"La chambre des officiers" - Marc Dugain
Roman casse-gueule.
Eugène Fournier était ce que l’on appelle une « gueule cassée » : il fut défiguré par un obus lors de la première guerre mondiale.
Eugène Fournier était le grand-père maternel de l’écrivain Marc Dugain. C’est de son histoire que s’est inspiré l’auteur pour écrire son premier roman : « La chambre des officiers ».
Le héros se nomme Adrien Fournier, il est ingénieur en génie civil. Mobilisé en 1914, il est accidenté dès son arrivée sur le front lors d’un repérage sur les bords de Meuse. Il est transféré au Val de Grâce, dans une salle réservée aux militaires de son grade, dépourvue de miroirs, et pour cause : ceux qui y échouent sont des mutilés de la face qui, malgré les divers « rafistolages » opérés par des chirurgiens de bonne volonté mais manquant de moyens, ne retrouveront jamais figure humaine.
Les amitiés qui se nouent dans cette chambre sont indéfectibles, fortes d’un soutien mutuel qui aide à ne pas succomber à l’omniprésente tentation du suicide. Le rire est présent aussi, qui aide à oublier l’apparente impossibilité de tout avenir.
Marc Dugain évoque l’histoire de ces « gueules cassées » avec une extrême sobriété. Le narrateur –Adrien- ne s’apitoie à aucun moment sur lui-même, se contentant de décrire faits et émotions de façon presque détachée. Et malgré tout, l’humilité et la sincérité dont il témoigne rendent avec justesse ses souffrances –physiques aussi bien que psychiques-, la difficulté de continuer d’espérer des lendemains meilleurs, et de vivre, tout simplement. Le combat est d’autant plus difficile que ce n’est pas ici contre l’ennemi qu’il s’agit de lutter, mais contre soi-même, et en dépit du regard d’autrui. Il faut se refaire une place dans un monde où l’apparence reste la première porte qui ouvre aux autres, et concilier l’image que l’on renvoie dorénavant (qui suscite effroi, horreur, voire déni) avec une personnalité et des sentiments qui sont, eux, sensiblement restés comme avant.
Une « drôle de guerre » donc, pour cet Adrien Fournier, mais c’est aussi une formidable leçon d’espoir et d’optimisme que nous livre l’auteur, de la part de ces hommes qui rendent grâce à la vie malgré le mauvais tour qu’elle leur a joué.
Voilà qui fait un bon écho au Faulkner présenté juste avant: les conséquences des guerres sous toutes leurs facettes. Je trouve ces deux romans très intéressants. Mais, dites-moi, vous vous ^tes donnés le mot?
RépondreSupprimerC'est un livre que mon Antonio et moi avions beaucoup apprécié. Il y a un film tiré de ce livre, mais je n'ose pas... les images... non!
RépondreSupprimerJ'ai vu le film sans avoir lu le livre ( je ne savais même pas qu'il y avait un livre à ce moment là) et le film est trèèès bien je trouve. Sobre et pas racoleur.
RépondreSupprimerIl donne vraiment envie d'être lu en tout cas!
RépondreSupprimerj'aimerai savoir si vou pouviez maider j'ai des quaestion sur ce livre mais je narive pas a repondre a la dernier je vous la dit:comment le narrateur évoque-t-il les ennemis, ceux de l'autre camp (description, denomination)? Comment parle-t-il de sa propre hiérarchie, de ses compagnons il s'agit d'un soldat?
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