"Le pain perdu" - Edith Bruck
"- Comment fais-tu pour tout te rappeler ? - Comment fait-on pour ne pas se souvenir ?" J’ai été un peu désarçonnée par le style et le ton qui accueillent le lecteur, par la simplicité évoquant un univers enfantin, avec son innocence, ses emballements, ses images toutes faites. Ditke vit dans un village hongrois. Parce qu’elle est la dernière d’une fratrie de six, sa famille l’a surnommée Boulette, une allusion aux petites boules de pâte que la mère racle au fond du pétrin. Elle est vive et joyeuse, pleine d’une curiosité que d’aucuns trouvent "malsaine", et aime lire, notamment la poésie. Le village n’appliquant pas les lois raciales à la lettre, elle est, bien que juive, la première de sa classe. La vie dans la petite maison familiale, marquée par la pauvreté, est néanmoins heureuse. La mère de Ditke, très croyante, a fait de Dieu un confident auquel elle s’adresse pour tout et ne jure que par la Palestine, qui représente selon elle le paradis sur terre. Le père,