LE RECAPITULATIF DE L'ACTIVITE

"Manhattan Volcano" - Pierre Demarty

"C'est qu'on s'extirpe difficilement du silence qui suit un tel fracas".

A l'image de Pline le jeune qui racontait, par lettres, l'éruption du Vésuve, c'est par la voie épistolaire que le narrateur de Manhattan Volcano raconte le 11 septembre, établissant un parallèle entre ces deux événements qui, à presque deux mille ans d'intervalle, traumatisèrent les hommes, les laissant hébétés.

Arrivé à New York quelques jours avant le drame pour y exercer à l'université de Columbia, il lui est impossible de trouver le sommeil, pris par le vertige que suscite la ville aux beautés d'acier, sa verticalité, son pouls frénétique. New York, tellement contée, imaginée à travers le prisme des images mille fois montrées, ville mythique, ville culte, ville cliché... mais qui ne se laisse ressentir, humer, entendre réellement que lorsque l'on y pose le pied, entrainant ses visiteurs dans le bal de ses cacophonies, la ronde de ses lumières.

Puis survient la catastrophe, le chaos, l'impensable -ainsi, le monstre d'acier n'était pas invulnérable ?-, qui réduit New York au silence, avant que la vie ne reprenne le dessus, par le truchement de ces actes du quotidien qu'il faut bien accomplir.

Continuer à résumer le court texte de Pierre Demarty (première production personnelle de ce traducteur de littérature anglo-saxonne) ne saurait rendre justice à sa richesse. Ces quelques fragments*, constitués de lettres que l'auteur imagine adresser à ses proches, avant et après les attentats du 11 septembre, compose un récit puissant, dans lequel les mots s'entrechoquent pour former un flux qui entraîne le lecteur au cœur du tumulte. Convoquant le souvenirs de scènes anecdotiques mais significatives, s'appuyant sur des successions d'images qui exhaussent le caractère quasi épique du drame, Pierre Demarty va à l'essentiel. 

Maître dans l'art de rythmer sa prose, s'accaparant les atmosphères et les émotions pour les restituer dans une langue poétique, et -c'est trop tentant-, volcanique, il écrit la vanité et la fragilité des hommes, mais aussi  leur capacité à survivre au pire.

Et c'est très beau...

*"Manhattan Volcano" a pour sous-titre "Fragments d'une ville dévastée".

Commentaires

  1. Je suis admirative de ton style, tu présentes ce(s) texte(s) avec beaucoup de brio. Je note (et pourtant, il m'en faut, ce ne sont pas des lectures sur lesquelles je me jette habituellement).

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est, je trouve, très difficile de rendre compte d'un texte qui nous marque (j'ai curieusement souvent moins de mal à expliquer pourquoi un livre ne m'a pas plu).
      Si je t'ai convaincue, et, surtout, si cette lecture te plaît, eh bien cette critique n'aura en tous cas pas été inutile !

      Si cela peut te motiver, c'est un texte très court, qui se lit en une heure à peine... (par contre, le prix, je l'admets, peut sembler disproportionné par rapport à son épaisseur, mais finalement, la beauté du texte le vaut bien..).

      Supprimer
  2. Je rejoins Galéa sous les galets, ce n'est pas le genre de récit vers lequel j'irais spontanément ( le 11 septembre on en a soupé ...) mais tu en parles très bien, tu as l'art d'éveiller la curiosité et de susciter l'intérêt !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je suis ravie d'avoir éveillé ta curiosité, et j'espère qu'elle aboutira à une lecture. C'est un récit très court, et différent de tout ce que j'ai pu lire auparavant sur le 11 septembre. L'auteur évoque d'ailleurs le matraquage, notamment médiatique, suscité par l'événement..

      Supprimer

Enregistrer un commentaire

Compte tenu des difficultés pour certains d'entre vous à poster des commentaires, je modère, au cas où cela permettrait de résoudre le problème... N'hésitez pas à me faire part de vos retours d'expérience ! Et si vous échouez à poster votre commentaire, déposez-le via le formulaire de contact du blog.