"Corregidora" - Gayl Jones

"Je suis Ursa Corregidora. J’ai des larmes à la place des yeux. Toute petite on m’a obligée à palper mon passé. Je l’ai tété à la mamelle de ma mère." Ursa, la narratrice, chante le blues au Happy’s Café, un cabaret du Kentucky, ce qui rend Mutt, son mari, furieusement jaloux. Un soir que sa frustration dégénère, il frappe la jeune femme, qui fait une mauvaise chute, et non seulement perd l’enfant qu’elle attendait, mais doit par ailleurs subir une ablation de l’utérus qui la condamne à la stérilité. Elle quitte son mari, et tente de se reconstruire, finit par céder aux approches du patron du Happy’s Café, et sans surprise, par le regretter… A la brutalité du présent, s’ajoute l’obsédant traumatisme qu’Ursa a hérité de ses ascendantes Corregidora, nom qu’elle doit au négrier et proxénète portugais qui, en plus de faire de son arrière-grand-mère une l’esclave, lui donna un enfant. Ursa est d’une lignée de femmes marquée par l’asservissement, la violence et les abus sexuels, de...