"Qui a peur de Virginia Woolf ?" - Edward Albee
"La route qui mène au cœur d’un homme passe par le ventre de sa femme."
L’arrivée du couple n’interrompt pas -bien au contraire- le cinglant échange entamé par George et Martha depuis qu’ils ont passé le pas de leur porte…
Echauffés par l’alcool -surtout Martha, visiblement-, tous deux se livrent à une joute verbale multipliant les sarcasmes et les humiliations, trahissant l’aigreur et le ressentiment accumulés au fil d’années de vie commune. Chacun reproche à l’autre ses propres renoncements, le rend responsable de ses regrets et de ses manquements. Martha est la plus agressive, frôle l’hystérie, et se fait même parfois vulgaire dans la manière dont elle rabaisse son époux, remettant en cause sa virilité, insistant sur l’absence d’ambition qui l’a condamné à végéter à son poste de professeur. George, davantage dans la maîtrise de ses émotions mais néanmoins tout aussi féroce, lui oppose une ironie faussement débonnaire.
Témoins contraints, Nick et Honey réagissent de manière
différente. Elle, bon public et d’une inaltérable bonne humeur, boit plus que
de raison. Lui, d’abord circonspect et s’efforçant de rester courtois devant la
fille de son nouvel employeur, finit par s’agacer du manque de retenue de son
hôte, qui, entre méchanceté et bonhommie, se moque de son allure coincée. Vexé,
il tente de rétorquer sur le même ton, mais en vieux briscard désabusé, George ne
se laisse pas déstabiliser.
Il apparaît peu à peu que Martha et George s’affrontent dans
un jeu certes brutal mais auquel ils sont rompus, la mécanique de leurs infatigables
mais éreintants échanges traduisant même une certaine complicité et une forme
de perversité dans leur volonté de se donner en spectacle.
Le lecteur est comme lui aussi pris en otage par la tension
croissante qui l’attache à suivre avec autant de fascination que de répugnance la
progression d’une violence qui semble sans cesse sur le point de basculer dans
l’irréversible, en même temps qu’il peine à supporter le poids d’une atmosphère
oscillant entre tragédie et humour noir, dérision et désespoir.
Il y a eu un film? Ou une pièce de théatre? Oui, exact, je viens e vérifier (burton taylor!)
RépondreSupprimerC'est une pièce de théâtre, et à ce titre, elle y a été mise en scène à de nombreuses reprises depuis sa création et oui, donc une adaptation ciné en 1966 (que je n'ai pas vue, mais cela m'a donné envie !).
SupprimerPourquoi n'ai-je jamais lu ce roman très connu ? Mystère...
RépondreSupprimerPour précision, ce n'est pas un roman mais une pièce de théâtre, en effet très connue, mais je ne l'avais pas lu jusqu'à présent non plus ! C'est l'avis de Des livres rances qui m'a interpellée : https://deslivresrances.blogspot.com/2021/08/edward-albee-qui-peur-de-virginia-woolf.html
SupprimerAh mais oui, le titre est connu. J'avais plus en tête le film (jamais vu par contre) que la pièce de théâtre,.
RépondreSupprimerMême chose pour moi... et contrairement à ce que je pensais, aucun rapport avec Virginia Woolf !
SupprimerIntense, mais sans doute assez pénible aussi. Ce n'est pas trop ce que j'aime lire.
RépondreSupprimerC'est en effet assez oppressant, mais c'est justement ce que j'ai aimé, c'est fort !
SupprimerÉvidemment le titre.... mais ça a l'air très étouffant, pas sûr que ça me plaise.
RépondreSupprimerC'est acerbe et assez violent, oui...
SupprimerJ'ai vu l'adaptation cinématographique... Je me souviens d'une tension terrible !
RépondreSupprimerC'est que l'atmosphère du texte a été bien rendue, dans ce cas...
SupprimerJe me suis toujours demandée : «Pourquoi ce titre»?
RépondreSupprimerTrès bonne question ! L'un des personnages fredonne cette phrase sur l'air de "Qui a peur du grand méchant loup ?" à plusieurs reprises dans la pièce...
Supprimer