"Sa majesté des mouches" - Andrée de Jongh, d’après l’œuvre de William Golding

"- Ptêt qu'y a une bête.
- Toi, Simon ? Toi, tu y crois ?
- Ptêt qu'en fait, c'est nous."

L’intrigue est généralement connue, même par ceux qui comme moi n’ont pas lu le roman de William Golding.

Suite à un crash aérien, un groupe d’écoliers âgés de six à treize ans se retrouvent sur une île déserte. Afin d’organiser leur survie -entretien du feu, quête de nourriture…-, ils désignent un chef, Ralph, douze ans, qui peut compter sur le soutien du souffreteux "Cochonnet", dont la silhouette rondouillarde suscite les moqueries, et du timide Simon. Dans un premier temps, emportés par leur jeunesse, cette soudaine liberté et l’environnement paradisiaque, l’ambiance est au jeu et à la joie. Mais bientôt les nuits des enfants sont peuplées de cauchemars provoqués par la présence hypothétique d’une créature monstrueuse, et des rivalités naissantes, aiguisées par les velléités de domination d’un certain Jack, font basculer le groupe dans une violence croissante…

Le dessin prédomine, et il est riche, se déploie en pleine page ou en successions de vignettes dont les formats varient. L’accent est mis sur le décor, celui d’une forêt luxuriante et nourricière dont les ombreuses nuances de verts peuvent acquérir une dimension vaguement menaçante, de rivages idylliques se transformant en territoire hostile par temps de tempête… les teintes virent au rouge et noir pour rehausser l’intensité des moments de danger. L’atmosphère et ses variations sont ainsi très bien rendues, et l’expressivité des visages compense leur uniformité.



Le texte est succinct, ne livre quasiment aucune explication sur le contexte antérieur à l’action, et laisse souvent la parole aux images, en effet éloquentes. Ce choix de simplification du texte d’origine nuit, à mon avis, à la crédibilité et à la force de l’intrigue. Le traitement des mécanismes de bascule dans la violence et la montée en puissance de cette dernière manquent de profondeur, et c’est avec un sentiment d’inachèvement que l’on referme l’ouvrage, dont on aura pourtant apprécié l’envoûtant graphisme.


Une participation…




Commentaires

  1. Je n'ai pas lu le livre. Il faut peut-être commencer par là pour pallier aux lacunes de la BD et en apprécier pleinement le graphisme.

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    1. C'est exactement ce que je me suis dit à l'issue de ma lecture...

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  2. Un roman pour les ados que j'ai lu plusieurs fois (quand j'étais bibliothécaire puis quand mes fils l'ont étudié en classe !) et que je ne relirai plus à présent mais pourquoi pas dans cette version BD, dont j'ignorai l'existence. Merci pour la découverte.

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    1. A l'inverse, je lirais bien le roman maintenant ! Mais il me semble qu'il vaut mieux le faire dans le même ordre que toi, l'adaptation comportant des raccourcis qui nuisent à la profondeur de l'intrigue..

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  3. J'adore le roman de William Golding. Pour moi, il fait vraiment partie de mes livres fondamentaux. Je pourrais être intéressée par une interprétation BD, mais là je vois tout de suite que je n'aime pas le graphisme (une page suffit), alors ... plutôt non (sauf s'il me saute dans les bras) :-)

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