"L'élégance du hérisson" - Muriel Barbery
Journal de bord d'une lecture laborieuse.
Jour 1 :
C'est l'un de mes moments préférés : je viens de terminer un livre, et je dois donc en choisir un nouveau parmi les dizaines d'ouvrages qui constituent ma PAL...
Voyons... ah, tiens, "L'élégance du hérisson". Une collègue me l'a offert au moment de sa sortie en poche. J'ai tendance à me méfier des livres à grand succès, mais le mieux, après tout, pour me faire ma propre idée, est de le lire, n'est-ce pas ?
Jour 1, quelques pages plus tard... :
A vrai dire, cela ne commence pas très bien.
Deux narratrices prennent la parole à tour de rôle, pour nous expliquer d'emblée qu'elles ne sont pas réellement ce que les apparences pourraient nous laisser croire...
La première, Renée, est la concierge d'un immeuble bourgeois situé dans un riche quartier de Paris où se déroule l'action. Pour se conformer à l'image qu'elle est censée renvoyer aux yeux des habitants de l'immeuble, elle arbore ce qu'elle estime être les attributs caractéristiques de sa fonction : bêtise et inculture, prédilection pour les programmes TV ineptes, allure négligée...
En réalité, ainsi qu'elle s'applique à nous le démontrer, Renée est très cultivée et très intelligente. Elle adore la littérature (avec une prédilection pour les auteurs russes), le cinéma (y compris celui d'essai), et même certains philosophes. Jamais je n'aurais imaginé cela d'une concierge (vous non plus, hein?) ! Je dis ça, c'est juste pour faire plaisir à Muriel Barbery : "L'élégance du hérisson" se base sur un postulat de départ tout de même risqué, celui de croire que nous sommes pétris d'idées préconçues sur les individus en fonction de leur catégorie socio-professionnelle ou de leur apparence physique.
Or, n'étant pas spécialement -du moins je l'espère- adepte des a priori, je trouve tout de suite cette concierge un peu ridicule avec son langage ampoulé censé nous persuader de son érudition et nous convaincre de son intelligence !
Passons à notre deuxième protagoniste... il s'agit de Paloma, douze ans, dont les parents sont propriétaires d'un appartement de l'immeuble en question. Paloma est un peu comme Renée : c'est une enfant surdouée, qui évite de révéler à son entourage toute l'étendue d'une intelligence inadaptée à son âge, car elle n'a qu'un souhait, c'est qu'on la laisse tranquille. Elle rapporte dans son journal ses états d'âme (elle a décidé de se suicider avant son prochain anniversaire, pour ne pas atteindre l'âge adulte des désillusions et des regrets) et ses réflexions sur ce qu'elle appelle "les mouvements du monde".
Entre le style emphatique de Renée et les considérations hautement philosophiques de Paloma, mon cœur balance, et je ne saurais encore déterminer laquelle des deux m'irrite le plus !
Jour 2 :
C'est l'un de mes moments préférés : je viens de terminer un livre, et je dois donc en choisir un nouveau parmi les dizaines d'ouvrages qui constituent ma PAL...
Voyons... ah, tiens, "L'élégance du hérisson". Une collègue me l'a offert au moment de sa sortie en poche. J'ai tendance à me méfier des livres à grand succès, mais le mieux, après tout, pour me faire ma propre idée, est de le lire, n'est-ce pas ?
Jour 1, quelques pages plus tard... :
A vrai dire, cela ne commence pas très bien.
Deux narratrices prennent la parole à tour de rôle, pour nous expliquer d'emblée qu'elles ne sont pas réellement ce que les apparences pourraient nous laisser croire...
La première, Renée, est la concierge d'un immeuble bourgeois situé dans un riche quartier de Paris où se déroule l'action. Pour se conformer à l'image qu'elle est censée renvoyer aux yeux des habitants de l'immeuble, elle arbore ce qu'elle estime être les attributs caractéristiques de sa fonction : bêtise et inculture, prédilection pour les programmes TV ineptes, allure négligée...
En réalité, ainsi qu'elle s'applique à nous le démontrer, Renée est très cultivée et très intelligente. Elle adore la littérature (avec une prédilection pour les auteurs russes), le cinéma (y compris celui d'essai), et même certains philosophes. Jamais je n'aurais imaginé cela d'une concierge (vous non plus, hein?) ! Je dis ça, c'est juste pour faire plaisir à Muriel Barbery : "L'élégance du hérisson" se base sur un postulat de départ tout de même risqué, celui de croire que nous sommes pétris d'idées préconçues sur les individus en fonction de leur catégorie socio-professionnelle ou de leur apparence physique.
Or, n'étant pas spécialement -du moins je l'espère- adepte des a priori, je trouve tout de suite cette concierge un peu ridicule avec son langage ampoulé censé nous persuader de son érudition et nous convaincre de son intelligence !
