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"Rhapsodie balkanique" - Maria Kassimova-Moisset

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"Miriam (...) pouvait apparaître comme un sentiment et disparaître comme une pensée." Bourgas, petite ville de Bulgarie, au début du XXème siècle. Todor y tient une épicerie. C’est un homme occupé, souvent absent, dont la femme et les enfants ont à peine le temps, le matin, d’apercevoir la silhouette habillée du tablier qu’il vient d’enfiler avant de se rendre à son magasin. Un tablier bien blanc. Le lavage du linge, ponctuant toute l’histoire familiale et découpant la journée, est une des principales occupations de la mère, Theotitsa, qui s’y adonne en respectant chaque jour la même exacte routine avec une dévotion quasi religieuse. Par ailleurs bigote, à sa manière toute personnelle, émaillée de superstitions, c’est une femme dure, asséchée par la perte de trop nombreux enfants. Une douleur qu’elle entretient en secret, en se plongeant dans le coffre où elle a entreposé les reliques attestant du passage trop fugace dans l’existence de chacun d’eux. Seuls deux garçons, dorén...

Sous les pavés, les pages : c'est parti !

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Athalie et moi avons le plaisir de lancer la quatrième saison de Sous les pavés, les pages. Vous pouvez à partir de maintenant déposer vos liens sur ce blog ou celui d'Athalie. Je mettrai à disposition un billet récapitulatif dans la marge gauche de ce blog à cet effet, mais vous pourrez nous signaler vos participations sur tout autre billet. J'ai déjà recensé ci-dessous quelques billets en lien avec la thématique publiés un peu en avance...  Retrouvez les billets de lancement, avec des suggestions de titres et des propositions de lectures communes ICI et LA . LES PARTICIPATIONS Non Fictions Lullie - Carnet d'une urbotaniste : Keisha Fictions Kate Atkinson -  Le règne de la nuit : Kathel Aurélien Delsaux - Luky : Lorenztradfin Ramsès Kefi - Quatre jours sans ma mère : Luocine / Sandrine   Robert McLiam Wilson - Eureka street : Kathel Emma Pattee - La déroute : Eva Claire Vesin - Le lotissement : Delphine-Olympe Emile Zola - La curée : Virginie Polars - Romans n...

"Un fils de notre temps" - Odön Von Horváth

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"Mais voilà que le monde est une porcherie." Cela fait six mois que la narrateur est soldat. Il est ainsi enfin sorti d’une longue période d’indigence et d’incertitude morale dans laquelle les circonstances de la vie l’avaient plongé, l’acculant au vol, le rendant triste et amer. L’assurance d’avoir un toit sur la tête, des vêtements propres et de la nourriture à chaque repas lui a subitement fait recouvrer sa dignité, et empli d’une ferveur patriotique aux tendances bellicistes et suprémacistes. Fier de cet empire fort et puissant dont il est un des nouveaux combattants, le voilà prêt à contribuer à son expansion, en partant à la conquête de nouveaux territoires. Il ne s’agit même pas vraiment de guerre mais de "nettoyage", de se soumettre à la logique naturel d’un monde où règne la loi du plus fort. Ceux qui ne l’ont pas compris ne méritent que son mépris. C’est le cas de son père, vétéran de 14-18, qui passe son temps à se plaindre et qui en est réduit à faire le...

"Roman" - Vladimir Sorokine

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"Est-il rien de plus beau, de plus charmant et de plus simple qu’un bouquet d’herbes et de fleurs des champs, au temps brûlant de la fenaison ?" Je sors de la lecture de "Roman" complètement sonnée... Un peu en colère aussi, à vrai dire. Cela commence comme un classique russe du XIXème siècle. Enfin non. C’EST, pendant la majeure partie de l’ouvrage (plus exactement 80 %, j’ai calculé), un classique russe du XIXème siècle. Me voilà donc partie en compagnie de Roman, jeune trentenaire et personnage principal de l’intrigue, qui quitte la carrière d’avocat qu’il a à peine entamée en ville, pour regagner son hameau natal de la Roide-Combe, où il compte se faire peintre. Il y est accueilli les bras ouverts par son oncle Anton et sa tante Lidia, qui sont aussi ses parents adoptifs. Dans les premiers temps de son séjour, il espère ardemment tomber sur l’indépendante et impétueuse Zoïa, son amour de jeunesse. Mais lorsqu’il la rencontre enfin, accompagnée d’un fiancé falot ...

"Le couteau" - Jo Nesbø

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"Il n’y avait pas dans le monde assez d’alcool pour feinter cette douleur." Harry Hole est emblématique d’un certain type de policiers romanesques qu’affectionneraient, si l’on en croit le Dictionnaire amoureux du polar de Pierre Lemaître, les auteurs nordiques : alcooliques, dépressifs, leur vie personnelle est au mieux chaotique, au pire désastreuse. Il précise que la lecture de vingt pages de Jo Nesbø lui donne envie de mourir… Je peux le comprendre. Je ne sais pas si l’auteur a des comptes à régler avec ce personnage qu’il nous fait suivre depuis vingt-sept ans, mais on a l’impression qu’il s’acharne un peu, quand même. Au début de ce douzième opus de la série, voilà Harry, une fois de plus, au fond du trou. Rakel, l’amour de sa vie, celle grâce à qui il avait trouvé un autre but dans sa vie que la traque obsessionnelle des criminels, vient de le mettre dehors après avoir appris une vieille infidélité. Après une nuit de beuverie, il se réveille d’un quasi coma sans aucun ...

"Les naufragés du Wager" - David Grann

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"Au-dessous de cinquante degrés de latitude, il n’y a plus de loi. Au-dessous de cinquante degrés, il n’y a plus de Dieu." Septembre 1740. C’est l’époque des grandes conquêtes auxquelles se livre l’Europe pour acquérir des territoires toujours plus vastes et s’approprier richesses et ressources de contrées lointaines. Un conflit colonial opposant l’Espagne à l’Angleterre, cette dernière appareille une flotte pour aller s’emparer du trésor d’un galion espagnol -" la plus riche prise de tous les océans "- stationné dans la région du Cap Horn. C’est ainsi que l’escadre à laquelle appartient le Wager quitte Portsmouth avec à son bord quelques 250 officiers et hommes d’équipage, pour l’extrême sud du continent américain. La trace du bateau est perdue pendant 283 jours, période à l’issue de laquelle certains membre de l’équipage refont miraculeusement apparition sur les côtes du Brésil. Ils sont rapatriés en Angleterre où éclate alors un scandale dont la presse fait ses c...

"Pukhtu – Secundo" - DOA

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"Un jour tu t’aperçois que tu joues plus. Plus jamais. Tout est grave. Et c’est ça qui te tue." On prend les mêmes et on continue ? Oui, en partie. On retrouve dans "Pukhtu - Secundo" les hommes de Voodoo, membres d’une société privée assistant les forces américaines dans leur combat contre le terrorisme en Afghanistan, et qui tirent profit du regain de la culture du pavot pour se préparer une retraite prospère. Ils ont toujours dans leurs pattes le reporter Peter Dang, de retour après un bref séjour dans son Canada natal où sa mère vieillissante perd la tête. Sher Ali Kahn, qui poursuit toujours les assassins de ses enfants, a réussi à capturer l’un des acolytes de Voodoo.  Mais l’auteur braque aussi sa focale sur certains personnages qui n’étaient qu’effleurés dans le premier opus. A Paris, la journaliste Amel Balhimer, devenue très proche de Chloé, la maîtresse d’Alain Montana, ancien de la DGSE dont elle veut se venger, commence à tirer le fil européen du trafi...