"Lorsque le dernier arbre" - Michael Christie
"Le meilleur moment pour planter un arbre, c'était il y a vingt ans. À défaut de quoi, c'est maintenant."
Mais sa situation pourrait bien évoluer : l’un de ses ex, devenu avocat, réapparait pour lui apprendre qu’elle est probablement la propriétaire légitime de Greenwood Island. Comprendre les origines de cette surprenante assertion nécessite de remonter sur quatre générations.
2008. Liam vient de faire une chute sur le chantier où il travaillait, une maison isolée où il git, incapable de bouger, hors de portée d’un téléphone. Malgré lui les souvenirs l’envahissent, notamment ceux d’une enfance passée dans le van conduit par son activiste écolo de mère, que nous rejoignons en 1984, parcourant avec son fils de dix ans les forêts américaines pour tenter de réparer une infime portion du mal que son père, richissime industriel du bois, a fait aux forêts, en déversant des sacs de sucre dans le réservoir des engins d’abattage. C’est à la demande de ce père qu’en 1974, Willow va chercher son oncle Everett à sa sortie de prison, où il a purgé une très longue peine.
Puis l’on remonte encore… 1934… 1908… à la rencontre des frères Greenwood et de leur incroyable destin, jeunes garçons rescapés d’un accident ferroviaire, recueillis par une femme riche et acariâtre qui les laissa grandir dans la forêt, entretenant une relation fusionnelle jusqu’à ce que leur route se sépare, l’un, devenu aveugle, gagnant son premier million à vingt-sept ans, l’autre errant tel un vagabond après son expérience traumatique de la guerre.
Cent-trente ans, donc, pour déployer une vaste trame intergénérationnelle dont les fils se croisent, se dénouent, se superposent, les secrets des ascendants imprimant en leurs héritiers d’inconscientes mais pesantes fêlures, les choix des uns déterminant, par mimétisme ou rejet, les trajectoires des autres. L’impossibilité de concilier responsabilités familiales et engagements communautaires revient, à travers les époques, comme une constante.
Et à travers l’épopée familiale, intime des Greenwood, s’en dessine une autre, collective, dont elle est représentative, illustrant notre rapport à un environnement considéré comme une source d’enrichissement à leur disposition pour les uns, quand d’autres y voit un tout dont ils ne sont que partie intégrante ou en ont une approche quasi mystique, telle Jacinta, qui est persuadée que les mécanismes secrets des arbres sont la clé pour comprendre les mystères impénétrables du temps, de la famille et de la mort.
Le cri d’alarme, bien que souvent sous-jacent, est bien audible, né du constat douloureux que vient confirmer ce futur proche vers lequel nous renvoie Michael Christie pour clore son récit, preuve que l’engagement modéré et les bonnes intentions ne suffiront pas à éviter la catastrophe…
C’est un récit dense et passionnant, dont même les anti-héros finissent par se révéler singulièrement attachants.
Oh lala qu'est ce que j'ai aimé ce roman!!! Et la citation du début me rappelle cruellement que j'aurais dû faire planter un arbre il y a 20 ans mais que je dois me bouger!
RépondreSupprimerJe crois que je l'ai noté chez toi, d'ailleurs.. et va vite planter ton arbre, oui !
SupprimerJ'ai failli le commencer hier soir mais le nombre de pages m'a arrêtée. Je lis plutôt en pointillés alors pas facile de s'immerger dans une telle saga...
RépondreSupprimerIl est long mais se lit plutôt vite, l'écriture est fluide, et l'intrigue assez prenante pour avoir du mal à le lâcher...
SupprimerJ'ai lu pas mal de billet enthousiastes sur ce livre, puis d'autres plus mitigés .. Il est toujours sur ma liste, je laisse faire le hasard ..
RépondreSupprimerBon, je pense que tu as compris que je me range sans hésiter du côté des enthousiastes, en compagnie de Keisha... Je pense qu'il te plairait.
SupprimerBonjour Ingannmic.
RépondreSupprimerLe site de la fn*c me donne même 672 pages (et hop, + 5% dans les statistiques) ;-)
Plus sérieusement: merci pour cette nouvelle participation ,qui me donne un aperçu sur ce livre.
J'avais déjà croisé ce titre ici ou là, et je pensais "a priori" qu'il devait s'agit d'un "essai" sur capitalisme et environnement... alors que nous sommes dans une fiction bâtie sur une "anticipation rétrospective" si je comprends bien.
Si je me le procure, je tâcherai, après lecture, de le verser dans le "système de prêt de livres" de l'AMAP dont je fais partie... en espérant que la webmestre-bibliothécaire ne me le refusera pas au motif que trop déprimant (c'est déjà arrivé pour certains titres que je proposais...).
