"Purity" - Jonathan Franzen
Un certain manque de liant...
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Purity était alors trop jeune pour avoir gardé ne serait-ce qu'un vague souvenir de son père. Et ses tentatives régulières pour extorquer à sa mère la moindre information qui lui permettrait de le retrouver se heurtent à un mur. Non pas que la jeune femme éprouve le besoin de renouer avec une partie de ses racines... mais elle entame sa vie adulte plombée d'une dette de 130 000 dollars due à un prêt étudiant que son boulot sous-payé de téléprospectrice ne lui permet pas d'éponger, et elle estime qu'il serait temps que son géniteur assume ses responsabilités.
De quoi rendre tentante la proposition qui lui est faite de rejoindre, en tant que stagiaire, le Sunlight Project, une ONG dirigée par le charismatique Andreas Wolf, célèbre lanceur d'alertes qui a installé son QG en Bolivie. Elle espère en effet tirer profit du réseau d'informations très performant dont dispose l'association pour identifier son père.
Mais avant de nous rendre en compagnie de Purity en Bolivie, nous ferons quelques détours, notamment par la RDA des années 70, où nous retrouvons un jeune Andreas Wolf dissident -sans doute davantage par opposition à une mère instable et perturbante que par conviction politique-, ou au cœur de la relation complexe et toxique qu'entretiennent l'héritière d'un magnat de l'agroalimentaire exprimant un rejet pathologique de la fortune familiale et un jeune étudiant en journalisme au physique de chérubin.
Car ce roman se déroule comme si Jonathan Franzen s'était laissé porter par la spontanéité de sa plume, sans avoir défini au préalable un plan d'ensemble, et sans logique apparente, qu'elle soit chronologique ou thématique. Ainsi, un personnage a priori secondaire se voit soudain placé au centre de l'histoire -qui semble suivre d'étranges circonvolutions-, pour ensuite laisser le devant de la scène à un autre quidam... Il en résulte l'impression que "Purity" se compose d'une succession de séquences dont la rédaction a monopolisé la concentration de l'auteur au point qu'il en a oublié ce dont il était question dans la précédente.
Chacune des différentes parties de "Purity" aurait ainsi pu faire l'objet d'un roman à part entière. En réalité, toutes s'inscrivent bien, finalement, dans un schéma cohérent, mais les chemins pris entre-temps sont parfois si longs et si digressifs que mon attention s'est peu à peu délitée...
Dommage, car il y aborde ses thématiques de prédilection, qui se révèlent si passionnantes lorsqu'il les développe avec cette parfaite maîtrise narrative qu'il démontre dans "Freedom" ou "Les corrections", par exemple : les limites que posent aux relations entre les êtres le mensonge, le secret, et l'incapacité à se mettre à la place de l'autre, l'aliénation que les liens affectifs et/ou familiaux impose parfois aux individus... Purity la bien-nommée, malgré ses complexes et ses incertitudes, oppose aux figures torturées que l'auteur met en scène, une sincérité et une indépendance d'esprit rafraîchissantes.
Une lecture inégale en ce qui me concerne, constituée d'une alternance de moments de plaisir et d'ennui, et puis je n'ai pas aimé la fin (trop "happy end" à mon goût)...
Une lecture inégale en ce qui me concerne, constituée d'une alternance de moments de plaisir et d'ennui, et puis je n'ai pas aimé la fin (trop "happy end" à mon goût)...
Je ne sais ce qu'en aura pensé Jostein, avec qui j'ai eu le plaisir de faire cette lecture en commun... pour le savoir, c'est ICI.
Commentaires
Je serai curieuse de découvrir ton envie si tu le lis. Mais si tu ne connais pas encore cet auteur, je te recommande plus volontiers Freedom ou Les corrections, que j'ai préférés, et qui ont été de grands coups de cœur..
Et je suis toujours partante pour des LC... j'ai vu que tu avais laissé un commentaire sur ma PAL, concernant le dernier titre de Pascal Manoukian. Je veux bien que l'on cale une LC sur ce titre, mais j'aimerais lire son 1e roman avant. Du coup, est-ce que cela te dis de programmer ça pour début octobre, par exemple, le temps de laisser passer les vacances et la rentrée ?