"Nos jours heureux" - GONG Ji-young
"Si on traite une personne monstrueusement, elle devient un monstre (Traité de psychologie criminelle)."
1996. Jugé coupable d’un triple meurtre, Yunsu attend son exécution dans le couloir de la mort d’une prison sud-coréenne. C’est là que Yujeong fait sa connaissance.
Le récit est l’alternance de leurs histoires respectives.
Celle de Yunsu est placée depuis l‘enfance sous le signe de la violence et de la destruction. Son jeune frère Eunsu et lui ont connu la maltraitance familiale puis l’orphelinat, Yunsu s’efforçant de protéger son cadet, que sa fragilité désignait comme une victime idéale, de la violence du monde. Endurci par la misère et l’omniprésence de la brutalité dans sa vie, il a mal tourné.
Yujeong a quant à elle été élevée dans un milieu aisé, ce qui ne l’a pas empêché de souffrir de misère affective, et notamment du rejet d’une mère cruelle et humiliante, qui ne lui a jamais pardonné d’avoir mis en péril l’honneur de leur famille. Dépressive, obsédée par la mort, c’est suite à sa énième tentative de suicide que sa tante Monica, religieuse et visiteuse de prisons, lui a proposé un marché : lui éviter l’internement en hôpital psychiatrique en l’accompagnant lors de ses visites à Yunsu.
D’abord réticente à engager le dialogue avec le condamné, dont la nature des crimes l’horrifie, Yujeong apprend peu à peu à le connaître, ce qui l’amène à de multiples questionnements sur les mécanismes de la violence et sur la pertinence d’une justice qui pour punir le meurtre, tue à son tour. Elle relativise son propre jugement vis-à-vis du condamné, prenant conscience de la complexité des êtres et du poids des circonstances sur leurs actes, mais aussi de l’iniquité d’un système qui tout en offrant l’impunité aux plus riches, dénie aux plus pauvres toute possibilité de rédemption ou de réparation.
Avec ce titre, GONG Ji-young remet en cause la légitimité morale mais aussi l’utilité de la peine de mort, qui dans son pays est considérée comme constitutionnelle. Elle brosse par ailleurs de la société sud-coréenne, plombée par les injustices sociales, où les autorités traitent avec violence les militants du mouvement pour la démocratie, un portrait peu reluisant. Mais si la démarche est louable et le propos fédérateur, j’ai eu du mal, d’un point de vue littéraire, à y trouver mon compte. Sans doute trop focalisé sur son message, le récit en devient démonstratif, les dialogues et la psychologie des personnages se parant d’une dimension schématique qui nuit à la crédibilité de l’ensemble.
Un autre titre pour découvrir GONG Ji-young : Les enfants du silence
Petit Bac 2024 chez Enna, catégorie SENTIMENT
Dommage pour le côté trop démonstratif car le sujet me plaisir bien
RépondreSupprimerC'est dommage pour le style car le sujet est intéressant. Je ne connais pas l'auteur mais j'ai sans doute vu passer des avis sur le livre car la couverture me dit quelque chose.
RépondreSupprimerIl n'y a donc pas qu'en France que "les autorités traitent avec violence les militants du mouvement pour la démocratie"... ;-(
RépondreSupprimer(c'est parti pour le commentaire test nouvelle formule !)
Vaste et passionnant sujet, a fortiori dans un pays où la violence suprême est pratiquée avec la peine de mort...
RépondreSupprimerAh bon j'apprends que la peine de m ort existe encore en Coré u sud.
RépondreSupprimerSujet intéressant. J'avais déjà repéré ce titre. Mais si le livre est trop démonstratif, je vais passer mon tour.
RépondreSupprimerJe l'ai noté celui-ci, on verra si je l'apprécie vu ton ressenti sur le côté littéraire.
RépondreSupprimerJe te remercie pour cette critique et pour ta participation à mon challenge.
Je te souhaite une très belle journée.
@Luocine : oui, c'est dommage, d'autant plus que cela commençait plutôt bien. Mais au fil du récit, l'évolution psychologique des personnages est brossée à gros traits, la volonté de l'auteure de mettre son propos en avant est trop évidente.
RépondreSupprimerSur le thème de la pertinence de la peine de mort, il y a sinon le très bon Crime, de Meyer Levin.
