"Des murmures" - Ashley Audrain
"Est-ce qu'on va faire comme si rien ne s'était passé ?"
Neuf mois plus tard, c’est depuis cette même chambre que Xavier fait une chute qui provoque son coma.
S’intéressant aux femmes qui orbitent autour de ce drame, l’auteure reconstitue les événements qui l’ont précédé.
Elles habitent toutes Harlour Street, rue d’un ancien quartier populaire d’immigrés portugais en dernière phase de gentrification, où hôtels de luxe, épiceries végan et boutiques hors de prix pour enfants remplacent les dernières boulangeries et magasins de prêt-à-porter de Lisbonne.
Nous avons là Whitney, la mère de Xavier, qui l’est aussi de jumeaux plus jeunes, mais ne s’est jamais investie dans la maternité. Accaparée par son travail, cette executive woman s’est hissée vers les sommets portée par sa haine de la médiocrité. Partant aux aurores et rentrant généralement quand ses enfants sont couchés, elle ne trouve aucune satisfaction dans les rares (et toujours trop longs) moments qu’elle passe avec eux, et a de plus en plus de mal à supporter les airs maussades et l’allure négligée de son aîné. Elle est fière de sa réussite et d’avoir offert, grâce à son ambition, une vie idéale à sa famille : trois enfants, une maison sur une double parcelle, des vacances plusieurs fois par an et des œuvres d’art sur les murs... Portant sur ses épaules toutes les responsabilités et toutes les attentes, elle a par ailleurs permis à son mari, marchand d’art, de travailler en dilettante, uniquement pour le plaisir… l’accident de Xavier, en la confrontant à ses sentiments maternels, a fendu sa cuirasse. Whitney s’effondre.
Blair s’est à l’inverse dédiée à l’éducation de Chloé, huit ans, fillette intelligente, polie et toujours impeccable. Elle s’est arrêtée de travailler à sa naissance, et se consacre depuis à l’ordonnancement et à l’intendance de son foyer, remplit les placards pour que fille et mari ne manquent de rien et n’aient surtout pas à se préoccuper du quotidien. Seulement, à quarante ans et après dix ans de mariage plan plan, elle prend conscience d’avoir laissé derrière elle ses plus belles perspectives, et sent que quelque chose manque à sa vie, sentiment qu’exhausse le spectacle de la réussite des Loverly. Leur maison neuve est un rappel cruel des rénovations que réclame la sienne, et la beauté rayonnante de son amie Whitney la rend d’autant plus consciente de ses imperfections.
Rebecca elle, n’a pas d’enfant, et c’est le drame de sa vie, un drame d’une sinistre ironie, puisqu’elle est pédiatre à l’hôpital. Après une succession de fausses couches, dont elle se sait être physiologiquement la cause, elle reste obsédée par la maternité, entretient son espoir en prenant en cachette des photos de femmes dont les bébés ont miraculeusement survécu. Voisine de Blair et de Whitney, c’est elle qui est de garde lorsque Xavier est admis à l’hôpital.
Mara complète la galerie. Octogénaire et d’origine portugaise, elle représente, parmi les habitantes d’Harlour Street, l’avant. Elle observe les va-et-vient de ses richissimes voisines, apprécie que des avions en papier atterrissent parfois dans son jardin : ils lui rappellent son propre fils…
Les murmures sont ces intuitions, ces lointaines voix intérieures qu’on refuse d’entendre parce qu’elles viendraient briser l’apparente harmonie que l’on sait inconsciemment fragile, mais à laquelle on refuse d’opposer toute alternative. Ce sont celles qui suggèrent à Whitney qu’elle est une mauvaise mère ou celles qui persuadent Rebecca que son utérus hostile fait d’elle une femme sans valeur. Ce sont les soupçons de Blair quant à la trahison de son mari, dans la poche duquel elle a trouvé un morceau d’emballage de préservatif...
La mécanique de l’intrigue est bien huilée, les différents mystères qui la pimentent (qu’est-il réellement arrivé à Xavier ? avec qui le mari de Blair la trompe-t-il ? ...) habilement entretenus, à coups de secrets et de mensonges qu’alimentent l’envie, l’incommunicabilité ou la terreur de perdre l’illusoire bonheur que l’on croit avoir bâti.
Ça se lit donc sans déplaisir, mais avec l’agacement latent que provoquent ces figures féminines respectivement trop emblématiques des différentes facettes de la maternité…
Et ce sera sans doute vite oublié…
Les figures féminines semblent en effet un peu caricaturales et faire le tour de toutes les facettes de la maternité, mais si ça se lit facilement cela peut faire une bonne lecture de vacances. Parfois cela fait du bien aussi...Merci de nous l'avoir présenté, je ne dis jamais "jamais"...
RépondreSupprimerAu fur et à mesure que je lisais les différents portraits de femmes, je me disais " ça fait catalogue là, elle n'a pas dû aimer ... " Et un de moins à lire ^-^ !
RépondreSupprimerLe genre de livre qu'on a l'impression d'avoir déjà lu plusieurs fois. Dans un moment de fatigue, peut-être ..
RépondreSupprimerJe te confirme que c'est vite oublié... Avant d'entamer ton résumé, je me suis creusé la tête et rien en me revenait ou alors un autre roman avec des personnages et une ambiance un peu semblables... Et pourtant je l'ai lu au mois de mai de cette année !
RépondreSupprimer