"Écorces" - Xavier Gloubokii
L'autre appel de la forêt...
Une bien jolie découverte que ce titre de Xavier Gloubokii, qui parvient avec habileté à mêler les genres pour nous offrir un texte qui, bien que court, se dote d'une densité suffisante pour marquer le lecteur.
Une bien jolie découverte que ce titre de Xavier Gloubokii, qui parvient avec habileté à mêler les genres pour nous offrir un texte qui, bien que court, se dote d'une densité suffisante pour marquer le lecteur.

Ahmed est Shérif du Comté dont il est originaire, où il est revenu suite au décès de sa fille, pour fuir la ville et la douleur. Au moment où débute le récit, la tranquillité de la bourgade est troublée par une bande d'hurluberlus qui, déguisés en arbres, crient au massacre en exhortant à préserver une forêt que l'expansion des zones urbaines condamne à la disparition. En son for intérieur, Ahmed leur donne raison, mais comptant sur sa prochaine réélection, il se garde bien de le faire savoir. Il joue donc son rôle de shérif, avec une ferme tempérance, désireux d'éviter les ennuis. Il vont pourtant venir à lui, sous la forme du cadavre mutilé d'un chien dont la vision a fortement perturbé Maria (la maîtresse d'Ahmed), le corps de l'animal ayant été déposé près de sa boutique.
L'enquête qui s'ensuit est entrecoupée de passages dans lesquels un mystérieux narrateur exprime son attirance pour une forêt dans laquelle il aspire à vivre. Mais que reste-t-il de ce milieu originellement familier, nourricier, devenu au fil du temps obscur et inquiétant, n'accueillant plus, selon les époques, que bandits, marginaux, et sorcières, aujourd'hui fréquenté par une poignée de promeneurs, chasseurs ou cueilleurs, qui ne font que le traverser ?
Grignotée par la ville, la forêt est remplacée par l'ordonnancement ravageur de parcs et de lotissements. Sa disparition progressive et a priori inéluctable est le symbole de la mutation d'un monde -celui des hommes- dont le profit financier, le rendement, l'individualisme et la méfiance sont devenus les maîtres et les références. Au temps lent de la forêt, a succédé celui du court terme, de la cupidité. L'appétit des promoteurs et des grandes entreprises détruit le monde sylvestre, avec l'adhésion d'une population désormais occupée à veiller sur ses petits territoires individuels, à les clôturer en remplaçant les haies par des barrières, focalisée sur l'impératif consumériste. La jeunesse, plutôt que de construire des cabanes ou de grimper aux arbres, est dorénavant éduquée à tromper l'ennui dans des centres commerciaux où elle finira probablement par travailler...
Porté par une étrange atmosphère prenant le lecteur à contre-pieds, "Écorces" nous invite mine de rien à mesurer l'ampleur de cette perte, sa dimension quasi-originelle, et à réaliser qu'à force de vouloir conquérir et soumettre tout ce qu'il ne maîtrise pas, c'est d'une part de lui-même que l'homme se défait...
A lire.
Porté par une étrange atmosphère prenant le lecteur à contre-pieds, "Écorces" nous invite mine de rien à mesurer l'ampleur de cette perte, sa dimension quasi-originelle, et à réaliser qu'à force de vouloir conquérir et soumettre tout ce qu'il ne maîtrise pas, c'est d'une part de lui-même que l'homme se défait...
A lire.
Ha ha ce roman est à la bibli... Il me fait penser au p'tit bois pas loin de chez moi, menacé par l’installation d'un magasin pas utile car existant à 500 mètres de là et qui pourrait s'y agrandir, en fait, si c'est ça son idée. Pour l'instant les habitants du p'tit bois sont en répit.
RépondreSupprimerTu n'as plus qu'à faire comme les militants écolos du roman : recruter quelques passionnés, endosser des déguisements d'arbres, et faire le siège devant le magasin !!
SupprimerEvidemment je note ! On ne parle jamais assez d'écologie...
RépondreSupprimerOui, et c'est très habile comme récit, court mais dense, et il ne va pas forcément là où on l'attend.
Supprimerpas du tout entendu parler de ce roman ! une découverte
RépondreSupprimerJe ne sais plus personnellement où je l'ai noté, et c'est dommage, j'aurais pu remercier celui ou celle qui m'a permis cette atypique découverte.. à lire, donc !
SupprimerOh mais dis donc, tu sais mettre l'eau à la bouche de ton lecteur, toi !
RépondreSupprimerC'est bien le but ! J'espère que tu te laisseras tenter...
SupprimerC'est ce que j'aime tant, ici: découvrir des bouquins que je ne vois pas ailleurs et lire tes mots qui mettent en bouche. Je viens de lire un extrait sur le site de l'éditeur et j'étais frustrée que ça s'arrête déjà. C'est très bon signe! Maintenant, il me le faut!
RépondreSupprimerC'est vrai qu'on se laisse facilement emporter par la plume de Xavier Gloubokii, fluide mais pas simpliste. J'espère qu'il te plaira !
SupprimerIl pourrait m'intéresser ce livre et en plus il est à la bibliothèque !
RépondreSupprimerJe suis agréablement surprise de constater qu'il a trouvé sa place en bibliothèque, si l'on se fie à ton commentaire et à celui de Keisha...
SupprimerUn livre peu vu ailleurs, une couverture attirante et un sujet intéressant traité de manière originale ? voilà qui a tout pour me plaire.
RépondreSupprimerN'est-ce pas ? C'est une lecture à la fois distrayante et profonde, et un auteur à suivre...
SupprimerJe me souviens de cette lecture, ce fut une bonne surprise. Ravie de le revoir, on en a peu parlé.
RépondreSupprimerAh mais c'est peut-être chez toi que je l'avais noté ! Je rajoute un lien vers ton billet...
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