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Affichage des articles du septembre, 2025

"Pantagruel" - François Rabelais

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"Quand tu mettras ton nez dans mon cul, dit panurge, n’oublie pas d’enlever tes lunettes." Pour ce troisième rendez-vous de la Saison 6 des "Classiques fantastiques", Moka nous invitait à lire un titre figurant dans les programmes français du baccalauréat ou de l’agrégation, sections lettres ou philosophie. Le "Pantagruel" de Rabelais, écrit en 1532, figure dans le second (Lettres Classiques), et était également présent, par un heureux hasard, dans l’une de mes piles (celle que je garde pour ma retraite, qui compte entre autres une édition quarto Gallimard bilingue regroupant Les cinq livres des faits et dits de Gargantua et Pantagruel). J’ai entamé ce texte un peu intimidée, et avec quelque appréhension quant à son accessibilité… j’ai vite été rassurée, notamment grâce au travail des traducteurs qui ont converti la langue de Rabelais en français moderne. Sans doute ai-je lu, à l’occasion de mon cursus scolaire, des extraits de Pantagruel ou de Gargantua, ...

"Cold case" - Alexandre Labruffe

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"Le diable est dans le bétail." Après sept ans de vie commune, la compagne coréenne d’Alexandre lui annonce qu’elle a eu un "oncle congelé". Agé d’une vingtaine d'années, il a été retrouvé mort un matin glacial de l’hiver 1971 dans le local à poubelles de l’établissement psychiatrique d’où il avait tenté de s’enfuir. C’était à Toronto, où son père l’avait forcé à s’exiler avec ses deux plus jeunes frères. Selon Minkyung, cet événement est à l’origine de la folie qui a valu à son propre père d’être interné durant une grande partie de sa vie. Eberlué non seulement par la nouvelle mais aussi par le fait qu’elle soit restée tue aussi longtemps, il décide de résoudre l’énigme liée à cet événement sur lequel la famille a posé une chappe de silence. Il collecte des éléments auprès de sa compagne au cours de véritables séances d’interrogatoires, mais questionne aussi les autres membres du clan, notamment la mère de Minkyung, qui ne lui accorde, et avec réticence, que de...

"De Marquette à Veracruz" - Jim Harrison

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"(…) il est presque terrifiant de penser qu'une panne de carburateur modifie parfois de manière radicale le cours d'une existence." Pour s’émanciper d’une figure paternelle haïe, le narrateur, David Burkett, se lance dans une enquête familiale. Il est issu d’une lignée prospère de la région des Grands Lacs (Michigan), qui a bâti sa fortune sur l’exploitation des forêts, notoirement de manière illégale. Ses ascendants ont dévasté un demi-million d'arpents de pins blancs qui ne leur appartenaient pas. C'était à l'époque d’un mythe que certains remettent aujourd’hui en question, celui de la conquête de territoires faciles à s’approprier pour tout ambitieux dénué de scrupule. Si la haine de David se focalise essentiellement sur son père, ce n’est pas parce que ce dernier, alcoolique et paresseux, a dilapidé une partie de la fortune familiale, mais en raison de ses agissements pédophiles, pour lesquels il n’a jamais été inquiété, protégé par son statut de riche...

"Le gang de la clé à molette" - Edward Abbey

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"Le bien le plus précieux est la liberté, pas la sécurité." Ils sont quatre, formant un groupe délicieusement hétéroclite (mais complémentaire). Doc Sarvis, chirurgien d’Albuquerque, et sa jeune et belle assistante Bonnie Abbzug, constituaient déjà un duo. Ce drôle de couple -elle petit bout de femme arrogante, lui immense ursidé chauve et à la peau rose, gentil et généreux, un peu adolescent attardé- pratique un curieux hobby, consistant à brûler les panneaux publicitaires des bords de route… Ils rencontrent Seldom Seen Smith à l’occasion d’une excursion en canoé. L’homme, né dans la communauté des Mormons, pratiquant la polygamie mais "en congé sabbatique permanent à l’égard de sa religion", est considéré par ses coreligionnaires comme un renégat. Il connait comme sa poche ce Sud-ouest des Etats-Unis où il exerce en tant que guide de randonnée fluviale. Le quatrième larron s’ajoute au groupe à l’initiative de Smith, qui doit remplacer l’assistant qui vient de lui ...

"Rhapsodie balkanique" - Maria Kassimova-Moisset

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"Miriam (...) pouvait apparaître comme un sentiment et disparaître comme une pensée." Bourgas, petite ville de Bulgarie, au début du XXème siècle. Todor y tient une épicerie. C’est un homme occupé, souvent absent, dont la femme et les enfants ont à peine le temps, le matin, d’apercevoir la silhouette habillée du tablier qu’il vient d’enfiler avant de se rendre à son magasin. Un tablier bien blanc. Le lavage du linge, ponctuant toute l’histoire familiale et découpant la journée, est une des principales occupations de la mère, Theotitsa, qui s’y adonne en respectant chaque jour la même exacte routine avec une dévotion quasi religieuse. Par ailleurs bigote, à sa manière toute personnelle, émaillée de superstitions, c’est une femme dure, asséchée par la perte de trop nombreux enfants. Une douleur qu’elle entretient en secret, en se plongeant dans le coffre où elle a entreposé les reliques attestant du passage trop fugace dans l’existence de chacun d’eux. Seuls deux garçons, dorén...

