LE RECAPITULATIF DE L'ACTIVITE

"Pulp" - Charles Bukowski

"Prenez les stars de cinéma par exemple, on leur retape le visage avec la peau des fesses. (…) Du coup, ces stars finissent leur existence avec une tête de cul."

Autant l’annoncer d’emblée : si je n’avais pas lu ce titre dans le cadre de l’hommage à Goran proposé cette année par Madame Lit, j’aurais très vite jeté l’éponge ! Je n’ai pas découvert Charles Bukowski à cette occasion. J’ai en effet lu il y a quelques années ses "Contes de la folie ordinaire" et "Journal d’un vieux dégueulasse" qui, s’ils m’ont souvent agacé par leur grossièreté et leur misogynie, n’en sont pas moins dotés d’une poésie -dans le genre abrupt- et d’une sincérité qui ont fini par me séduire.

"Pulp", dont le synopsis m’avait pourtant mise de bonnes dispositions, ne m’a même pas divertie…

L’avantage, avec Charles Bukowski, c’est qu’on sait de suite où l’on est, c’est-à-dire dans l’envers du politiquement correct. Pas de ronds-de-jambe ni de fioritures, dès les premières lignes le ton est donné, et la personnalité du narrateur plantée. Nicky Belane, réputé être le meilleur privé de Los Angeles, subit depuis trop longtemps une solitude qui le rend sensible au moindre stimuli sexuel (une voix de femme "genre le sexe sur la langue" ou la photo d’une autre qui lui donne une envie immédiate de "coincer cette pute le dos au mur"), et fournit à l’auteur un prétexte pour déverser tout au long du roman quantité d’insanités qui feront hurler les féministes et tourner de l’œil les culs-bénits (quoi que la probabilité que ces derniers ouvrent un livre de Charles Bukowski soit très faible, voire nulle).

Mais de quoi est-il ici question, digressions libidineuses mises à part ? 

La Grande Faucheuse -représentée sous les traits et la silhouette d’une bombe omnisciente- fait appel à notre héros pour qu’il retrouve Louis-Ferdinand Céline qui, plutôt que de jouir du repos éternel qu’il est censé avoir atteint, se promène impunément dans le monde des vivants, passant une grande partie de son temps à fureter en librairie à poser moult questions sur William Faulkner et Carson McCullers. Belane est en même temps mandaté par deux autres clients dont l’un cherche un mystérieux Moineau Ecarlate, quand le second souhaite simplement obtenir des preuves de l’adultère de sa femme.

Evidemment, la résolution de ces différentes missions n’a ici guère d’intérêt sauf pour Belane, que sa passion pour les courses et sa consommation frénétique d’alcool mettent fréquemment à sec. L’ensemble est une succession de rebondissements loufoques -avec leur lot de bagarres et de courses poursuite-, de dialogues délirants, de cuites et de leurs lendemains peu glorieux, mélange de codes du roman noir et d’absurde. Le quotidien du héros, quand il ne pourchasse pas ses cibles, est morne et désespéré, plombé par le bilan d’une vie d’échecs sentimentaux, et le las écœurement que procurent la laideur du monde et la vacuité de l’existence.

Alors oui, j’ai de temps en temps souri à certains traits d’esprit bien placés, aux références littéraires (Fante, Celine) que l’auteur glisse comme en passant dans son texte, j’ai apprécié les passages où le narrateur semble lui-même se moquer d’un mal-être existentiel qu’il exprime avec une grandiloquence volontairement expéditive à laquelle il entremêle la crudité de réflexions prosaïques… Mais la plupart du temps, avec son humour au premier degré, sa vulgarité, son histoire qui se perd dans des circonvolutions répétitives, ce roman m’a juste ennuyée.

"Vivre épuise quand on ne cesse de perdre."


Ont également participé à cette lecture en hommage à Goran :


Une lecture qui rentre également dans le cadre du Mois Américain, chez Belette

Commentaires

  1. Oh ! Mince ? Moi j'ai bien rigolé : "nous sommes dans le loufoque absolu et je me suis bidonné du début à la fin. Bukowski pastiche à merveille les romans de gare, le polar et les histoires fantastiques avec des monstres."

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    1. Comme je l'ai écris chez toi, le titre que tu as lu m'aurais plu davantage.. je n'ai personnellement pas été sensible à l'humour de "Pulp".

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  2. Bonjour Ingannmic!
    J'ai dû en lire un, de ces Bukowski, à la fin du siècle dernier – c'était transgressif, sur le moment. Mais je ne me souviens même plus de son titre. Peut-être était-ce celui-ci?
    Bonne fin de semaine à toi!

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    1. Bonjour Daniel,
      J'avais lu deux autres titres il y a quelque temps aussi, et j'avoue que je n'en ai pas non plus gardé un souvenir très marquant (j'ai dû relire ma critique du "Journal.." pour me rafraîchir la mémoire).
      D'autres participants à cette lecture commune y ont davantage trouvé leur compte que moi, et qualifié ce titre de divertissant... c'est toujours ça !
      Bon week-end,

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  3. Pas vraiment tentée...
    Pour revenir sur ta remarque en commentaire chez moi, sur la grosse image floue qui assaille les yeux, 1) j'ai l'impression que c'est juste le propriétaire du blog qui a ça, (ou alors tu as changé entre temps? parce que là ça va chez toi) 2 ) j'ai viré l'image dans l'article épinglé (on le laisse quand même dans l'article) et ouf c'est mieux.

