LE RECAPITULATIF DE L'ACTIVITE

"Tout s'effondre" - Chinua Achebe

Mauvaise rencontre.

"Tout s'effondre" nous emmène dans un monde inconnu, un monde ancestral et dépaysant. 
Ce monde est celui d'Okonkwo, homme d'un clan ibo, vivant dans le Sud-est du Nigeria. Okonkwo est un chef de famille travailleur et intransigeant, un homme fier et courageux que le spectacle d'un père faible et paresseux a rendu extrêmement sévère envers lui-même et les autres. L'autorité, la virilité, et le labeur sont ses valeurs maîtresses, et c'est d'une main de fer qu'il régit un foyer dans lequel cohabitent ses trois épouses et ses enfants, envers lesquels il ne s'autorise aucune démonstration d'affection. 

En suivant le quotidien du héros dans son village d'Umuofia, nous découvrons les traditions et la culture d'un peuple qui de prime abord peut sembler bien éloigné de nous. Le récit évoque en effet des coutumes que le lecteur peut juger violentes, cruelles (comme celle qui amènent des pères à assassiner, parfois, leurs propres enfants), dépeint un folklore, des superstitions que d'aucun qualifierait de puérils... 
En même temps, on ressent une sorte de curiosité émerveillée, car le monde d'Okonkwo est aussi celui des contes et des dictons qui se transmettent, oralement, de générations en générations, un monde qui, malgré sa rudesse, sait aussi se fondre dans la musique, la magie et les couleurs. 
C'est, enfin, un monde où hommes et nature cohabitent dans l'écoute et le respect. Les individus du clan forment une société basée sur des règles strictes mais respectées de tous, qui ont permis sa pérennité... 

...jusqu'à l'apparition de l'homme blanc. 

Ce dernier construit des églises, impose sa morale et ses jugements, oppose aux traditions séculaires du clan son Dieu unique et ses croyances. Certains se laissent convaincre, ils ont été impressionnés par l'assurance de l'homme blanc et sa témérité : il a construit un lieu de culte dans une forêt maudite, sans provoquer aucune manifestation démoniaque... Les conversions se font de plus en plus nombreuses, suscitant chez Okonkwo un sentiment d'impuissance rageuse.

La plume limpide de Chinua Achebe emporte sans peine le lecteur au gré d'un récit qui se déroule tel un conte aux accents presque mythiques, mais un conte qui finit mal. L'auteur dépeint la rencontre entre deux univers qui ne parviennent pas à se comprendre, leurs tentatives de communication étant parasitées par une étroitesse d'esprit qui engendre haine et rancœur. 
Avec beaucoup de justesse, sans jamais tomber dans le manichéisme, il nous permet d'entrevoir les prémisses du désastre que représentera le colonialisme pour les populations locales.

Commentaires

  1. C'est drôle, j'ai lu et fait un billet sur ce roman il n'y a pas très longtemps; en revanche je l'ai lu en VO et ai eu une peine infinie à rentrer dedans, à tel point que j'ai vraiment le sentiment d'être passée à côté de pas mal de choses...

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    1. Je me suis au contraire facilement laissée emporter par l'écriture fluide, simple mais pas simpliste, d'Achebe. Mais c’est vrai qu'il serait intéressant de savoir ce qu'il reste des particularités de l'ouvrage original une fois traduit...

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  2. Ben voilà, je note encore celui-là ... Pour plein de raison, je découvre depuis l'année dernière la littérature contemporaine africaine (j'ose à peine cet adjectif tant il ne recouvre pas la réalité, est-ce que l'on dit littérature européenne ?) ... Et je compte bien continuer, dans ce que j'ai lu pour l'instant, Léonora Miano m'a touchée et son dernier roman "La saison de l'ombre" adopte le même parti pris, si j'ai bien compris ta note, que ce roman : la voix est donnée à ceux qui ne sont "pas rentrés dans l'histoire" ( !!!) mais qui en ont une d'histoire, qui reste à raconter. Sans manichéisme non plus.

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  3. Peux-t-on parler de littérature africaine... ? Très bonne question !
    D'autant plus épineuse lorsque l'on évoque des auteurs ayant vécu dans des pays colonisés, au contact de deux cultures extrêmement différentes.
    Mais après tout, peu importe, pas besoin de classer un auteur pour l'apprécier et saisir la portée et le sens de son propos.

    Bonne lecture, en tous cas !

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