parlant, des sentiers battus. Las... malgré l'évocation, dans un contexte de violence -celui de la pègre-, d'une histoire de sacrifice amoureux déçu propre à lui conférer de la profondeur, et son ambiance singulière, mon intérêt a vite été sapé par les longueurs plombant l'intrigue. L'ennui, qui a rapidement été au rendez-vous, m'a laissé le sentiment de m'être perdue dans un film interminable...

J'avais un a priori positif sur "Piranhas", sans doute parce que les derniers films italiens que j'ai eu l'occasion de voir évoquaient eux aussi les laissés-pour-compte du système, et leurs efforts parfois désespérés pour le réintégrer, et qu'ils m'avaient fortement marquée (il s'agissait d"Il Figlio", et de l'excellentissime "Dogman)".  Adaptation du roman du même nom écrit par Roberto Saviano, auteur du "Gomorra" porté à l'écran en 2008", Piranhas" a été unanimement jugé inférieur à ce dernier par la critique, mais a tout de même bénéficié d'une presse plutôt favorable. Le quotidien des enfants des quartiers populaires napolitains embrigadés dans les gangs mafieux est au cœur du synopsis. Son intrigue rythmée par de nombreux rebondissements, la gouaille de ses personnages, rendent le film certes plaisant, mais j'ai eu un mal fou à le trouver crédible, tant la jeunesse évidente des héros aux gueules d'ange collait mal avec leur capacité à reprendre à de vieux mafieux aguerris le contrôle de leur quartier...


Convaincue...

... Par la capacité à nous embarquer dans ses pistes de réflexion d'Antoine Raimbault dans "Une intime conviction", inspiré de l'affaire Viguier... J'aime beaucoup Marina Foïs et Olivier Gourmet, et je n'avais qu'une très vague connaissance de ce fait divers. Le réalisateur introduit ici un personnage fictif (joué par Marina Foïs) qui, persuadé de l'innocence de Jacques Viguier accusé du meurtre de sa femme, supplie le ténor du barreau Dupond-Moretti de le défendre lors de son procès en appel. Son acharnement à le disculper vire bientôt à l'obsession. J'ai trouvé captivant tout le questionnement qu'induit le film (bon parfois il fait plus qu'induire, et clame son propos un peu lourdement, mais ça passe) sur les limites que le poids de la rumeur et la subjectivité des parties prenantes et des acteurs de la lois imposent au rendu de la justice.

... par l'humour et le sympathique duo mis en scène dans "Green Book", certes un peu caricatural, mais qui fonctionne bien, et illumine un film au sujet pourtant bien sombre, puisqu'à travers l'histoire du pianiste Don Shirley, il évoque la ségrégation dans le sud des Etats-Unis des années soixante, une ségrégation qui pour le riche noir homosexuel qu'est le musicien, prend divers visages. Un film sur la solitude aussi, celle d'un homme que sa famille a rejeté en raison de sa singularité, qui l'empêche de trouver sa place, où que ce soit...


Convaincue, enfin, par les circonvolutions temporelles "Ma vie avec John F. Donovan", film émouvant et par moments même fascinant, hanté, de manière presque obsédante, par la relation à la mère, l'amour impossible, la difficulté d’être soi. Touchant jusque dans ses défauts (une construction qui peut par moments paraître un peu "fabriquée", notamment, et certaines scènes à la limite de la grandiloquence)...


Coups de cœur...

... pour la sensibilité et l'énergie avec laquelle Jeanne Herry décrit le parcours des deux premiers mois de l'existence d'un enfant né sous X, jusqu'à son adoption, dans "Pupille". 

Un film passionnant, qui met en évidence le rôle, les interactions et parfois les frictions entre les différents acteurs formant les maillons de ce processus à la fois douloureux et porteur d'espoir, traitant avec justesse des limites institutionnelles, mais aussi et surtout de la difficulté pour les personnes qui les représentent à remplir leur mission avec humanisme et objectivité. 
Elodie Bouchez y est immensément touchante, entre maturité et fragilité sincère, les seconds rôles particulièrement réussis... Un vrai coup de cœur, qui fût par ailleurs l'occasion d'une bonne vidange lacrymale...


... pour l'inattendu "Compañeros", une excellente surprise. Le film retrace les douze années de réclusion subies par trois opposants politiques -José Mujica, Mauricio Rosencof et Eleuterio Fernández Huidobro, l'ouvrage autobiographique de ces deux derniers ayant servi de base au scénario- sous la dictature militaire uruguayenne (1973-1985). C'est une oeuvre très forte qui, au-delà de sa dimension historique, ou politique, traite des effets psychologiques de l'enfermement, des mécanismes que l'esprit met en place pour le supporter. Palpitant et oppressant...


