Articles
"Les mandragores" - Marius Degardin
- Obtenir le lien
- X
- Autres applications

"Moi, j’ai un petit problème avec l’amour. Je m’en méfie comme des prêtres." Une partie de la fratrie Cipriani vit dans les vestiges du restaurant que tenaient leurs parents à Paris, l’ Amore e Gusto . La mère les a élevés à coup de claques et de galères avant de se faire la malle, dix ans auparavant, et le père n’a quant à lui plus donné de nouvelles depuis la naissance de son benjamin, qu’il a tout de même pris le temps de baptiser Benito, ayant viré fasciste depuis sa participation à la Guerre d’Algérie. Benito, qui préfère se faire appeler Benoît, est le narrateur. Il vient juste d’avoir dix-huit ans, et de louper sa tentative de suicide. Il vit avec sa sœur Chiara, une hyper sensible rebelle qui ne supporte pas l’injustice, aide-soignante à la maternité et affublée d’un bec de lièvre, et son frère Piero, musicien dans un lupanar. Piero est aveugle -sans doute une conséquence de l’alcool dans lequel il a baigné pendant neuf mois-, ce qui ne l’empêche pas de peindre des b...
"Au soleil couchant" - HWANG Sok-yong
- Obtenir le lien
- X
- Autres applications

"Dans cent ans, en effet, quasiment tous ceux qui cohabitent aujourd’hui sur cette terre auront disparu. Le monde sera peuplé de têtes nouvelles. Les architectes, eux, ont une consolation : ils laissent des constructions derrière eux. Mais ce qu’ils laissent, ce peut n’être rien d’autre qu’une figure hideuse de la cupidité." La vie de Park Minwoo est un exemple de réussite sociale. Issu d’un milieu modeste, fils d’un obscur fonctionnaire de mairie, il est aujourd’hui le directeur d’un célèbre cabinet d’architecture de Séoul, à la tête de plus d’une centaine de collaborateurs. Il a plus précisément grandi dans la ville de Yeongsan où sa mère, contrainte de subvenir à leurs besoins suite à un accident cérébral ayant rendu son père invalide, avait monté un petit commerce de pâtes de poissons. Les habitants du quartier de son enfance, qui tiraient le diable par la queue, vivaient d’expédients et dans des conditions très rudimentaires, ne disposant pas toujours de l’eau courante. ...
"Thérèse Raquin" - Emile Zola
- Obtenir le lien
- X
- Autres applications

"Que se passait-il dans cette misérable créature qui vivait juste assez pour assister à la vie sans y prendre part ?" Le passage du Pont-Neuf, à Paris, est un corridor obscur, étroit, et suintant d’humidité, qui reste sordide même les jours de soleil. C’est là que se trouvait la mercerie "Thérèse Raquin", où s’est joué le drame dont il est ici question. Née en Algérie d’une indigène et d’un soldat français, Thérèse a été confiée par son père à la sœur de ce dernier trop tôt pour avoir gardé quelque souvenir de ses parents biologiques, tous deux défunts. Elle a ainsi été élevée avec son cousin Camille, enfant maladif et surprotégé par sa mère, préfigurant l’adulte malingre à l’esprit inquiet et mesquin qu’il allait devenir. A l’inverse, Thérèse a toujours été de santé robuste, sujette à des emportements qu’elle a dès son plus jeune âge naturellement réfrénés afin de ne pas troubler le calme mortifère de la chambre à l’air tiède et nauséabond dans laquelle elle a gran...
"Amiante" - Sébastien Dulude
- Obtenir le lien
- X
- Autres applications

"La saison avait sécrété tous ses sucs. Le lourd feuillage des arbres bruissait de nonchalance, la faune était grasse. Tout semblait recouvert d’une infime brume de lait. Les vapeurs légères de nos corps transitaient dans l’air, échangées contre les caresses de la brise. La mine se taisait." Au mi-temps de la décennie 1980, Thetford Mines est la ville phare de l’industrie de l’amiante québécoise, activité qui non seulement sculpte son paysage, mais peut aussi déterminer la manière dont on y vit, dont on y souffre, dont on y joue. Chaque jour de la semaine à 16 heures précises, la sirène de la mine hurle la fin de la journée de travail en même temps que le moment de la faire exploser pour élargir son cratère. Ses montagnes de résidu rocheux, ses collines de poudre grise et de gravier à la fois doux et coupant, sont le terrain de jeu de Steve et de ses camarades. A environ une heure de pédales, l’un de ses terrils (on les appelle ici des dompes) abandonnés, cimetière de pneus d...
"Nos insomnies" - Clothilde Salelles
- Obtenir le lien
- X
- Autres applications

"Une partie de mon enfance se déroula dans une ambiguïté fondamentale : à ne pas savoir si mon père était ou non de l’autre côté de la cloison." Essonne, années 1990. Un espace urbain en voie d’expansion, les projets de construction de lotissements grignotant peu à peu les résidus de verdure. Le quotidien y est délimité et calfeutré, les extérieurs souvent déserts. Aucun lien solide n’en soude les habitants, que l’on reconnaît à leurs voitures. Malgré les envies de départ, personne ne semble quitter cette banlieue, que ses voies de passage -le RER vers Paris, le chemin devant la maison, la départementale menaçante…- isolent plus qu’elles ne l’ouvrent à l’ailleurs. C’est là qu’est la maison. Ses habitants sont innomés, ramenés à leur place dans la composition familiale : "la mère", "le père", "les jumeaux" et le "je", tout aussi anonyme, de la fille aînée, âgée de huit ans au début du récit. La maison abrite un secret, qui est aussi un ...
"Sarek" - Ulf Kvensler
- Obtenir le lien
- X
- Autres applications

"Je savais que je n’aurais plus jamais chaud." Repéré sur les blogs de Kathel , Alexandra et Violette , j’ai fourré au dernier moment ce titre dans ma valise, puisqu’il y est question de randonnée en montagne, et que cela correspondait à mon propre programme de vacances… Sauf que ce n’est pas dans le sud d’un Vercors aux températures clémentes et au dénivelé raisonnable que s’aventurent les personnages d’Ulf Kvensler, mais dans le nord de la Suède. Au moment où débute le récit, la randonnée est terminée. Anna Samuelsson, l’une des marcheuses, retrouvée par les secours en partie inconsciente et portant des marques de strangulation dans le cou, a été hospitalisée. Elle est auditionnée par un agent de police qui tente de faire la lumière sur les événements à l’origine de cette issue tragique. Son témoignage, détail des évènements ayant jalonné la randonnée, alterne avec l’évocation de souvenirs qui éclairent peu à peu le contexte et les enjeux relationnels qui les ont déterminé...