@Je lis je blogue = j'avais déjà lu cette auteure, mais sans le réaliser (j'ai un peu de mal avec ces patronymes coréens), avec Les enfants du silence, vraiment très intéressant (et très désespérant), sur le thème de la pédophilie. Là aussi elle s'emparait d'un sujet sensible, mais en le traitant de manière plus subtile..
RépondreSupprimer@Sandrine = oui, tu as raison de le souligner (j'ai récemment visionné un documentaire réalisé par Reporterre sur la répression de la manifestation contre la méga-bassine de Ste Soline, c'est atterrant...).
RépondreSupprimerJe l'ai car le Caribou l'a lu et avait beaucoup aimé. J'ai lu ton billet en diagonale car je compte bien le lire à mon tour un jour !
RépondreSupprimer@Sacha = la dernière exécution date de 1997, mais il y a actuellement un condamné en attente de la sienne. Et c'est en 2010 que la peine de mort a été considérée comme constitutionnelle... La Corée du sud est une république, mais comme dans d'autres démocraties (ainsi que le souligne Sandrine :)), les voix contestataires peinent parfois à se faire entendre..
RépondreSupprimer@Cléanthe = je ne sais pas si tu as vu ma réponse à Luocine, mais sur ce même sujet, "Crime" de Meyer Levin, est un excellent titre. On peut le qualifier de "true crime" puisqu'il évoque une véritable affaire judiciaire, qui date des années 1920 et a donné lieu à un battage médiatique aux Etats-Unis.
RépondreSupprimer@Céline = j'ai vu en effet que ce titre faisait partie de tes suggestions de lectures coréennes. Je serai curieuse d'avoir ton avis (je l'avais noté suite à un billet de mémoire enthousiaste..).
RépondreSupprimer@Electra = c'est donc chez elle que j'ai dû le noter ! J'avoue que j'ai personnellement été déçue par le traitement caricatural de l'intrigue et des personnages, mais c'est un point que Marie-Claude n'avait pas soulevé..
RépondreSupprimerDommage, j'aurais bien aimé avoir plus envie.
RépondreSupprimerDrôle de marché de choisir entre l'internement psychiatrique et les visites à un criminel !!
RépondreSupprimerEt les défauts que tu relèves sont en effet redhibitoires?
Dommage parce que la thématique était intéressante.
Je n'étais déjà pas super emballée au départ, mais vu la conclusion de ton billet je laisse tomber sans regrets. La Corée du Sud n'a pas l'air d'être un pays très facile à vivre malgré leur boom économique.
RépondreSupprimerLe livre pourrait me tenter, on verra s'il recroise ma route dans le futur.
RépondreSupprimerSinon, c'est vraiment dommage qu'on ne puisse plus répondre à un commentaire précis juste en dessous. J'ai l'impression qu'on a fait un pas en arrière, là.
@Anne-yès = j'aurais moi aussi préféré avoir à donner envie..
RépondreSupprimer@Hedwige = je crois que sa tante pense ainsi la sortir de sa dépression en l'ouvrant au malheur des autres... et ces défauts m'ont empêché, personnellement d'apprécier ma lecture, mais cela n'a pas empêché d'autres lectrices de l'aimer.
RépondreSupprimerVoici le lien vers le billet de Marie-Claude, qui a été emballée : https://www.hopsouslacouette.com/un-petit-souffle-dasie/
@Aifelle = je t'avoue qu'entre les romans et les films, même si je n'en ai pas lus ou vus tant que ça, c'est un pays qui ne m'attire pas vraiment...
RépondreSupprimer@Miss Sunalee = je regrette aussi l'ancien format des commentaires, mais c'est malheureusement le seul moyen que nous avons trouvé pour que tout le monde puisse en poster sans problème.. tu trouveras cette même pop-up chez d'autres blogueuses qui sont sur blogger..
RépondreSupprimerQuant à ce titre, comme je le précise ci-dessus, il a beaucoup plu à Marie-Claude, alors sans doute que le mieux est que tu te fasses ta propre idée, j'aimerais bien avoir ton avis d'ailleurs !