(s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola
Bonjour Tadloiducine,
SupprimerDu coup j'ai changé (j'avais uniquement pris le nombre de pages comportant le récit à proprement parler..). Et donc, ce n'est pas un essai, mais un texte éminemment romanesque au contraire, avec une belle galerie de personnages, des rebondissements, de la complexité dans les liens unissant les héros... bref, c'est très bon !
Et dis donc, c'est une forme de censure que pratique la bibliothécaire de l'AMAP, c'est un peu limite non ?
Il faut dire que c'est aussi elle qui s'astreint à amener chaque mercredi avec elle une dizaine de livres (piochés dans notre "bibliothèque" dédiée qu'elle héberge chez elle), à les "mettre à disposition" durant toute l'heure et demi que dure la séance de livraison de l'AMAP, et à ramener chez elle après ceux qui restent et/ou qu'on lui a rendus, en rédigeant chaque samedi sur notre blog une petite présentation pour un nouveau livre... alors je me plie sans problème à son avis sur ce qui est susceptible ou non d'être "mis à disposition" pour les amapiens. ;-)
SupprimerElle a en effet des circonstances atténuantes, dans ce cas... ! Il faut saluer ces "petites" mais précieuses initiatives qui font lire.
SupprimerJ'avais beaucoup aimé aussi!
RépondreSupprimerJ'ai relu ta note, que j'avais commentée.. nos avis se rejoignent en effet parfaitement !
SupprimerVoilà un thème qui me parle vraiment ! Je développe depuis quelques temps une passion immodérée pour les arbres ... Au point que certains de mes amis se demandent si je ne suis pas en train de virer mystique ^-^
RépondreSupprimerIl devrait te plaire, alors, d'autant plus que ses qualités ne se limitent pas à son aspect "environnemental", c'est aussi une belle saga familiale.. et puisque tu es tombée en amour pour les arbres, il faut absolument que tu lises L'arbre-monde, de Richard Powers, qui a réussi à me faire pleurer à la seule évocation de l'abattage d'un séquoia géant...
SupprimerC'est prévu pour mes quinze jours de "retraite" sur mon île bretonne préférée ...
SupprimerQuelle chance (pour la lecture et la retraite...) !
SupprimerJe pars de mon côté en retraite aussi, mais vers la montagne, avec le Comte de Monte Cristo dans mes valises...
Je l'ai beaucoup aimé aussi. Si quelqu'un a des romans aussi formidables que L'arbre-monde et celui-ci à proposer sur le thème, je suis preneuse !
RépondreSupprimerJ'ai noté Les derniers géants d'Ash Davidson, qui me semble-t-il est sur le même thème (il y a des arbres, c'est sûr, mais je ne sais pas vraiment quel est le point de vue adopté..)
SupprimerJe l'ai lu l'an dernier à une période où mes notes étaient laconiques sur ce que je lisais. Ça a donné : "Trop bien. Arbres, saga familiale, vraiment super." ;)))
RépondreSupprimerLe principal est dit, après tout !
SupprimerC'est assez éloigné de ce que j'ai l'habitude de lire ce qui me fait le noter, aimant varier mes lectures. La trame intergénérationnelle m'intéresse tout comme le côté environnemental...
RépondreSupprimerEt ces deux aspects sont très bien traités... j'espère que cette incursion hors de tes habitudes de lecture te procurera autant de plaisir qu'à moi !
SupprimerCe n'est pas parce que j'ai déjà lu beaucoup de critiques sur ce livre que je suis à l'abri d'en découvrir encore une qui tombe juste, vraiment - et la tienne en est une !
RépondreSupprimerMerci, c'est gentil... j'ai été emportée par ce roman, mais je garde tout de même, si l'on reste sur le même thème, une place particulière pour L'arbre-monde de Richard Powers, qui m'a profondément émue...
SupprimerCoup de cœur pour moi, ce livre.
RépondreSupprimerBelle chronique édifiante sur le contenu et la qualité de ce roman.
J'ai lu plus haut que certain(e)s cherchent des livres sur un thème proche (celui des arbres), je me permets de signaler 2 excellents titres :
- un relativement récent (2023) : Les derniers géants de Ash Davison
- un plus ancien (2013) : Le dernier arbre de Tim Gautreau.
Oui, je lui ai répondu en citant Les derniers géants, que je n'ai pas lu, mais noté suite à des avis. Et je retiens aussi le Tim Gautreau. Merci pour le tuyau, Ray !
Supprimer