LE RECAPITULATIF DE L'ACTIVITE

"Tableau noir du malheur" - Jérémy Bouquin

"Elle déteste l'encaustique, la cire d'abeille, les odeurs de solvants, de peinture glycéro... c'est pourtant tout ça l'odeur de la rentrée scolaire."

Céline a très mal vécu le décès accidentel de son compagnon Jean-Louis. Après plusieurs mois d’arrêt, elle a demandé sa mutation. Nouveau départ donc pour cette professeure des écoles qui fait sa rentrée des classes dans le quartier des Mirailles à Toulouse, où elle va s’occuper des CM2. Elle a par ailleurs emménagé, avec son fils adolescent Ghislain, dans un lotissement proche de son lieu de travail où elle a trouvé à louer, dans l’urgence, un pavillon sans charme.

Elle éprouve d’emblée la nature suspecte du silence coupable que ses collègues opposent à ses questions sur les élèves de sa classe, qui se révèle en effet très dure. Mais Céline en a vu d’autres. Habituée aux classes difficiles, elle a de l’aplomb, et une solide éthique professionnelle qui la pousse à s’investir y compris pour les cas les plus désespérés. Puis il y a ce gamin, Gary, qui bientôt l’affronte.

C’est le début d’une descente aux enfers, de la perte du contrôle de sa vie. 

Dans un premier temps, elle parvient à tenir le cap dans son rôle d’enseignante, refusant de renier ses principes, de céder face à la démission de ses collègues dont la déshérence de l’école a annihilé la vocation et la combativité. On lui conseille d’ignorer les éléments perturbateurs, de les laisser tranquilles en fond de classe : après tout, ils en seront débarrassés en fin d’année. Elle s’obstine, tente le dialogue, la punition, essaie de comprendre ce qui motive cet étrange Gary dont la seule mention du nom suscite la terreur chez les enfants et la fureur chez les parents, dont la malveillance semble quasi surnaturelle.

Mais si à l’école elle tient bon, à la maison c’est l’effondrement. Progressif mais inéluctable. 

En réalité toujours fragilisée par la mort de son conjoint, Céline fait preuve dans la gestion de son quotidien d’une procrastination qui la dessert. Sa maison est remplie des cartons qu’elle ne prend pas le temps de défaire, le linge et la vaisselle s’entassent, le courrier s’empile. Elle oppose notamment une dangereuse indifférence aux convocations du tribunal faisant suite aux démarches entreprises par son odieuse belle-mère pour obtenir un droit de garde pour Ghislain. La bière du soir pour se détendre est bientôt suivie, quotidiennement, d’autres. Elle s’alimente mal, se révèle incapable de réintégrer une dynamique vitale, d’équilibrer sa situation financière. Son fils, gentil mais un peu mou (un adolescent, quoi), lui-même sous traitement médicamenteux suite au décès de son père, est dépassé par le mal-être maternel.

"Tableau noir du malheur" porte bien son titre. Le ton y est immédiatement sombre et électrique, à la fois tranchant et lourd de menace. On est dans une ces zones qu’on laisse croupir, dans un de ces quartiers où le vide de l’Etat est criant. En l’absence de soutien, les représentants des institutions -notamment les enseignants- baissent les bras ou partent en dépression, les associations déposent le bilan. C’est un monde sans perspectives, de précarité et d’injustices, de situations sociales compliquées. Et au cœur de ce marasme, il y a la guerre déclarée entre Céline et Gary, un affrontement d’une violence croissante qui met le récit sous extrême tension.

Une découverte originale, malheureusement gâchée par la très médiocre qualité d’impression du texte, truffé de coquilles, de fautes de frappe voire d’orthographe, au point parfois de priver certaines phrases de sens. Et bon sang que c’est agaçant (d’autant plus quand l’ouvrage a coûté 14 euros) !

Commentaires

  1. C'est honteux cette mauvaise qualité du texte ! Quelque chose me dit qu'elle se termine mal cette histoire.

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    1. Oui, ça m'a énervée tout du long... et oui tu as bien deviné, cela se termine mal..

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  2. D'accord, c'est noir, et si en plus ce n'est pas soigné dans la présentation on ne voit plus que ça quand on est en train de lire!

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    1. Exactement. C'est dommage, car l'objet est plutôt soigné, extérieurement.

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  3. Je connais ce genre de situation, enfin des Gary, (qui peuvent vite entraîner toute une classe) mais pas forcément avec un tableau aussi noir. Elle cumule les "ennuis", cette professeur des écoles !
    Quant à l'éditeur qui ne fait pas son travail, pfff !

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    1. L'élève est ici décrit d'une manière qui met particulièrement mal à l'aise, car il n'est pas seulement dissipé, mais extrêmement retors et malveillant... j'ose espérer que c'est très rare, ce genre de cas..

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  4. bon ton avis et ce que tu rajoutes dans les commentaires, je suis heureuse de passer mon chemin ! pas du tout pour moi (ah le travail d'éditeur et de correcteur...)

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    1. C'est une découverte intéressante tout de même, le roman est à la fois ancrée dans la réalité, et parfois poussé à l'extrême dans la manière dont l'auteur traite l'affrontement entre l'enseignante et l'élève. Cela crée une drôle de sensation comme s'il y planait une atmosphère quasi diabolique..

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  5. Et bien, ce livre ne trace pas le visage du bonheur sur le tableau noir du malheur ! Pas trop envie de le lire. C'est vrai que c'est dur l'enseignement, parfois !

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    1. Oh, j'ose imaginer qu'on est là dans une situation qui n'arrive que très rarement, et j'ai le sentiment que l'auteur a tout même poussé un peu le bouchon (en tous cas je l'espère !).

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