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LE RECAPITULATIF DE L'ACTIVITE

"L’île" - Robert Merle

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"C'était terrifiant de penser que ce rocher et la mince croûte de boue qui portait ses arbres et leurs fruits, étaient la seule terre habitable dans un rayon de cinq cent milles marins." C’est avec un immense plaisir que j’ai retrouvé Robert Merle, à l’occasion de la lecture de ce roman inspiré de l’histoire réelle des révoltés du Bounty. Ici, le navire s’appelle le Blossom . Le trois-mâts fait route vers Tahiti lorsque la brutalité inique de son capitaine provoque une mutinerie et lui vaut d’être assassiné par Mason, premier lieutenant qui prend alors la direction de l’équipage, secondé par le sous-officier Purcell. Les mutins n’ont pas, pour échapper à la justice britannique, trente-six solutions. Leur nouveau capitaine décide de trouver une île au large de Tahiti pour s’y réfugier, sans espoir de retour vers leur terre natale. Ce sont ainsi sept hommes qui embarquent pour cet exil permanent, en plus de Mason et Purcell. Lors d’une étape à Tahiti, dont ce dernier connai

Sous les pavés les pages, 3e édition : J - 10 !

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" Le tempo de la ville est celui de l'éphémère… l'espace vide, inutile, est le lieu du désir de le remplir, donc le lieu de la narration ". Cette phrase de Schuiten ne peut que parfaitement lancer cette troisième édition de "Sous les pavés les pages" qui s'ouvre le 15 septembre pour se refermer le 15 novembre. Nous rappelons simplement que les participations peuvent être multiformes : balades en ville, voyages en architecture, podcasts, films, séries, fictions, non fictions, incursions photographiques ou picturales… Les liens sont à déposer ici ou chez Athalie , dont la liste a changé depuis le mois de juin, en partie à cause de la rentrée littéraire (Phillipe Jeanada, Maylis de Kérangal, Perrine Tripier), en partie aussi parce qu'elle a eu envie de retrouver certains auteurs (Bruno Pellegrino, David Grann) et d'en découvrir d'autres (Robert Steethaler, Simone Buchholz), appâtée par les bilans des deux éditions précédentes. La mienne n'a

"Eloge des oiseaux de passage" - Jean-Noël Rieffel

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"Avant, on disparaissait, on savait se faire oublier, par la force des choses. L'absence donnait de l'épaisseur à nos vies, convoquait le silence. Nous avions du temps : la part des anges, la montée des souvenirs, du poids des rêves, le lent bourgeonnement de nos émotions et de la contemplation." Vétérinaire, Jean-Noël Rieffel dirige l’Office français de la biodiversité. Sa passion, dès l’enfance, pour les oiseaux, l’a par ailleurs incité à devenir ornithologue amateur. Autodidacte, il a enrichi ses connaissances en lisant de nombreux ouvrages de référence et grâce à de longues heures d’observation à travers l’ensemble du territoire français. Il rend avec ce texte un hommage aussi beau qu’instructif aux oiseaux, notamment aux migrateurs, symboles de liberté absolue.  Le récit se fait souvent anecdotique, au gré de la relation d’épisodes naturalistes, d’informations sur les marottes d’ornithologues (j’ai entre autres retenu leur amour démesuré pour leur première paire

"Je suis un monstre" - Jean Meckert

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"En écraser ! C'est puissant et vrai comme toute expression populaire. C'est être plaqué au sol comme une flaque de fatigue, récupérer goulûment, absent à tout, remis au sein de la terre d'où viennent les forces et le pouvoir de vie…" Narcisse, le narrateur, est éducateur dans un institut médico-pédagogique de Savoie. A peine plus âgé que les jeunes qu’il encadre, il considère cette mission, qui lui permet de financer ses études tout en finalisant la rédaction d’un essai sur la Fatigue, avec une désinvolture qui tourne au mépris. "Je n'avais aucune sympathie pour ces petits connards prétentieux."   Dans le contexte d'une Guerre froide à son paroxysme, offrant le prétexte à de violents affrontements, un des jeunes, Claude Boucheret, est assassiné à coups de pavés par plusieurs de ses camarades sous prétexte qu’il était communiste. Informé du crime par un des adolescents, Narcisse décide d’abord de le maquiller en accident. Mais rapidement, et de m

C'est -enfin- la pause !

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A l'heure où vous lirez ces lignes, je serai en route pour la Lozère, ravie de fuir enfin la ville, son brouhaha, sa pollution, son grouillement, loin de toute connexion internet... Dans ma valise, une paire de chaussures de marche, un sac à dos, une gourde, une casquette... et bien sûr quelques bouquins. Le choix a été moins cornélien que prévu, puisque déterminé par quelques-unes des activités en cours ou à venir : Pas sûr que je lirai tout ça en quinze jours, mais je suis certaine que vous connaissez cette peur du manque qui prend tout lecteur à l'idée de n'avoir plus rien à se mettre sous les yeux... Je vous donne rendez-vous fin août. En attendant, lisez... ... des pavés, chez Sibylline ou chez Dasola et Tadloiducine ... ... des Classiques, avec Moka et Fanny ... ... maritime, chez Fanja ... ... sur Le Monde Ouvrier & le Monde du Travail : des suggestions et des propositions de lectures communes ICI ... ... Yukio Mishima, en hommage à Goran , pour le 15 septembre.

"La Maison" - Emma Becker

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"Le problème avec ce métier, c’est qu’au bout d’un moment, ton corps ne sait plus quand tu fais semblant et quand tu sens vraiment quelque chose." Emma Becker concrétise avec ce texte son projet d’écrire sur les putes (j’utilise son propre terme, qui sous sa plume n’a rien de péjoratif ni de condescendant, bien au contraire), pour lesquelles elle éprouve une sorte de fascination. Elle choisit Berlin, ou la prostitution est légale et où les bordels ont pignon sur rue, et échoue à la Maison. Elle a une approche d’abord fondée sur l’observation, mais réalise rapidement que cette distance l’empêchera de comprendre l’expérience intime et profonde que représente la prostitution, et décide d’être elle aussi, l’une des filles de la Maison. Au fil du récit, l’écriture devient ainsi plus intense, la relation de ce qu’elle vit en tant que pute enterrant la démarche journalistique. Sans doute faut-il d’emblée bien préciser le contexte particulier qu’est celui de cet établissement, placé

"Terminus radieux" - Antoine Volodine

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"Bourgazine est pas encore mort (…). Quand il meurt je le passe à l’eau pour qu’il revienne. Jusqu’à maintenant il est toujours revenu. Pas la peine de l’enterrer de son vivant." Qu’y aurait-il après ? Après l’effondrement des idéologies, après l’irradiation nucléaire généralisée, après le glas d’une Deuxième Union soviétique dont la morale prolétarienne égalitariste n’aurait pas fait long feu ?... Il y aurait des steppes et des villes désertes, des routes à l’abandon, un retour à la " gueuserie (…) du temps des premiers nomades ". Il y aurait d’effrayantes forêts où l’on perdrait tout repère spatial, royaume de loups, d’ours et de champignons d’où il serait impossible de sortir. Il y aurait Kronauer, Vassilissa Marachvili et Iliouchenko. Ces trois soldats de la révolution sont devenus déserteurs après avoir abattu leur commandant devenu fou. Ils errent depuis dans des territoires vides au taux de radiation effrayant, et sont à bout de force. Vassilissa Marachvili e