"Ma cousine Rachel" - Daphné Du Maurier
Vénéneux mystère...
Le classicisme et l'élégance de son écriture font que ça coule tout seul, il suffit de se laisser emporter. Mais il n'y a pas que ça : l'auteure du célébrissime "Rebecca" est également douée pour jouer sur la psychologie de ses personnages, instillant à ses récits une tension qui tient le lecteur en haleine jusqu'à la dernière page.
Et ce n'est pas la lecture de "Ma cousine Rachel" qui me fera changer d'avis...
Philip est un jeune homme qui, orphelin, a été élevé par son oncle Ambroise, dans la rassurante et confortable chaleur d'un manoir des Cornouailles. Hormis son amie Louise, Philip s'est toujours contenté de l'exclusive et masculine compagnie d'Ambroise, lui-même célibataire endurci. Du moins jusqu'au jour où, lors d'un séjour en Italie, il fait la connaissance de Rachel, une cousine éloignée, et veuve.
Comme il est quant à lui resté en Angleterre, c'est par la correspondance qu'il entretient avec son oncle que Philip apprend le mariage de ce dernier avec la dite cousine. Puis les lettres se font de plus en plus rares, et surtout de plus en plus étranges. Les propos d'Ambroise, décousus, évoquent un état de santé déclinant et laisse planer l'idée d'un danger auquel son épouse ne serait pas étrangère.
Lorsque arrive enfin le moment où Philip se trouve en présence de la cousine Rachel, bien différente de celle qu'il avait imaginée, la haine qu'il ressentait à son encontre, alimentée par la certitude du mal qu'elle avait infligé à Ambroise, fait peu à peu la place à des sentiments plus doux...
Le personnage de Philip prête parfois à sourire, même si c'est avec un léger agacement, tant sa méconnaissance des femmes et sa jeunesse le rendent à la fois buté et naïf. Passant d'une haine dont on ne sait si elle est justifiée, à la plus inconséquente des générosités, c'est aussi, il faut le reconnaître, un garçon sincère et spontané.
En faire son narrateur a été de la part de Daphné Du Maurier un choix judicieux. Les contradictions du jeune homme, ses doutes, sa découverte du sentiment amoureux nourrissent richement ses réflexions. Et surtout, cet unique point de vue permet à l'auteure d'entretenir jusqu'au bout le trouble quant à la véritable personnalité de la cousine Rachel, qui restera un mystère, ce qui fait d'elle une héroïne fascinante.
Manipulatrice ou elle-même manipulée ? Femme amoureuse ou veuve fourbe et dangereuse ? Chaque lecteur se fera sa propre opinion quant à la véritable nature de la cousine Rachel, et appréciera ce faisant le parfum doucement suranné qui émane de ce texte à l'atmosphère subtilement oppressante.
J'ai eu le plaisir de faire cette lecture en commun avec Jérôme : son avis est ICI.
>> D'autres titres pour découvrir Daphné du Maurier :
*Mad
*L'auberge de la Jamaïque
*Le bouc émissaire
*Le Mont Brûlé
*Les oiseaux
*La Maison sur le rivage
*La poupée
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Commentaires
Ce qui est surprenant, c'est que Du Maurier a aussi écrit des textes qui n'ont pas pris une ride (je pense à Mad ou à son recueil de nouvelles Les oiseaux, entre autres..).
Et on remet ça quand tu veux, cette lecture commune a été un plaisir !
Et encore merci pour m'avoir donné envie de lire cette auteure tellement classique qu'on la classerait dans les vintages poussièreux, ce qu'elle n'est pas, loin de là, le Philip, il est tellement couillon à souhait que c'en est un bonheur, comment ne peut-il pas voir la Louise ?
Rien à voir, mais tu l'as vraiment lu avec la couverture que tu as mise en illustration ? ça rajoute du bonheur ...
Et oui, je l'ai lu avec cette couverture (je l'ai acheté d'occasion), j'aime bien les vieux bouquins qui sentent le papier jauni, cela rajoute encore au charme de la lecture..
Je crois que l'écriture de Du Maurier, qui donne à la lecture une fluidité très plaisante, fait que l'on ne peut pas vraiment être déçu par ses romans..