LE RECAPITULATIF DE L'ACTIVITE

"Zinc" - David Van Reybrouck

"Concasser. Pulvériser. Fondre. Marteler, tréfiler, laminer. Que l'Histoire ne fait-elle pas subir à une vie humaine ? Et pourtant il est des formes de résistance."

C’est l’histoire d’un minuscule territoire -d’un peu plus de trois kilomètres carrés-, de la forme d’un triangle, coincé entre la Belgique, Les Pays-Bas et l'Allemagne. Il est créé en 1816 lors du "Traité des limites" d'Aix-la-Chapelle, les Pays-Bas et la Prusse ne parvenant à s’entendre sur la souveraineté de la municipalité de Moresnet qui abrite une mine de zinc considérée comme la plus riche d’Europe. Alors on la scinde en trois : une partie pour les Pays-Bas, une pour la Prusse, et la dernière sur laquelle il est impossible de se mettre d’accord devient, sous le nom de Moresnet-Neutre, conjointement contrôlée par les deux états.

Au gré des remous d’une Histoire marquée par une révolution (belge, en 1830) et les guerres mondiales du XXème siècle, ce territoire changera de mains à plusieurs reprises, la Belgique y reprenant les droits des Pays-Bas, l’Allemagne l’annexant en 1915 puis de nouveau au début des années quarante alors que le Traité de Versailles l’avait restitué à la Belgique, qui le récupère en 1944.

C’est aussi l’histoire du zinc, inextricablement lié à celle du ce bout de terre puisqu’il en détermine la genèse, et du succès que lui valut sa légèreté, sa maniabilité et son caractère inoxydable au début du XIXème siècle, Haussmann en recouvrant notamment les toits de Paris.

C’est enfin l’histoire d’un homme. Emil Rixen, natif de Moresnet-Neutre par le hasard de sa naissance illégitime, va successivement acquérir cinq nationalités, passant sa vie à changer de pays sans jamais traverser de frontière. Un anonyme pris dans les caprices d’une Histoire faite par des puissants motivés par la cupidité et le pouvoir, héros ordinaire dont David Van Reybrouck évoque le destin à la fois triste et rocambolesque. Car la destinée de Moresnet-Neutre va conduire en temps de conflit à des situations aussi ubuesques que dramatiques, ballotant ses citoyens au gré des opportunismes patriotiques et de l’arbitraire géopolitique.

A l’image de la petitesse de ce territoire que l’auteur exhume des coulisses de l’histoire, son texte est bref, trop sans doute. Malgré tout l’intérêt que suscite son sujet, la rapidité avec laquelle file la lecture, par ailleurs portée par une écriture agréablement alerte, ne permet de laisser qu’une empreinte fugace.


Une idée piochée chez Keisha et Athalie, et une deuxième participation au Mois Belge, chez Anne, dans la catégorie "La boîte à Pandore".

Commentaires

  1. Des lecteurs ont aussi trouvé cela pas assez fouillé, trop fugace comme tu dis, mais quelel découvert de ce coin là, pour moi! L'auteur écrit aussi des pavés, genre Congo. ^_^

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    1. Je te rejoins sur la découverte, le destin de ce petit bout de terre est aussi hallucinant que passionnant ! Mais j'aurais aimé que cela dure plus longtemps, j'ai l'impression d'avoir à peine eu le temps de m'installer dans le récit que hop ! c'était déjà fini.. j'en garde du coup un goût de "trop peu".

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  2. Je me souviens de ma frustration à la fin de la lecture de ce texte, j'aurais bien aimé suivre davantage l'histoire d'Emil et des autres habitants de ce territoire si petit et à l'histoire si singulière ... Malgré tout, j'aime bien ce titre et j'en avais particulièrement apprécié la tonalité décalée.

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    1. Je te rejoins sur tous les points !
      ... et je me dis qu'un tel sujet pourrait faire une fiction passionnante, je verrais bien ça sous la plume d'un Lemaître par exemple...

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  3. Je ne l'ai pas lu ; je le découvrirai bien pour ce territoire que je ne connais pas, même s'il est trop court.

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    1. Sa brièveté a un avantage, c'est qu'il se lit très -trop- vite ! Et je recommande tout de même, rien que pour la dimension instructive, à la fois anecdotique et terrible...

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  4. En te lisant, je me disais que j'avais très envie de découvrir cette Histoire-là... et puis j'arrive à ta conclusion... j'ai souvent tendance à oublier plus vite les livres que j'ai lus rapidement... alors... je ne sais pas...

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    1. Disons que comme l'écrit assez justement Lucine ci-dessous, on en apprend presque autant sur wikipédia que dans l'essai sur Moresnet-Neutre. Toutefois, j'ai bien aimé le ton de David Van Reybrouck, qui rend la lecture alerte et plaisante.. je ne t'aide pas beaucoup, hein ?! en même temps, le risque est minime, il se lit en deux trajets en bus ..

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  5. Ce livre m'a énervée : j'ai trouvé que l'article de Wikipédia nous en apprenait plus sur ce qui c'était passé dans cette région et Hélas! l'auteur n'a pas su rendre vivant ce pauvre Emile qui aurait mérité un véritable écrivain pour nous faire comprendre le malheur d'être né à cet endroit à cette époque

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    1. Je te rejoins sur ce point, le pauvre Emil fait l'objet d'un traitement superficiel, qui nous fait presque regretter de l'avoir rencontré tant on reste sur notre faim le concernant... je te sens toutefois bien plus en colère que moi envers ce titre, qui s'il s'effacera vite de ma mémoire, a eu le mérite de me faire découvrir cet improbable territoire (même si j'ai éprouvé le besoin d'en savoir plus en allant naviguer sur internet après ma lecture..).

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  6. Je n'ai encore jamais lu cet auteur, c'est une grave lacune ! Malgré tes bémols, ce titre a l'air très intéressant !

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    1. Le sujet est très intéressant, et c'est bien écrit, sur un ton alerte, et non dénué d'humour. Mais il reste le manque de densité de l'ensemble, et je crains malheureusement de ne retenir que cela sur du long terme..

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  7. Bon, du coup, Wiki fait mieux. Mais merci de me parler de ce petit coin perdu ! c'est effectivement assez hallucinant. Si je le croise à la BM, je le prendrai pour mon beau-père qui est friand de ce genre d'histoires

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    1. Eh bien merci pour ta visite et ton commentaire = je me dis que ce billet n'aura pas été complètement inutile !

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  8. j'ai apprécié ce petit livre très original

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    1. C'est vrai que le sujet est inédit, mais trop survolé à mon goût..

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