"Terreur Apache" - William R. Burnett
"Il ne doutait jamais. Une fois qu'on commençait à douter de soi, il n'y avait plus qu'à tout laisser tomber et partir en ville pour s'asseoir tranquillement dans un fauteuil à bascule. On n'aurait plus sa place ici, dans les hautes terres, avec les aigles et les Apaches."
Le cow-boy n’en est pas tout à fait un. Grein est éclaireur en chef, le meilleur de sa profession. C’est un homme taiseux et brutal, mais droit et courageux. Il est peu aimé, notamment en raison du pouvoir, qu’on lui jalouse, qu’il a acquis auprès des Apaches, dont il parle la langue et est un fin connaisseur. Enfin ça, c’est si l’on se fie au récit, où il n’est question que du point de vue des blancs, et plus précisément de celui de Grein, qui les considère comme des barbares sanguinaires, incapables de pitié y compris envers les autres tribus ou envers les animaux, l’une de leur spécialité étant de maltraiter chiens et chevaux. A contrario, lui qui méprise l’instruction et les bureaucrates, reconnaît aux Apaches une incontestable sagesse, qui leur permet de s’adapter mieux que quiconque à la vie dans le désert.
Les Indiens, ce sont donc ces Apaches ou du moins une poignée d’entre eux, qui, suite à un conflit au sein de leur tribu, ont constitué une petite troupe de guerriers menée par Toriano, et pris la route du sud pour partir en guerre contre les blancs, menaçant de rompre la paix relative qui s’était finalement installée entre leur clan et l’occupant américain.
Les ordres transmis à Grein sont ambigus. Il s’agit officiellement de capturer Toriano, mais son supérieur laisse entendre que certains seraient favorables à ce qu’il élimine l’Apache, ce dont l’éclaireur a bien l’intention.
Grein s’entoure pour ce faire "d’un bel assortiment de gredins et de dangereuses crapules". C’est en tous cas un groupe hétéroclite, comptant son plus fidèle ami, un buveur invétéré et joyeux drille, un nain difforme et muet dont le profond amour pour les chevaux fait le meilleur des palefreniers, et deux éclaireurs apaches peu assortis. L’un, élevé par un couple de blancs, est instruit et américanisé, l’autre, de pure souche, est taciturne, sec et infatigable, doté d’une exceptionnelle acuité qu’il met au service de la haine qu’il voue à son propre clan, responsable de la mort de son père.
On leur adjoint un lieutenant plus habitué à la revue des troupes qu’au terrain, avec lequel les relations sont immédiatement tendues.
La traque, au cœur d’un désert s’étirant à l’infini, que seuls les plus courageux s’aventurent à traverser, est interminable, cauchemardesque. Les poursuivants voyagent de nuit, subissent la dureté d’un environnement grandiose mais hostile, abondamment dépeint, avec ses profondes ravines calcaire, ses amoncellements de sable soufflés par le vent, ses cactus gigantesques, ses lumières de lever de soleil…
Ah oui, c'est une collection chez Actes sud, direction : l'ouest, le vrai!
RépondreSupprimerOui, tout à fait, j'en ai noté quelques autres, un bon western de temps en temps, c'est plaisant.
SupprimerJe n'ai pas bien compris le point de vue de l'auteur concernant les Apaches ?
RépondreSupprimerAh mince, je n'ai sans doute pas été très claire alors.. disons qu'ils les considèrent comme de dangereux sauvages irrécupérables qu'il est indispensable d'éliminer. Mais d'un autre côté, il admire leur force et leur adaptabilité à leur environnement. Il oscille entre détestation et respect, c'est assez étrange maintenant que j'y pense (tu as mis le doigt sur quelque chose, là !!).. En tous cas, le récit ne nous place jamais du côté de ces "sauvages", impossible donc de savoir si les convictions de Grein à leur sujet sont fondées..
SupprimerJe ne savais pas que les éditions Actes sud publiaient des westerns. Je me "fournis" généralement chez Gallmeister ou 10/18.
