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LE RECAPITULATIF DE L'ACTIVITE

"Avant la longue flamme rouge" - Guillaume Sire

"Après tout, c’est peut-être cela, la mort : une forêt sans oiseaux ni parent, avec des enfants méchants et une sorcière obsédée." Les Inn constituent une famille ordinaire, sans doute privilégiée dans ce Cambodge de la fin des années 1960. Le père est fonctionnaire à la Chambre d’agriculture où il gère les litiges. Phusati, la mère, est professeure de littérature. Elle abreuve ses deux enfants d’histoires qui nourrissent leur imagination, surtout celle de Saravouth, onze ans, qui est d’une incroyable profusion. Le garçon s’est construit un royaume fantasmagorique, un univers avec sa géographie, ses peuples, ses villes, empruntant à l’Odyssée comme à Peter Pan, à la mythologie hindouiste comme au catéchèse du père Michel, le curé de la paroisse. Il a par ailleurs une compréhension intime de l’importance des mots, "boucliers, longues-vues, microscopes" qui permettent d’habiter la vie. Il est pourtant intuitivement conscient de leurs limites, " que si on peut tir

"Blonde" - Joyce Carol Oates

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"Si j’étais assez jolie, mon père viendrait me chercher." Une énième biographie de l’une des plus célèbres stars du XXème siècle ? Ce serait mal connaître Joyce Carol Oates, qui avertit d’emblée le lecteur qui serait, en lisant cet ouvrage, en quête de vérité. Du moins de vérité historique. Car sa quête à elle, ainsi qu’elle le précise, est celle d’une vérité poétique. Bien sûr, elle s’appuie sur des éléments biographiques, qu’il n’est sans doute pas nécessaire de développer précisément ici, tant ils sont déjà connus du grand public. Ce qui est intéressant, ce sont ceux sur lesquels s’attarde l’auteure. Une importante première partie est dédiée à l’enfance ballotée de Norma Jeane Baker, aux côtés d’une mère célibataire fantasque et mentalement perturbée. Vivre avec Gladys Mortensen est parfois un enchantement mais plus souvent un cauchemar, une succession de moments urgents et intenses sous la menace permanente de la rupture du précaire équilibre maternel. Le père à l’identit

"Eden Springs" - Laura Kasischke

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"Des fois le soir, il nous lisait les Saintes Écritures et d'autres fois, il nous lisait des histoires cochonnes et riait comme un dément ...." Me voilà bien embêtée : rarement une lecture m’a laissée, en si peu de temps, un souvenir aussi fugace. Je précise que je me suis appuyée, pour compléter mes propres notes, sur la préface dans laquelle Lola Lafon revient sur les événements à l’origine de ce récit, qui oscille entre roman et non fiction. Laura Kasischke s’y inspire d’un fait divers qui défraya la chronique au début du XXème siècle, en lien avec une communauté religieuse fondée dans le Michigan par Benjamin Purnell, prédicateur très charismatique.  Au départ constituée de cinq adeptes, la "Maison de David" s’enrichit bientôt de plusieurs centaines d’âmes venues pour certaines de contrées lointaines, telles l’Europe ou l’Australie. La promesse est celle d’une jeunesse éternelle dont les fidèles jouiront dans le seul endroit protégé de la fin du monde. Bref,

"Etoiles vagabondes" - Sholem Aleykhem

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"- Dites-moi, mon cher Getzl ben Getzl, est-ce qu’il arrive parfois que le choléra s’invite chez vous à Lemberg ? - Jusqu’à maintenant Dieu ne l’a pas permis. Pourquoi ? - Dommage. Il y aurait au moins eu un petit espoir d’être débarrassé de vous !" C’est une double disparition qui émeut un beau matin de la fin du XIXème siècle la petite bourgade d’Holenechti, en Bessarabie. La première est celle de Reyzl, quinze ans, fille unique du chantre, homme pauvre mais digne. La seconde concerne un autre adolescent, Leybl, fils de Béni Rafalowitch, le "Rothschild" d’Holenechti. L’événement coïncidant avec le départ de la troupe de théâtre yiddish qui a plusieurs jours durant fait la joie des habitants du village, le lien est à juste titre vite établi. Unis par un amour naissant, chaste mais profond, Reyzl et Leybl ont pris la tangente, ce dernier après avoir vidé la caisse du florissant commerce familial. Elle, s’est laissé convaincre par le directeur du théâtre qu’avec ses

"Le bûcher des vanités" - Tom Wolfe

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"La vanité physique du mâle ignore toute limite." C’est l’histoire d’une chute. Celle de Sherman McCoy, golden boy , trentenaire, un de ces Maîtres de l’Univers qui jongle avec les millions depuis la vertigineuse hauteur de son bureau de Wall Street tout en faisant cirer ses chaussures. Un parangon de la réussite, comme en attestent ses costumes griffés et l’appartement grand standing qu’il occupe sur Park Avenue en compagnie de sa femme Judy, célèbre décoratrice d’intérieur et de leur fille Campbell, six ans. Très imbu de lui-même, il est obsédé par l’image qu’il renvoie, qu’il souhaite celle d’un père et d’un mari idéal. La réalité est évidemment moins reluisante, Sherman entretenant une liaison de longue date avec une certaine Maria Ruskin, elle-même épouse d’un richissime vieux magnat. C’est justement en ramenant sa maîtresse de l’aéroport, au volant de son coupé à 48 000 $, que se produit l’événement qui va faire basculer sa vie. Il se trompe de sortie d’autoroute, et le

"La peau du dos" - Bernard Chambaz

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"Le ciel bricolait des boules de coton toutes rondes grâce auxquelles on était prêt à concevoir qu'il existât des corps qui échappaient à la loi de la gravitation universelle, un léger vent donnait le sentiment d'un élan républicain, le monde prenait des allures d'apéritif." Mai 1870.  Auguste n’est pas encore Renoir. Certes, la peinture est déjà toute sa vie, mais si sa "Lise à l'ombrelle" a suscité les commentaires élogieux d’un certain Emile Zola lors de son exposition en 1868, les critiques envers son œuvre sont généralement mauvaises, et font l’objet de caricatures dans la presse. Demain, il sera considéré comme "le pape de la peinture du bonheur", mais il faut patienter encore un peu. Raoul connaîtra une gloire plus fugace, plus tragique et plus controversée, quand il sera Rigault. Pour l’heure, il est un jeune journaliste poursuivi par la police impériale pour un délit qu’il n’a prétend-il pas commis.  Ils se rencontrent dans la forê

Sous les pavés les pages : Saison 3 !

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Cette année, Athalie et moi-même avons décidé de donner de l'espace temps à nos périples urbains. C'est donc du 15 septembre au 15 novembre que nous vous invitons à arpenter les villes mondes, les villes imaginaires, les villes du coin de chez soi, les villes d'ailleurs... L'année dernière, 47 titres de 44 auteurs différents nous avaient fait déambuler sur des voies de traverse, réfléchir à l’équilibre si fragile entre murs et nature, nous avait invités dans des histoires qui ancrent les territoires urbains dans les rêves des hommes, mais avertissent de leurs échecs aussi… En plus des romans ou des non fictions, ce sont aussi vos balades et visites, vos propositions variées, exotiques et lointaines, poétiques, politiques, qui nous ont donné terriblement envie de reprendre cet arpentage annuel sur deux mois, pour vous laisser le temps de chroniquer de l'asphalte, de pénétrer dans les banlieues de combats ou de fraternité, de tourner des coins de rues huppées, d'