LE RECAPITULATIF DE L'ACTIVITE

"Contes d'amour de folie et de mort" - Horacio Quiroga

"Et quand je ne délirerai plus, m'aimeras-tu encore ?" 

L'absence de virgule, entre les mots du titre, est significative, essentielle. Car c'est bien de l'amour pour la folie et la mort dont il est question, dans les contes d'Horacio Quiroga.

A leur lecture, on se laisse surprendre par leur dimension tantôt surnaturelle, tantôt romanesque, souvent ténébreuse. On se laisse envahir par la présence régulière et très évocatrice d'un environnement naturel à la fois luxuriant et dangereux, les mois de sécheresse qui laissent la terre et les êtres exsangues, auxquels succèdent les pluies salvatrices mais parfois aussi porteuses de maladies. On se laisse gagner par la fascination que suscite le mystère de la forêt.

Et puis, lorsque l'on revient sur le contenu purement fictionnel de ces nouvelles, on réalise qu'il y est presque systématiquement question de mort. Pas tant de la mort en soi ou de sa survenance, que de ses préludes, de la façon dont on en apprivoise l'idée, ou dont elle terrorise. Des réflexes de déni qu'elle provoque, ou de son troublant attrait.

... La mort comme obsession complexe car multiforme, obsession que l'on conçoit aisément de la part d'un homme dont le père, le beau-père puis la femme se sont suicidés, qui a accidentellement tué son meilleur ami, pour finalement mettre fin lui aussi à ses jours...

Horacio Quiroga a su sublimer ce macabre héritage, y trouver un élan créateur, en mettant en scène les diverses manifestations de cette folie qui pousse les êtres à la destruction de l'autre ou de soi-même. Elle se dissimule sous les apprêts du désir, les addictions qui tuent à petit feu, les prises de risques irraisonnées... comme si la démence n'était finalement qu'un moyen de se colleter avec la mort. 

Bien que j'ai apprécié ces différents contes avec un plaisir inégal, l'ensemble du recueil reste fascinant, porté par certains textes très forts, dans lesquels l'auteur flirte avec l'horreur, et une écriture qui tantôt confine à la sécheresse, traduisant une volonté de réalisme, tantôt se fait plus lyrique, notamment lors de l'évocation d'une nature vivante et prégnante.

Une idée piochée chez Mark et Marcel.

Commentaires

  1. Folie et mort sont toujours d'excellents ingrédients.... Goran de http://deslivresetdesfilms.com

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, c'est une association qui donne généralement des textes intenses...

      Supprimer
  2. C'est dommage que toutes les nouvelles ne soient pas au même niveau mais je vois que les plus fortes emportent l'adhésion; le thème me plaît.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Finalement, on ne retient en effet que les plus remarquables, qui laissent une impression d'ensemble positive..

      Supprimer

Enregistrer un commentaire

Compte tenu des difficultés pour certains d'entre vous à poster des commentaires, je modère, au cas où cela permettrait de résoudre le problème... N'hésitez pas à me faire part de vos retours d'expérience ! Et si vous échouez à poster votre commentaire, déposez-le via le formulaire de contact du blog.