LE RECAPITULATIF DE L'ACTIVITE

"Falaises" - Olivier Adam

Ingannmic troublée...

Depuis le balcon d'une chambre d'hôtel, face aux falaises d'Etretat, d'où sa mère s'est jetée vingt ans plus tôt, le narrateur se souvient... Le temps d'une nuit, il remonte le fil de son existence sur les traces d'une enfance et d'une jeunesse marquées par la mort et la violence.

"Troublant" est le terme qui me vient spontanément pour évoquer ce que j'ai ressenti à la lecture de "Falaises", et ce pour différentes raisons.

Tout d'abord pour le malaise qui s'est emparé de moi en découvrant l'histoire de ces garçons et filles auxquels le malheur semble s'accrocher, qui sont plombés dès leurs débuts dans l'existence par une mauvaise donne à laquelle ils ne peuvent plus échapper. En réaction, ils s'étourdissent, de sexe, d'alcool, de musique, vont parfois jusqu'à l'autodestruction (par le suicide, l'anorexie). Le narrateur, qui perd ainsi sa mère et des amis, qui subit les coups et les humiliations paternels, goûte lui aussi à tous les excès et on comprend aisément ce besoin de s'étourdir... seul l'amour (réciproque) qu'il porte à son frère lui permet de survivre.

Ce qui m'a troublée également, c'est que bien que mon enfance ne ressemble pas vraiment à celle du héros, j'ai souvent éprouvé un sentiment de familiarité, attaché au contexte du récit. Olivier Adam a le même âge que moi, et les repères musicaux, télévisuels, et surtout les paysages urbains qu'il évoque sont aussi ceux que j'ai connus : ces lotissements pavillonnaires entourés de hautes tours, ces villes sans centre, ces rues peuplées de gamins désœuvrés qui traînent dehors jusqu'à la nuit... ont contribué -en suscitant des échos de ma propre jeunesse- à renforcer la véracité de cette histoire.

En effet, et ce sera le dernier point, j'ai cru deviné (à tort ou à raison, je ne sais pas) que l'auteur nous livrait un récit de sa propre expérience, et si c'est le cas, il réussit à le faire sans complaisance ni auto-apitoiement. Il donne davantage l'impression de vouloir revenir sur son passé pour tenter de s'en exorciser, de s'en guérir afin de pouvoir aller de l'avant, et fait preuve de beaucoup de lucidité. C'est pour cela qu'en dépit de la tristesse dont est empreint "Falaises", il s'en dégage aussi beaucoup d'espoir. Le plus difficile restant sans doute de pouvoir s'avouer qu'aimer les autres ne suffit pas à faire leur bonheur, ni à leur donner l'envie de rester près de nous.

Commentaires

  1. Encore cet Aristochat souterrain :-D

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  2. A force de lire Sandrine, cela donne forcément envie !
    Ingannmic

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  3. 2009? Dire que je ne te connaissais pas encore! Ça fait tout un bail que tu le tiens, ton blogue. Je suis béate d'admiration devant tant de constance.

    Ton billet me donner forcément très envie de lire "Falaises". D'autant plus qu'il semble y avoir un fort lien de parenté entre Adam et Arnaud Cathrine. Reste à voir au niveau du style. Ce que je vais voir!

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    1. 11 ans, oui... parfois ça me donne le vertige... mais sans le blog, je n'aurais plus aucune trace de la plupart de mes lectures. J'aimerais bien avoir ton avis sur Falaises, ce n'est le titre d'Olivier Adam qui a le plus fait parler de lui...

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