Passons à notre deuxième protagoniste... il s'agit de Paloma, douze ans, dont les parents sont propriétaires d'un appartement de l'immeuble en question. Paloma est un peu comme Renée : c'est une enfant surdouée, qui évite de révéler à son entourage toute l'étendue d'une intelligence inadaptée à son âge, car elle n'a qu'un souhait, c'est qu'on la laisse tranquille. Elle rapporte dans son journal ses états d'âme (elle a décidé de se suicider avant son prochain anniversaire, pour ne pas atteindre l'âge adulte des désillusions et des regrets) et ses réflexions sur ce qu'elle appelle "les mouvements du monde".
Entre le style emphatique de Renée et les considérations hautement philosophiques de Paloma, mon cœur balance, et je ne saurais encore déterminer laquelle des deux m'irrite le plus !
Jour 2 :
Que vous dire ? Plus j'avance dans ce roman, et plus il m'afflige ! Alors que le but de l'auteure semble être de fustiger les idées reçues, elle tombe dans la caricature la plus flagrante. Presque tous ses personnages ne sont qu'une accumulation de stéréotypes, de la bourgeoise de gauche qui se donne bonne conscience au fils à papa guindé, et... je vous épargnerai le reste !
Soyons honnêtes, certains passages me font sourire, car Muriel Barbery a parfois le sens de la formule... et surtout parce que les travers du récit finissent par le rendre comique...
Mais l'ensemble manque cruellement de subtilité. A la limite, j'aurais préféré que l'auteur joue à fond la carte de la caricature, cela aurait été beaucoup plus drôle, plus loufoque, mais je ne crois pas que c'était son but, ou alors, c'est que je n'ai rien compris !
Jour 3 :
J'avoue que j'ai du mal à avancer. Il faut dire qu'en plus, il ne se passe pas grand-chose, dans "L'élégance du hérisson". Et les deux héroïnes sont toujours à baffer, avec leur inébranlable complexe de supériorité !
Jour 4 :
Enfin un peu d'action, avec la mort de l'un des résidents de l'immeuble, et de son remplacement par un mystérieux japonais qui suscite une curiosité exacerbée chez ses nouveaux voisins.
Je déchante vite : notre japonais tombe vite lui aussi dans la machine à stéréotypes de notre chère Muriel : il est zen, raffiné, cultivé...
J'en peux pluuusssss !
Mais bon, encore un petit effort : je trouverais malhonnête de critiquer un roman que je n'aurais pas lu jusqu'au bout.
Jour 5 :
Enfin terminé !!
Bon, comme prévu, nous assistons au début d'une idylle entre la concierge et le japonais... bah, mince, j'ai déjà oublié son nom. Un vrai conte de fées donc, avec Renée dans le rôle de Cendrillon, notre bel asiatique dans celui du prince, et j'imagine que les puants propriétaires bourgeois de l'immeuble font office de vilaines sœurs et de cruelles marâtres.
Bon, c'est vrai, une fois n'est pas coutume, je vous raconte (presque) la fin, mais c'est parce que, comme vous l'aurez compris depuis le début de ce billet, je ne vous recommande pas la lecture de ce livre !
Soyons honnêtes, certains passages me font sourire, car Muriel Barbery a parfois le sens de la formule... et surtout parce que les travers du récit finissent par le rendre comique...
Mais l'ensemble manque cruellement de subtilité. A la limite, j'aurais préféré que l'auteur joue à fond la carte de la caricature, cela aurait été beaucoup plus drôle, plus loufoque, mais je ne crois pas que c'était son but, ou alors, c'est que je n'ai rien compris !
Jour 3 :
J'avoue que j'ai du mal à avancer. Il faut dire qu'en plus, il ne se passe pas grand-chose, dans "L'élégance du hérisson". Et les deux héroïnes sont toujours à baffer, avec leur inébranlable complexe de supériorité !
Jour 4 :
Enfin un peu d'action, avec la mort de l'un des résidents de l'immeuble, et de son remplacement par un mystérieux japonais qui suscite une curiosité exacerbée chez ses nouveaux voisins.
Je déchante vite : notre japonais tombe vite lui aussi dans la machine à stéréotypes de notre chère Muriel : il est zen, raffiné, cultivé...
J'en peux pluuusssss !
Mais bon, encore un petit effort : je trouverais malhonnête de critiquer un roman que je n'aurais pas lu jusqu'au bout.
Jour 5 :
Enfin terminé !!
Bon, comme prévu, nous assistons au début d'une idylle entre la concierge et le japonais... bah, mince, j'ai déjà oublié son nom. Un vrai conte de fées donc, avec Renée dans le rôle de Cendrillon, notre bel asiatique dans celui du prince, et j'imagine que les puants propriétaires bourgeois de l'immeuble font office de vilaines sœurs et de cruelles marâtres.
Bon, c'est vrai, une fois n'est pas coutume, je vous raconte (presque) la fin, mais c'est parce que, comme vous l'aurez compris depuis le début de ce billet, je ne vous recommande pas la lecture de ce livre !
Peut-être suis-je mauvais public : je crois que beaucoup de lecteurs ont aimé "L'élégance du hérisson".
Peut-être est-ce mon côté Barbery : en voulant me mettre à contre-courant de ce que je crois être l'opinion générale, je perds tout discernement ?
En tous cas, on ne m'y reprendra pas : cadeau ou pas, ce n'est pas demain la veille que je me replongerai dans un roman de cette auteure !
