"Les mains rouges" - Jens Christian Grøndhal
L'art de la nuance.
Difficile gageure que celle d'atteindre le lecteur sans vraiment l'impliquer, de le toucher presque malgré lui...
Je n'avais lu avant "Les mains rouges" que deux romans de Jens Christian Grøndhal, et si le détachement délicatement mélancolique du ton de "Piazza Bucarest" m'avait charmée, il m'avait laissée froide dans "Virginia" (que je n'ai d'ailleurs même pas pris la peine de chroniquer).
Jens Christian Grøndhal déroule les destins de ses héros sans leur conférer d'éclat ou d'intensité flagrants. Il le fait doucement (j'ai envie de dire "du bout des lèvres"), en égrenant peu à peu les indices qui vont amener le lecteur à appréhender, sans heurt, les blessures de ses personnages.
Non pas que ces blessures soient superficielles, mais plutôt que de s'attarder à mesurer leur profondeur, il préfère dépeindre les résonances qu'elles laissent de manière durable et insidieuse dans l'esprit de leurs détenteurs.
Dans "Les mains rouges", Sonja doit composer avec la culpabilité qui la ronge depuis qu' [Attention : spoiler!] elle a assisté dans leur fuite deux terroristes d'extrême gauche qui, dans l'Allemagne de la fin des années 70, ont abattu un policier lors d'un braquage de banque [fin du spoiler].
Ces faits nous sont révélés peu à peu, par l'intermédiaire d'un narrateur qui a brièvement connu Sonja alors qu'il travaillait à la gare de Copenhague en 1977, et qui la retrouve par hasard quinze ans plus tard.
Tous deux sont mariés, sans enfant, et au fil de rendez-vous clandestins, Sonja relate les événements qui expliquent que lors de leur première rencontre, elle s'est présentée sous une fausse identité et lui a confié la clé d'une consigne dans laquelle était entreposée une petite fortune en marks.
Installé dans un présent morne, une vie dénuée de rêves, le narrateur mesure à cette occasion tout ce qui le sépare des aspirations de sa jeunesse. Sonja lui avait laissé entrevoir un parfum de mystère qui s'est bien vite évaporé dans un quotidien bien réglé et étriqué.
Le roman de Jens Christian Grøndhal met en évidence ces regrets enfouis dans la conscience, et qui mine de rien taraudent, dont on ne mesure l'ampleur qu'avec le recul des années, lorsque tous les possibles sont devenus inaccessibles...
Comme avec "Piazza Bucarest", j'ai personnellement été séduite par l'écriture de l'auteur toute en retenue, et même s'il est probable que j'oublie assez rapidement l'histoire de Sonja, je crois que je conserverai en mémoire la joliesse des nuances pastels qu'évoque "Les mains rouges".
Lire les avis de Voyelle et Consonne et de Reading in the rain.
Je n'avais lu avant "Les mains rouges" que deux romans de Jens Christian Grøndhal, et si le détachement délicatement mélancolique du ton de "Piazza Bucarest" m'avait charmée, il m'avait laissée froide dans "Virginia" (que je n'ai d'ailleurs même pas pris la peine de chroniquer).
Jens Christian Grøndhal déroule les destins de ses héros sans leur conférer d'éclat ou d'intensité flagrants. Il le fait doucement (j'ai envie de dire "du bout des lèvres"), en égrenant peu à peu les indices qui vont amener le lecteur à appréhender, sans heurt, les blessures de ses personnages.
Non pas que ces blessures soient superficielles, mais plutôt que de s'attarder à mesurer leur profondeur, il préfère dépeindre les résonances qu'elles laissent de manière durable et insidieuse dans l'esprit de leurs détenteurs.
Dans "Les mains rouges", Sonja doit composer avec la culpabilité qui la ronge depuis qu' [Attention : spoiler!] elle a assisté dans leur fuite deux terroristes d'extrême gauche qui, dans l'Allemagne de la fin des années 70, ont abattu un policier lors d'un braquage de banque [fin du spoiler].
Ces faits nous sont révélés peu à peu, par l'intermédiaire d'un narrateur qui a brièvement connu Sonja alors qu'il travaillait à la gare de Copenhague en 1977, et qui la retrouve par hasard quinze ans plus tard.
Tous deux sont mariés, sans enfant, et au fil de rendez-vous clandestins, Sonja relate les événements qui expliquent que lors de leur première rencontre, elle s'est présentée sous une fausse identité et lui a confié la clé d'une consigne dans laquelle était entreposée une petite fortune en marks.
Installé dans un présent morne, une vie dénuée de rêves, le narrateur mesure à cette occasion tout ce qui le sépare des aspirations de sa jeunesse. Sonja lui avait laissé entrevoir un parfum de mystère qui s'est bien vite évaporé dans un quotidien bien réglé et étriqué.
Le roman de Jens Christian Grøndhal met en évidence ces regrets enfouis dans la conscience, et qui mine de rien taraudent, dont on ne mesure l'ampleur qu'avec le recul des années, lorsque tous les possibles sont devenus inaccessibles...
Comme avec "Piazza Bucarest", j'ai personnellement été séduite par l'écriture de l'auteur toute en retenue, et même s'il est probable que j'oublie assez rapidement l'histoire de Sonja, je crois que je conserverai en mémoire la joliesse des nuances pastels qu'évoque "Les mains rouges".
Lire les avis de Voyelle et Consonne et de Reading in the rain.
Il faut que je songe à le sortir de ma PAL ! J'attends la sortie en poche et puis j'empile...
RépondreSupprimerSur la même longueur d'ondes de quoi en ce qui concerne ce roman. Et même si je l'ai lu il y a longtemps, j'en garde un souvenir assez clair. Merci pour le lien!
RépondreSupprimer>> Kathel : bonne nouvelle : il EST sorti en poche !
RépondreSupprimer>> Voyelle et Consonne : Oui, c'est avec comme Piazza Bucarest, que j'ai lu il y a un moment, je ne me souviens plus de toute l'intrigue, mais j'ai en mémoire certains passages et je me rappelle aussi très nettement de son atmosphère.