LE RECAPITULATIF DE L'ACTIVITE

"Les dévastés" - J.J. Amaworo Wilson

"Ici, on est au bord du chaos en permanence".

Quelles inégalités subsistent, lorsque les frontières ont été abolies au profit d'une nation mondiale unique, et que les différences religieuses, linguistiques ou culturelles, ne sont plus vraiment considérées comme telles, car naturellement intégrées dans une société où le cosmopolitisme est la règle ?

La réponse se trouve à Favelada, cité imaginaire, sorte de glauque amalgame -avec ses bidonvilles, son atmosphère ultra polluée et ses amoncellements de déchets- des grandes métropoles du monde, où grouille une population aux origines raciales et ethniques multiples : c'est l'injustice sociale qui perdure, et l'indestructible frontière séparant les riches des pauvres. 

C'est sous le terme de "dévastés" que l'on désigne ces derniers, dans le sombre univers où nous immerge J.J. Amaworo Wilson. Quelques centaines d'entre eux, sous la houlette de Nacho, jeune boiteux érudit, investissent, après en avoir chassé une meute de loups, un gratte-ciel décrépit de soixante étages, bâti sur une ancienne décharge à ordures, inoccupé depuis dix ans. Le mastodonte d'acier et de béton, comme irradiant d'une aura tyrannique diffusée par les six-cents yeux que constituent ses ouvertures, devient ainsi le refuge de ceux dont personne ne veut, dépenaillés issus des quartiers misérables, ex-drogués ou ex-alcooliques, infirmes ou malades mentaux... 

Une communauté s'organise, chacun apportant son savoir-faire et ses connaissances. Bientôt le building compte une école, une boulangerie, un salon de coiffure, et même un bordel... Des tours de gardes sont instaurés pour anticiper une défense en cas d'agression extérieure. Mais ces précautions se révèlent bien inadaptées au premier grand danger qui menace les habitants de la tour, sous la forme d'un interminable et puissant déluge... elles s’avéreront de même dérisoires lorsque le richissime Torre, se prétendant des droits sur la Tour érigée -illégalement- par ses ascendants, exigera l'évacuation des lieux...

Les dévastés tenteront bien de transformer leur refuge en forteresse, mais que vaut une armée d'éclopés terrorisés rien qu'à l'idée de tenir une arme, face à un attirail de guerre perfectionné et plusieurs centaines de soldats entraînés ?

Je vous laisse le découvrir à la lecture -que je vous recommande- de cette fable moderne et humaniste, qui tient à la fois de l'épopée, du récit d'anticipation et du roman noir, mêlant la violence au surnaturel, nourrie de références bibliques et mythologiques, mais aussi abreuvée de culture moderne. Le récit, énergique et profus, est cependant limpide, l'histoire de ses personnages et son contexte étant enrichis d'incursions dans le passé nous éclairant sur les prémisses de ce monde certes inique et cruel, mais où surviennent parfois des événements providentiels -et du coup pas vraiment crédibles, mais tellement salutaires- qui rétablissent quelque peu l'équilibre entre les opprimés et leurs oppresseurs...


Commentaires

  1. Suggestion prise aussi chez Jérôme. J'ai commencé quelques chapitres et je m'y suis perdue. Mauvais timing. J'y reviendrai, c'est certain.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ah, qu'est-ce qui a freiné ton adhésion ? J'ai trouvé qu'il se lisait facilement, et qu'on avait rapidement envie de savoir ce qu'il allait advenir des personnages et de leur étrange aventure.

      Supprimer
  2. Tu donnes envie de le découvrir ! Je note

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est un texte original, très plaisant à lire, j'ai beaucoup aimé certaines trouvailles très inventives de l'auteur..

      Supprimer
  3. Le thème me plaît. Je me laisserais volontiers tenter :-)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Un thème en effet intéressant, et une façon originale de le traiter, avec un côté parfois un peu trop "angélique" souligné par Jérôme, et je le rejoins, mais au final, ce n'est pas vraiment gênant et ce n'est pas ce que l'on retient de la lecture.

      Supprimer
  4. Repéré chez Jérôme aussi mais à l'époque, j'avais un doute, je ne le sentais pas pour moi. Les mots "réalisme magique" qu'il avait lâchés sans doute. Mais en te lisant, j'ai l'impression que je pourrais y trouver mon compte tout de même, voire, ça pourrait carrément me plaire. Hmm... À creuser...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il y a en effet une dimension fantastique dans ce roman, mais j'ai trouvé que cela lui apportait vraiment un plus, comme un souffle d'air frais parmi les miasmes ambiants. A toi de voir, en tous cas, j'en ai trouvé la lecture facile..

      Supprimer
  5. Une divine surprise ce premier roman ! Je n'en attendais rien et il m'a surpris, à la fois par sa limpidité et par son foisonnement.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Et je te dois un grand merci, c'est typiquement le genre de titre que je n'aurais même pas remarqué si je n'avais pas lu ton article à son sujet. Une très belle surprise, en effet, et un auteur prometteur !

      Supprimer
  6. Mais, comment se fait-ce ????!!! Je ne l'ai pas remarqué chez Jérôme. Comme quoi, tu as rudement bien fait d'être plus attentive que moi, mais surtout d'en avoir reparlé aujourd'hui ! Cette fois-ci, c'est noté !

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Compte tenu des difficultés pour certains d'entre vous à poster des commentaires, je modère, au cas où cela permettrait de résoudre le problème... N'hésitez pas à me faire part de vos retours d'expérience ! Et si vous échouez à poster votre commentaire, déposez-le via le formulaire de contact du blog.