@Céline = je l'avis vu dans ta sélection coréenne, et puis je l'ai noté suite à l'avis très enthousiaste d'une autre lectrice. Le mieux est de tester, d'autant plus qu'il est relativement court..
RépondreSupprimerun sujet toujours brûlant... dommage pour ton bémol. Plus légèrement : j'ai maintenant la chanson de Ben Mazué du même titre en tête...
RépondreSupprimer@Violette = ah oui, "les voilà qui se pointent".. bon, le sujet n'est pas le même :)..
RépondreSupprimerje ne savais pas que la Corée du sud appliquait encore la peine de mort avant de lire ce titre, qui aura au moins eu le mérite de me l'apprendre.
Je me méfie de la littérature asiatique, coréenne, je n'ai jamais lu...
RépondreSupprimerPeut-être que...
ça me disait bien tant de cruauté ... ( je me demande si je ne vire pas un peu sadique, moi ...) mais si c'est démonstratif, ça ne va pas passer, je le crains.
RépondreSupprimerJe ne savais pas que la peine de mort existait encore là-bas tu me diras j'aurais pu m'en douter !! Le sujet est intéressant malgré tes bémols et à tenter, je vais aller voir si cet auteur est présent dans ma médiathèque en ville...
RépondreSupprimer@Philippe D. = je t'avoue que ce n'est pas une littérature que je lis beaucoup non plus... ceci dit, j'ai aimé dans l'ensemble les quelques romans coréens que j'ai eu l'occasion de lire, et dont tu trouveras la liste ici : https://bookin-ingannmic.blogspot.com/search/label/Cor%C3%A9e%20du%20sud
RépondreSupprimerEn la consultant, je réalise toutefois que la plupart sont assez particuliers... je ne suis pas certaines qu'ils plaisent à tout le monde !
@Athalie = je te le déconseille, en effet, je crois que tu n'y trouverais pas ton compte. L'intrigue et la psychologie des personnages, mises au service du propos, manquent de subtilité...
RépondreSupprimer@Manou = le contexte est en effet intéressant, et instructif.. tu as raison de tenter, tu te rangeras peut-être du côté de Marie-Claude, qui a beaucoup aimé.. (https://www.hopsouslacouette.com/un-petit-souffle-dasie/)
RépondreSupprimerDommage, le thème est intéressant et la mise en scène de départ était plutôt prometteuse, mais si c'est un peu trop démonstratif et caricatural, je pourrais être déçue aussi au final.
RépondreSupprimerEn passant, partante pour une LC Liaisons dangereuses l'année prochaine ! (on s'y prend vraiment des mois à l'avance maintenant^^)
@Fanja= je crois que tu es comme moi sensible à la subtilité des mécaniques narratives et à la complexité des personnages, aussi je ne chercherai pas à te le vendre... et OK pour Les liaisons dangereuses bien qu'en effet, cette anticipation est un peu effrayante. Il ne faut pas trop l'ébruiter, au risque de me faire passer pour une maniaque, mais je tiens un tableau excel de mes piles en fonction des activités auxquelles elles peuvent me permettre de participer, donc j'y note cette future LC...
RépondreSupprimerLe manque de subtilité dans le traitement du sujet et des personnages ne m'engage pas à la lire. Ce qui est dommage car lisant peu sur la Corée, cela m'intéressait d'en apprendre plus.
RépondreSupprimer@Choup = tu peux te tourner vers d'autres titres pour découvrir la littérature coréenne. J'ai bien aimé, de cette même auteure, Les enfants du silence, qui traite de la maltraitance dans une institution pour enfants sourds (c'est une fiction, mais inspirée d'un réel fait divers). Et sinon, il y a plein d'idées à piocher chez Cristie, qui avait organisé une activité autour de cette littérature : https://depuislecadredemafenetre.blogspot.com/2020/04/challenge-coreen.html
RépondreSupprimerCette couverture m’est tellement familière - je l’ai peut-être souvent vue sur la blogosphère ? Mais je dois avouer que l’histoire ne m’attire pas beaucoup.
RépondreSupprimer@Eva = je l'avais personnellement repéré chez Marie-Claude du blog Hop sous la couette ! qui m'avait donné très envie... l'histoire m'intéressait, mais la manière dont elle est traitée, sans subtilité, m'en a détachée.
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