RépondreSupprimerEt comme toujours chez cette maison d'éditions, les couvertures sont très soignées, voici le lien vers leur catalogue spécifique, si le coeur t'en dit : https://www.actes-sud.fr/recherche/catalogue/collection/1793?keys=
SupprimerJ'ai regardé un peu trop de westerns je crois, le thème ne m'attire plus du tout, ou alors il faut qu'il soit traité autrement.
RépondreSupprimerJe peux comprendre, je n'en lis moi-même qu'à l'occasion, pour conserver le plaisir... Ceci dit chez Gallmeister il y a vraiment du bon dans ce domaine, et comme tu l'évoques, souvent abordé de manière différente. Je pense notamment à Le pouvoir du chien de Thomas Savage et il y a aussi la série de McMurtry, que je n'ai pas lue, mais qui a l'air excellente.
SupprimerJe pense que j'ai dû voir l'un ou l'autre des films qui en ont été tirés, en tout cas l'intrigue me dit quelque chose...
RépondreSupprimerJe note pour une lecture via emprunt en bibli si possible, merci!
(s) ta nd loi du cine, "squatter" chez dasola
Il a fait l'objet de deux adaptations : une en 1953 sous le titre "Le sorcier du Rio Grande" avec Charlton Heston, et une en 1972 (Fureur Apache) avec Burt Lancaster. Actes Sud propose par ailleurs une postface de Bertrand Tavernier sur le roman, très intéressante. A bientôt !
SupprimerPas très western mais c'est intéressant l'existence de cette collection. Il doit y avoir un public.
RépondreSupprimerOui, je ne suis pas personnellement une grande aficionada du genre, mais de temps en temps, ça donne un petit goût de nostalgie pas désagréable...
SupprimerTa première phrase, rien que ta première phrase et j'avais déjà saisi le stylo et le carnet pour le noter. Je suis étonnée que tu n'ai pas lu Mc Murtry ... Dans sa série non plus , le point de vue des "sauvages" n'est pas pris en compte, ils restent des ennemis redoutables et pour cela respectables ... cela "date" effectivement l'écriture mais est assez représentatif d'une ambiguïté de la littérature américaine, qui n'est pas inintéressante.
RépondreSupprimerJe pense qu'il est très différent de la série de Mc Murty, ne serait-ce que pas sa brièveté : on est là dans un récit qui ne s'embarrasse pas de digressions psychologiques... mais c'est plaisant, et comme je l'écris, ça donne un peu le sentiment de revoir un vieux film (de la Dernière séance..), avec le goût de l'enfance qui va avec...
SupprimerJe l'ai lu il y a des années (et il faut lire Lonesome Dove!!) depuis je ne lis plus de Gallmeister (je préfère lire en anglais à nouveau) mais j'avais bien aimé l'oeuvre car il y a comme tu le dis une forme de respect. Et cela reflète bien l'époque ! les sauvages ne sont devenus "gentils" que très récemment hélas !
RépondreSupprimerOui, j'ai bien retenu le (ou plutôt LES) McMurty...
SupprimerCette collection me fait les yeux doux depuis déjà un bout de temps. Et Tavernier était un sacré spécialiste, donc suite à ta chronique, je vais me laisser tenter, peut-être pas par ce titre en particulier, mais en tout cas par cette collection, possiblement du côté de Ernest Haycox ou Alan Le May, merci beaucoup ! Il y a tellement de références sur ton blog !
RépondreSupprimerJ'ai noté aussi Alan Le May il y a un certain temps, mais je n'ai pas encore pris le temps de le découvrir. Et merci pour ta visite !
SupprimerDe rien ! En revanche as-tu découvert Ernest Haycox ? Visiblement très bien coté !
SupprimerNon, je ne le connais que de nom, car j'ai souvent été attirée par les couvertures de ses titres qui sont très belles, dans cette collection "western" d'Actes Sud.. mais je retiens aussi, alors.
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