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    1. Ah mince, j'ai répondu à ton commentaire plus récent sans lire celui-là.. donc je te confirme que le flou est pour tout le monde, c'est pour ça que j'avais laissé tomber l'idée de mettre en avant le dernier article, et supprimé la grosse image (mais du coup tu m'inquiètes en me demandant si j'ai changé quelque chose, car il n'y a normalement jamais eu ici de "grosse image"..).

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  4. Il n'y a rien de plus correct que des propos sexistes (sinon on en entendrait moins). J'imagine que la poésie à petites doses choisies doit être séduisante, surtout avec des trouvailles verbales. Mais pour le reste... merci de te l'être infligée !
    nathalie

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    1. Oui, bah je crois que je recommencerai pas... heureusement qu'il est court, parce cela finit, au-delà de l'ennui, par être même fatigant comme lecture !

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  5. Heu... je t'ai laissé un commentaire? Je demandais si tu étais arrivée à diminuer la taille de l'image? On dirait que oui. CF nos échanges chez moi.

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    1. Coucou, en fait mon but était de mettre en avant le dernier article du blog en mettant une image plus grande, comme sur le tien, mais dès le départ, dans le paramétrage, j'avais le choix entre ça, et ce pour quoi j'ai finalement opté, parce que je n'arrivais pas à avoir une image nette avec l'option 1.
      Pour ça, je suis allée dans Mise en page, Corps de la page, Article épinglé, j'ai désactivé "Activer l'image".

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  6. Voilà un auteur qui ne m'a jamais attirée, je ne pense pas que j'y trouverais mon compte. Je passe sans regret.

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  7. A voir les heures, mon deuxième commentaire n'est pas passé, que fait blogspot? ^_^

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    1. C'est de ma faute, il était dans mes spams, je ne l'ai pas vu...

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  8. De mon côté, je me suis bien amusée avec Nick Belane! Je n'avais jamais ouvert un livre de Bukowski et je dois admettre que je vais y remédier en lisant d'autres bouquins de cet auteur. Désolée si tu as passé un mauvais moment de lecture...

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    1. Alors j'ai lu la chronique de Madame lit en premier et elle a réussi à titiller ma curiosité malgré mes aprioris sur le bonhomme... en te lisant, je doute à nouveau

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    2. @ Madame Lit : Je suis contente que certains aient trouvé leur compte à l'occasion de cette LC... j'imagine que ton choix aurait bien fait rire Goran en tous cas...
      @ Doudoumatous : à toi de voir, tu peux essayer, il est court... mais sinon, le titre qu'a lu Le Bouquineur me semble mieux..

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  9. Ouh Buk... J'ai lu les nouveaux contes de la folie ordinaire et ça m'a suffi.^^

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    1. Et comme tu l'auras compris, ce n'est pas moi qui chercherai pas à te convaincre de lui donner une autre chance !

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  10. Pas du tout, du tout ma came que ce Bukowski ! J'avais lu Contes de la folie ordinaire il y a très longtemps, quand il "fallait avoir lu Bukowski " pour être transgressif et à la mode . Je m'y étais juste profondément ennuyée. C'est le seul souvenir que j'en garde.... Du coup, j'ai rejeté un oeil sur la fameuse émission de Pivot où il était invité ... Mmouais ...

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    1. Je ne suis pas très étonnée par ton commentaire... j'en ai quand même lu 3 finalement, mais je m'arrêterai là, cela suffira sans doute pour justifier de mon goût pour la transgression dans les milieux interlopes !!

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  11. Devant ses avis très partagés, je vais devoir tenter et me faire ma propre opinion. En dehors de la lecture commune, je n'aurai aucun scrupule à abandonner en route si je m'ennuie autant que toi ;-D

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    1. Je serais curieuse d'avoir ton retour sur cette lecture, y compris en cas d'abandon !

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  12. Comme tu l'as dit, si on aime l'idée, l'épiphanie et quelques blagues, on tourne vite en rond !

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    1. Oui, j'ai l'impression que nos expériences ont été similaires...

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  13. tu me fais rire ! On te sent surtout agacée :) J'aime bien l'auteur mais à petites doses et je n'ai pas lu ce titre.

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    1. Oui, tu as bien senti ! Comme tu dis, ça peut passer à petites doses, et je peux m'accommoder de la vulgarité et de l'humour potache s'il n'y a pas que ça... là, il n'y a pas grand-chose pour compenser.

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  14. Un auteur dont je pense ça casse ou ça passe... j'ai pas encore tentée de le lire car peur d'être déçue par son côté "vulgaire".

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    1. Si tu n'aimes pas la vulgarité, je te conseille en effet de passer ton tour !

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    2. C'est ce que je vais faire 😅

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