... Coup de cœur énorme, enfin, pour "Le silence des autres", glaçant documentaire sur l'après-franquisme, et le "pacte du silence" imposée par la loi d'amnistie votée par la Chambre des députés en 1977. Les victimes côtoient leurs bourreaux, dont la plupart ont conservé leur place au sein du pouvoir, de nombreuses places, rues, ont gardé les noms de tortionnaires ainsi considérés comme des grands personnages d'Espagne... jusqu'au jour où une poignée d'individus, peu à peu de plus en plus nombreux, réclame justice. Débute alors une aventure douloureuse, compliquée, un combat contre l'amnésie et le déni.
Tourné sur plusieurs années, "Le silence des autres" filme avec pudeur et empathie ces oubliés de l'Histoire, traumatisés par une dictature dont on occulte jusque dans les programmes scolaires la dimension barbare, meurtrière...
A voir, absolument !

  • "Nous finirons ensemble", comédie dramatique française de De Guillaume Canet, avec François Cluzet, Marion Cotillard, Gilles Lellouche ;
  • "L'heure de la sortie" thriller français de Sébastien Marnier, avec Laurent Lafitte, Emmanuelle Bercot, Pascal Greggory ;
  • "Les éternels", romance, drame chinois, de Jia Zhangke avec Zhao Tao, Liao Fan, Xu Zheng ;
  • "Piranhas", drame italien de Claudio Giovannesi, avec Francesco Di Napoli, Ar Tem, Viviana Aprea ;
  • "Une intime conviction", thriller judiciaire franco-belge de Antoine Raimbault, avec Marina Foïs, Olivier Gourmet, Laurent Lucas ;
  • "Green Book", drame, biopic américain de Peter Farrelly avec Viggo Mortensen, Mahershala Ali, Linda Cardellini ;
  • "Ma vie avec John F. Donovan", drame canadien de Xavier Dolan avec Kit Harington, Natalie Portman, Jacob Tremblay ;
  • "Pupille", drame franco-belge de Jeanne Herry, avec Sandrine Kiberlain, Gilles Lellouche, Élodie Bouchez ;
  • "Compañeros", drame, biopic uruguayen, espagnol, français, argentin De Alvaro Brechner avec Antonio de la Torre, Chino Darín, Alfonso Tort ;
  • "Le silence des autres", documentaire espagnol de Almudena Carracedo et Robert Bahar.

Commentaires

  1. Nous partageons le coup de coeur pour Le silence des autres, j'en garde un souvenir très fort. Je regrette d'avoir manqué Campaneros, j'espère le voir plus tard. En ce moment, peu de film me tente. Une excellente surprise avec Nevada dernièrement.

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    1. J'espère que tu auras une séance de rattrapage pour Companeros, il est vraiment excellent, et très fort. Et j'ai bine l'intention d'aller voir Nevada, Mathias Schonaert m'avait très favorablement impressionnée dans "Frères ennemis", et les images du film, dont j'ai vue la BO, ont l'air très belles...

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  2. Coup de coeur pour moi aussi pour Le silence des autres. C'est le seul que j'ai vu dans ta liste.

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    1. Un documentaire glaçant et en même tant très émouvant, oui, que ce Silence des autres. Quand on voit à quel point cette période pourtant récente de l'Histoire est méconnue des espagnols eux-mêmes, alors que leurs parents et grands-parents l'ont vécue !!

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  3. Le silence des autres me fait penser à un documentaire que j'ai vu sur le Rwanda et où les bourreaux côtoient (après quelques années de prison) les familles de leur victimes. Cette femme a vu sa famille entière assassinée et pourtant elle a pardonné son voisin .. Impressionnant !
    Je n'ai vu aucun de ses films (à part tes coups de cœur, les autres ne me disaient rien) et j'ai bien aimé ton verdict du film de Canet (j'avais été déçue par le premier à l'époque)

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    1. Ah, ce documentaire est vraiment à voir (sauf si on est déjà un peu déprimé). Cette vieille femme sur la photo avec laquelle j'ai illustré mon billet, qui est un peu un des emblèmes du film (elle a vu sa mère, alors qu'elle était âgée de 6 ans, se faire tondre et exécuter par les franquistes, et chaque jour de sa vie elle est allée déposer des fleurs sur le bord d'autoroute où elle est enterrée, sans sépulture) m'a fait tellement pleurer... Je n'ai pas vue le film dont tu parles sur le Rwanda, mais il doit aussi être très fort.
      Dans "Le silence des autres", pas de pardon, mais une farouche volonté d'obtenir justice...

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  4. Bonsoir Inganmic, pas vu Le silence des autres, je ne me rappelle même pas qu'il soit sorti. Pupille et Une intime conviction m'ont plu. Dommage qu'ils n'aient pas fait plus d'entrées. Bonne soirée.

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    1. Bonsoir Dasola,
      Si tu en as l'occasion, regarde Le silence des autres, il vaut le détour, à la fois poignant et instructif... et cela ne m'ennuie pas trop quand les films que je vais voir font peu d'entrées, j'aime autant que les salles ne soient pas trop bondées (même si j'aimerais bien sûr que les bons films méconnus permettent à leurs réalisateurs gagnent beaucoup d'argent pour faire d'autres films !).
      A bientôt !

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