LE RECAPITULATIF DE L'ACTIVITE

"Demain j'aurai vingt ans" - Alain Mabanckou

Fraîcheur enfantine.

Le dernier roman d'Alain Mabanckou, "Demain j'aurai vingt ans", a pour toile de fond la République populaire du Congo dans les années 70. Un régime marxiste-léniniste a été instauré au moment de l'indépendance du pays, une décennie plus tôt.

Michel, le narrateur, a dix ans. Il habite à Pointe-Noire, avec maman Pauline, et certains jours avec papa Roger, son père adoptif (le reste du temps, ce dernier vit au sein de l'autre famille qu'il forme avec maman Martine et leur kyrielle d'enfants). L'oncle René est lui aussi très présent dans sa vie ; c'est un tonton intimidant, pétri de contradictions, qui lui assène à longueur de temps l'importance de ne pas être capitaliste ou "opium du peuple" (la pire insulte qui soit), mais qui n'hésite pas à léser ses soeurs lorsqu'il s'agit du partage de l'héritage familial...

A travers le regard qu'il porte sur le monde qui l'entoure et les adultes qui évoluent autour de lui, Michel nous dévoile son quotidien, ses émotions, son premier amour, ses belles amitiés, la relation très touchante qui le lie à son papa Roger... mais ses réflexions, ses interrogations sont aussi l'occasion pour le lecteur de reconstituer le contexte historique et politique du récit, et de mesurer l'impact laissé par des années de colonisation sur les acquis culturels des Congolais. C'est aux héros des comics américains ou des bandes dessinées européennes que Michel s'identifie, et c'est Georges Brassens qu'il écoute sur le radiocassette qu'a rapporté son père, cadeau d'un client de l'hôtel où il travaille...
Et que penser de cette nation nouvellement indépendante dont les réserves pétrolières sont gérées par la France, ou dont les enfants sont persuadés que les "gentils", qui mériteront leur place au paradis, sont ceux qui ont beaucoup de globules BLANCS ?!
Tout en soulignant avec une candeur désarmante les contradictions des adultes et d'une société congolaise où la ferveur religieuse et la sorcellerie côtoient la doctrine marxiste, le narrateur nous emmène dans un univers  régenté par ses rêves, ses angoisses et ses espoirs.

J'ai eu au départ un peu de mal à m'adapter au style enfantin utilisé par Alain Mabanckou. S'il permet de rendre la lecture particulièrement facile, et s'il est vrai qu'après quelques chapitres, je n'y faisais plus vraiment attention, j'ai tout de même regretté la truculence qui faisait le charme d'un roman comme "Verre cassé", par exemple.

"Demain j'aurai vingt ans" est un récit attendrissant, frais, drôle, mais je ne pense pas en garder un souvenir impérissable...

Commentaires

  1. J'avais, comme toi, beaucoup aimé la langue de "Verre cassé". Et ton billet en demi-teinte me fait penser que je risque d'être un peu déçu par celui-ci. Et les histoires racontées du point de vue d'un enfant, j'en ai ma dose... (Point positif: un livre que je n'ai pas envie de lire, c'est presque du temps gagné, non? ;-))

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  2. Je confirme : c'est une lecture agréable, mais pas indispensable... à mon humble avis, en tout cas !!

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  3. C'est un texte très différent de Verre cassé. Alain Mabanckou avance moins masqué. L'artifice de la rigolade est moins possible sur un récit romancé de l'enfance.

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  4. Ta remarque me fait penser au roman de Burroughs que j'ai lu récemment : "Un loup à ma table".
    Autant dans ses deux précédents ouvrages, qui traite de son adolescence et de sa vie de jeune adulte, il use d'un humour permanent, autant, dans "Un loup...", qui retrace ses années d'enfance, le ton devient moins sarcastique, plus humble, comme s'il revivait sa vulnérabilité de petit garçon.
    Mais j'avoue avoir passé un meilleur moment avec "Verre cassé".

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