Jour 5 (suite et fin) :
C'est l'un de mes moments préférés : je viens de terminer un livre, et je dois donc en choisir un nouveau parmi les dizaines d'ouvrages qui constituent ma PAL...
J'aime beaucoup la façon dont tu as rédigé ce billet et je ne peux qu'être d'accord avec toi. "L'élégance du hérisson" est ma bête noire depuis que je l'ai lu et surtout depuis les grandes éloges que tout le monde fait sur ce livre présomptueux. Je remarque souvent que les livres encensés par les critiques et les lecteurs (pas tous mais certains) ne sont pas si dignes d'intérêt que l'on veut bien nous faire croire. L'autre exemple type pour moi "Les Déferlantes". Tu l'as lu ?
RépondreSupprimerMa chère Ing, tu es victime d'un a priori : il n'est pas du tout malhonnête de critiquer un roman qu'on n'a pas lu jusqu'au bout ! ;-)
RépondreSupprimerAu moins, ça me rassure : je n'ai rien raté d'essentiel en ne l'ayant pas lu ! ;-)
RépondreSupprimer>> Charmant-petit-monstre : "présomptueux" est effectivement le terme qui convient à propos de ce roman...
RépondreSupprimerQuant aux "Déferlantes", je ne l'ai pas lu, pour la simple raison que j'avais lu "Dans l'or du temps" de la même auteure, qui ne m'avait pas vraiment convaincu !
>> Marc : ah mince, si j'avais su...
>> Kathel : non seulement tu n'as rien raté d'essentiel, mais tu t'es en plus épargné une rude épreuve !
Je suis entièrement d'accord avec ce billet. Tout est cliché dans ce roman (même les références culturelles sont hyper attendues) et mièvre aussi. J'ai particulièrement aimé l'amie femme de ménage (portugaise, au hasard) de Renée qui est "une aristocrate du coeur". C'est beau. on dirait du Marc Levy.
RépondreSupprimerBonsoir coffee cold,
RépondreSupprimerBon, finalement, je me rends compte que je ne suis pas la seule à n'avoir pas succombé au charme du piquant animal..
Je pense que le succès du livre tient dans sa faculté à flatter le lecteur qui adoptera un rire de bon ton en reconnaissant les références, pourtant ultra-balisées, que la concierge enfile à longueur de pages. Du concentré de culture pour bobo.
RépondreSupprimerUn succès immérité, tu as bien raison. Et je te déconseille vivement "Une gourmandise", du même auteur, indigeste au possible.
Tiens, nos chemins se croisent : je viens de déposer un commentaire sur ton dernier billet !
RépondreSupprimerNous allons bientôt pouvoir monter un club des réfractaires à Barbery...
Bonsoir Ingannmic,
RépondreSupprimerJe me joins au club des réfractaires aux piquants usés ... Pour Claudie Gallay, étrangement, j'ai bien aimé "Les déferlantes", mais quand j'ai poursuivi avec "Seule Venise", déjà, j'ai eu plus de mal et les premières lignes de "Dans l'or du temps" m'ont convaincue d'arrêter ...
Athalie
Bonsoir Athalie,
RépondreSupprimerBienvenue au club, alors !
En ce qui concerne Claudie Gallay, des gens très bien (!) m'ont encore conseillé "Les déferlantes" ce week-end.. A voir...
J'avais bien aimé...mais je comprends tes arguments. Et j'en profite pour te souhaiter une bonne année !
RépondreSupprimerCoucou Gridou,
RépondreSupprimerBonne année à toi aussi.
(j'étais persuadée d'être allée te la souhaiter sur ton blog, j'ai du rêver !)
J'ai arrêté à la page 50.
RépondreSupprimerUn concentré de pédantisme, ce livre, ... Je comprends que ta lecture ait été plus que laborieuse et je t'admire d'être allée jusqu'au bout !
Je ne sais pas si c'est admirable, finalement, que d'aller au bout d'un livre qui n'en vaut pas la peine...
RépondreSupprimerBonjour Ingannmic,
RépondreSupprimerJe découvre tout juste ton blog et quel bonheur de trouver des réfractaires au petit hérisson tellement encensé! Et les autres billets me réjouissent tout autant... A bientôt donc!
Bonjour Lily et merci pour ta visite,
SupprimerAu vu de ton commentaire, j'imagine que nous avons sans doute des points communs quant à nos goûts littéraires... je m'en vais donc de ce pas visiter ton espace à mon tour ..
Ah ah :) J'adore la façon dont tu as rédigé ton billet !
RépondreSupprimerC'est vrai qu'il y a quelques passages qui m'ont aussi fait sourire. Mais cela ne suffit pas à faire remonter ce livre dans mon estime. Je crois même que je ne lirai jamais un autre livre de cette auteure. Quoique, peut-être un pour me faire une vraie idée. En tout cas c'est rassurant que je ne sois pas la seule à ne pas l'avoir aimé (voire détesté en ce qui me concerne !)
En ce qui me concerne, j'ai fait une croix sur Muriel Barbery... et depuis cette lecture, je m'autorise parfois à ne pas finir un livre !
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