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"Chroniques martiennes" - Ray Bradbury

Pas de petits hommes verts mais de vilains hommes blancs...

Entre 1946 et 1958, Ray Bradbury a écrit une vingtaine de courts textes sur le même thème : la conquête de Mars par les terriens. "Chroniques martiennes" est la compilation de ces textes, liés également par certains personnages, que l'on retrouve au fil des histoires qui nous sont contées.

L'auteur a imaginé qu'elles se déroulaient autour des années 2000, mais les Éditions Denoël ont jugé bon, lors de la parution de la dernière version de ces Chroniques, d'en actualiser le contexte, et de les situer entre 2030 et 2057.
Une choix stupide et insultant pour le lecteur, qui selon Denoël, ne serait sans doute pas capable de replacer une œuvre dans son contexte ?!

Hormis ce détail agaçant, j'ai beaucoup apprécié cette lecture. Les récits de Ray Bradbury n'offrent rien de révolutionnaire d'un point de vue scientifique ; leur intérêt réside dans l'approche psychologique et sociologique utilisée par l'auteur.

Ses anecdotes martiennes sont l'occasion d'aborder des thèmes qui sont toujours d'actualité, voire même parfois visionnaires...

Le départ vers le lointain ailleurs est traité de diverses manières, selon les sentiments, les craintes qu'un tel voyage peut susciter. La peur de l'inconnu, l'arrachement à un environnement familier ou encore l'occasion de commencer une nouvelle existence, sont ainsi évoqués au gré d'épisodes qui mettent en scène tantôt des familles, tantôt des contingents d'explorateurs, ou encore toute la population noire d'une petite ville américaine, qui fuit l'injustice et la ségrégation...

La plupart des terriens qui conquièrent Mars selon Bradbury y reproduisent les erreurs déjà commises sur leur propre planète. Plutôt que de concevoir la rencontre avec les martiens dans un esprit d'échange et d'ouverture, c'est avec une attitude de colons que la plupart d'entre eux migrent sur Mars. La minorité qui tente de s'opposer aux comportements conquérants et irrespectueux de leurs semblables, sont rapidement réduits au silence.
De même, oublieux des dégâts infligés, sur Terre, à l'environnement naturel, ils exportent sur Mars leur propension à la destruction et leur philosophie de vue à court terme, en voulant profiter au plus vite des richesses que peut leur procurer ce nouvel espace.

Cette projection pessimiste n'a pas empêché Ray Bradbury de doter ses textes de beaucoup d'humour. Il l'utilise notamment pour railler le nombrilisme et la bêtise des humains, ou imaginer des situations souvent cocasses.

Pour résumer, ces "Chroniques martiennes" ont représenté un très bon moment de lecture, que j'ai eu le plaisir de partager avec Métaphore.

Commentaires

  1. Magnifique analyse! J'ai eu beaucoup plus de mal à écrire sur ce livre qui ne m'a pas vraiment plu :)
    Au plaisir d'une autre lecture commune !

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  2. Ah, je te vois plus enthousiaste que Métaphore ! Pour ma part, j'avais beaucoup aimé ces nouvelles, qui montraient un regard sociologique pertinent.

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    1. L'intérêt n'est pas, en effet, dans l'aspect "SF" de ces chroniques, mais bien dans la façon dont Ray Bradbury analyse le comportement de ses contemporains, et, en se projetant dans l'avenir, en pressent les conséquences..

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  3. Ouille, ça ne me rajeunis pas ...
    Autre conseil de grand classique de SF humaniste (mine de rien) : Demain les chiens de Simack.

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    1. Comme quoi, on peut lire ces chroniques aussi bien à 20 ans qu'à quarante... le plaisir reste le même !

      Et merci pour le conseil...

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  4. J'ai un très bon souvenir de ce classique de la SF.

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    1. Cela ne m'étonne pas, c'est une lecture très plaisante.

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  5. Sauf erreur de ma part, c'est Ray Bradbury lui-même (1920-2012) qui avait supervisé une nouvelle édition (an anglais) actualisée et aussi intégrant quelques "nouvelles" qui n'avaient pas été intégrées au recueil d'origine? Les éditions Denoël n'auraient alors fait que proposer la traduction de cette édition actualisée...
    (s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola

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    1. Merci pour les précisions ! Ma lecture remonte à loin mais j'en garde un bon souvenir..

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