"L’enfant noir" - Camara Laye
"Je n'avais pas l'âge ni la curiosité d'interroger les vieillards, et, quand enfin j'ai atteint cet âge, je n'étais plus en Afrique."
Il grandit à Kouroussa, un village de Haute Guinée, dans un environnement fortement imprégné de traditions et de magie. Son père est forgeron et orfèvre. Son atelier, où l’enfant aime observer la dextérité paternelle, est la pièce maîtresse de la concession, constituée de plusieurs cases, où vit la famille. En tant qu’aîné, le narrateur vit, entouré de grigris pour éloigner les mauvais esprits, dans la case de sa mère, femme indépendante et un peu sorcière, à la personnalité imposante.
A la saison des moissons, il rejoint sa famille maternelle (oncles et grand-mère) à la campagne, à quatre heures de marche. Il y fait paître le bétail, se livre à des jeux d’extérieur, un peu engoncé dans ses vêtements de citadin qui font sensation auprès de ses camarades. Il s’y émerveille de la beauté du passage du printemps à l’été, riche de fleurs, de parfums et de chants d’oiseaux, mais aussi de la simplicité et de l’extrême civilité qui président aux relations dans cet univers rural où l’on chante et danse beaucoup.
Ce monde de l’enfance est celui de bonheurs simples et d’un quotidien marqué par le strict respect de coutumes et de protocoles entremêlant emprunts à l’islam et aux rites sorciers (telle l’impressionnante cérémonie dédiée à la circoncision, précisément dépeinte), mais aussi à l’héritage colonial. L’instruction a notamment une importance capitale, ainsi que le lui rappelle constamment son père. Elève doué, Laye fréquente l’école française. Ayant brillamment réussi dans le secondaire, il est incité, au nom des sacrifices faits pour sa scolarisation et des espoirs que la famille place en lui, à partir à Conakry pour y poursuivre ses études. Il y découvre un autre monde, plus européanisé, rencontre une jeune femme avec laquelle il entame une relation platonique, de tendre amitié…
Ce parcours fait d’initiations, de découvertes, mais aussi d’ambitions personnelles est retracé a posteriori, alors que Camara Laye est installé en France depuis plusieurs années. C’est pour lui l’occasion de s’interroger, sur un mode parfois mélancolique, sur ce qu’il reste du secret des rites de son enfance, et sur la manière dont l’exil, mais aussi les mutations du monde, amputent les individus, en les coupant de leurs traditions, d’une part d’eux-mêmes.
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