"Une douce lueur de malveillance" - Dan Chaon
"Et si nous n’étions pas les gardiens de notre propre existence ?"
Un an plus tard, Jill est décédée. Le fils aîné du couple Tillman est parti dans une université lointaine. Aaron, le benjamin, fait croire à Dustin qu’il poursuit des études en réalité abandonnées à peine entamées à la faculté du coin. Il passe ses journées à traîner et à se droguer avec Rabbit, son meilleur ami, dont la mère est en phase terminale d’un cancer. Père et fils se côtoient mais ne communiquent pas vraiment, Dustin faisant preuve face à la dérive d’Aaron d’un incroyable aveuglement. Le jeune homme, témoin du lent délitement paternel, éprouve quant à lui, au-delà de l’incompréhension, un étrange reste de tendresse à l’égard de ce père complètement déboussolé, qui suscite autant sa compassion qu’une puissante envie de fuir.
"Une douce lueur de malveillance" nous immerge dans la psyché d’un homme perdu dans son propre labyrinthe, la forme du roman s’accordant au marasme aussi confus que bouillonnant qui accompagne ses errements. D’incessants va-et-vient entre passé et présent nous renvoient aux souvenirs d’enfance et d’adolescence de Dustin, dont on découvre peu à peu qu’ils sont fondés sur le déni, la réinterprétation. Confronté à des réminiscences troublantes ou traumatiques, allant des images de la scène du meurtre de ses parents et de ses oncle et tante à des épisodes révélant l’ascendant que Russell, fort du sulfureux mystère dont l’auréolaient ses sordides antécédents familiaux, exerçait sur son frère adoptif et les cousines de ce dernier, il peine à faire la part entre fantasme et réalité. La typographie même du texte traduit les affres d’incertitude destructrice dans lesquels est plongé Dustin : espaces, sauts de lignes, phrases tronquées, traduisent les silences, les ellipses, l’incapacité pour le psychothérapeute à mettre en mots le mal-être qu’il refuse d’admettre avec une obstination pathologique.
Pas trop mon truc ces histoires, mais j'ai lu un livre e l'auteur, qui m'a plu.
RépondreSupprimerJ'en lirai d'autres, c'est sûr, car j'ai trouvé sa narration aussi originale que maîtrisée.
SupprimerDu même auteur j'ai lu "Cette vie ou une autre" et j'ai aussi utilisé le mot labyrinthe pour en parler...
RépondreSupprimerJe viens de lire ton billet, et j'ai l'impression que les deux titres ont en effet de nombreux points en commun... je note donc.
Supprimerje crois que je n'ai pas trop envie d'être saisi par le malaise que provoque cette lecture
RépondreSupprimerElle suscite en effet une drôle de sensation, on se sent à la fois un peu perdu et mal à l'aise.. mais c'est ce qui fait la force du roman justement ! Ceci dit, je comprends que l'on n'adhère pas à ce genre d'ambiance...
SupprimerJe dois avoir un roman plus ancien de l'auteur qui traîne dans ma PAL. Ici ça semble tellement sombre que je vais passer mon tour, je crois...
RépondreSupprimerZut, je suis passée à côté de ton commentaire... bon, si tu repasses par ici : je confirme, c'est très sombre, voire assez glauque..
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