"Tout garder" - Carole Allamand
"Les gardeurs, les bergers de l'inutile : j'aime cette appellation légèrement bucolique et qui ne sent pas le renfermé."
L’auteure découvre ainsi que sa mère, pourtant toujours élégante et tirée à quatre épingles, était atteinte du syndrome de Diogène, et réalise qu’en plus d’être superficiels, les rares liens qu’elle entretenait avec elle étaient basés sur le mensonge. Elle éprouve aussitôt le besoin de comprendre. À quel désordre intérieur, à quel besoin cette pathologie faisait-elle écho ?
En même temps qu'elle entreprend de trier et de vider, aidée de quelques amis, l’immense capharnaüm qui n’en finit pas de livrer ses sordides surprises, des souvenirs de son enfance refont surface. Elle tente d'y trouver, s’appuyant par ailleurs sur les indices que pourraient lui livrer certains des objets, les raisons de la détresse maternelle.
C’est à l’adolescence que Carole a commencé à entrevoir l’étrangeté de certains des comportements maternels, comme de ranger les ustensiles de cuisine sans les laver, d’entasser tant de vêtements ou de journaux sur les chaises qu’il était impossible de de s'y asseoir… elle se souvient également d’épisodes dépressifs. Sa priorité était alors d’échapper à cet environnement familial où elle ne recevait ni affection, ni attention. Ses parents refusant de financer ses études –"elle avait qu’à ne pas en faire"-, elle a quitté son foyer à dix-sept ans et s’est débrouillée seule.
Maintenant qu’elle se penche sur les événements susceptibles d’être à l’origine de la pathologie de Nelly, elle voit une vie faite d’empêchements et des contraintes liées à son statut de femme dans une société où le droit de vote ne leur fut accordé qu’en 1971. Sa mère n’a pas pu faire les études qu’elle voulait, a dû renoncer à son grand amour de jeunesse pour finalement subir une vie étriquée aux côtés d'un homme alcoolique et brutal, qu'elle n'aimait pas.
Commentaires
Fascinant ...
Mais il est apparemment difficile de comprendre les causes à l'origine de la maladie.
J'ai noté ce titre chez Miss Sunalee car quelques jours avant de lire son article, le hasard a fait que j'ai appris l'existence de ce syndrome par des amis qui venaient de perdre un proche qui en était atteint, et qui ont dû vider son appartement...