"Rose Royal" suivi de "La Retraite du juge Wagner" - Nicolas Mathieu
"Les gens qui nous plaisent ont toujours cet aspect familier, cet air de bibelot." C’est un rade tout en longueur, aux murs sombres, avec son long comptoir, ses tireuses à bière, son baby-foot et son billard. Son mobilier datant des seventies, en bois et skaï bleu, lui confère un aspect vieillot. C’est là que tous les soirs après le boulot, Rose vient boire une bière, qui sera à coups sûr suivie d’autres verres. Elle y est souvent rejointe par sa copine Marie-Jeanne, qui deux fois par semaine transforme le Royal en salon de coiffure. Rose a bientôt cinquante ans, et si son visage accuse les marques des années et des nuits blanches, elle a gardé une belle silhouette, et des jambes galbées dont elle est particulièrement fière. Rose est une femme indépendante. Elle a été mariée, il y a bien longtemps, a eu deux garçons dans la foulée, puis a divorcé. Elle a toujours travaillé et n’a jamais eu besoin de personne. Elle vit seule, dort mal et ne fait plus de projets de vacances. Ma