Sous les pavés, les pages : c'est parti !

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Athalie et moi avons le plaisir de lancer la quatrième saison de Sous les pavés, les pages. Vous pouvez à partir de maintenant déposer vos liens sur ce blog ou celui d'Athalie. Je mettrai à disposition un billet récapitulatif dans la marge gauche de ce blog à cet effet, mais vous pourrez nous signaler vos participations sur tout autre billet. J'ai déjà recensé ci-dessous quelques billets en lien avec la thématique publiés un peu en avance...  Retrouvez les billets de lancement, avec des suggestions de titres et des propositions de lectures communes ICI et LA . LES PARTICIPATIONS Non Fictions Vaudine England - Fortune’s Bazaar. The Making of Hong Kong : Miss Sunalee Lullie - Carnet d'une urbotaniste : Keisha Vincent Périat - Atlas inutile de Paris : Keisha  / Anne-yes Dolores Prato - Bas la place y'a personne : Nathalie Philippe Sands - Retour à Lemberg : Athalie Fictions Jakuta Alikavazovic - Au grand jamais : Pamolico Kate Atkinson -  Le règne de la nuit : Kath...

"Un fils de notre temps" - Odön Von Horváth

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"Mais voilà que le monde est une porcherie." Cela fait six mois que la narrateur est soldat. Il est ainsi enfin sorti d’une longue période d’indigence et d’incertitude morale dans laquelle les circonstances de la vie l’avaient plongé, l’acculant au vol, le rendant triste et amer. L’assurance d’avoir un toit sur la tête, des vêtements propres et de la nourriture à chaque repas lui a subitement fait recouvrer sa dignité, et empli d’une ferveur patriotique aux tendances bellicistes et suprémacistes. Fier de cet empire fort et puissant dont il est un des nouveaux combattants, le voilà prêt à contribuer à son expansion, en partant à la conquête de nouveaux territoires. Il ne s’agit même pas vraiment de guerre mais de "nettoyage", de se soumettre à la logique naturel d’un monde où règne la loi du plus fort, et ceux qui ne l’ont pas compris ne méritent que son mépris. C’est le cas de son père, vétéran de 14-18, qui passe son temps à se plaindre et qui en est réduit à faire...

"Roman" - Vladimir Sorokine

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"Est-il rien de plus beau, de plus charmant et de plus simple qu’un bouquet d’herbes et de fleurs des champs, au temps brûlant de la fenaison ?" Je sors de la lecture de "Roman" complètement sonnée... Un peu en colère aussi, à vrai dire. Cela commence comme un classique russe du XIXème siècle. Enfin non. C’EST, pendant la majeure partie de l’ouvrage (plus exactement 80 %, j’ai calculé), un classique russe du XIXème siècle. Me voilà donc partie en compagnie de Roman, jeune trentenaire et personnage principal de l’intrigue, qui quitte la carrière d’avocat qu’il a à peine entamée en ville, pour regagner son hameau natal de la Roide-Combe, où il compte se faire peintre. Il y est accueilli les bras ouverts par son oncle Anton et sa tante Lidia, qui sont aussi ses parents adoptifs. Dans les premiers temps de son séjour, il espère ardemment tomber sur l’indépendante et impétueuse Zoïa, son amour de jeunesse. Mais lorsqu’il la rencontre enfin, accompagnée d’un fiancé falot ...

"Le couteau" - Jo Nesbø

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"Il n’y avait pas dans le monde assez d’alcool pour feinter cette douleur." Harry Hole est emblématique d’un certain type de policiers romanesques qu’affectionneraient, si l’on en croit le Dictionnaire amoureux du polar de Pierre Lemaître, les auteurs nordiques : alcooliques, dépressifs, leur vie personnelle est au mieux chaotique, au pire désastreuse. Il précise que la lecture de vingt pages de Jo Nesbø lui donne envie de mourir… Je peux le comprendre. Je ne sais pas si l’auteur a des comptes à régler avec ce personnage qu’il nous fait suivre depuis vingt-sept ans, mais on a l’impression qu’il s’acharne un peu, quand même. Au début de ce douzième opus de la série, voilà Harry, une fois de plus, au fond du trou. Rakel, l’amour de sa vie, celle grâce à qui il avait trouvé un autre but dans sa vie que la traque obsessionnelle des criminels, vient de le mettre dehors après avoir appris une vieille infidélité. Après une nuit de beuverie, il se réveille d’un quasi coma sans aucun ...

"Les naufragés du Wager" - David Grann

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"Au-dessous de cinquante degrés de latitude, il n’y a plus de loi. Au-dessous de cinquante degrés, il n’y a plus de Dieu." Septembre 1740. C’est l’époque des grandes conquêtes auxquelles se livre l’Europe pour acquérir des territoires toujours plus vastes et s’approprier richesses et ressources de contrées lointaines. Un conflit colonial opposant l’Espagne à l’Angleterre, cette dernière appareille une flotte pour aller s’emparer du trésor d’un galion espagnol -" la plus riche prise de tous les océans "- stationné dans la région du Cap Horn. C’est ainsi que l’escadre à laquelle appartient le Wager quitte Portsmouth avec à son bord quelques 250 officiers et hommes d’équipage, pour l’extrême sud du continent américain. La trace du bateau est perdue pendant 283 jours, période à l’issue de laquelle certains membre de l’équipage refont miraculeusement apparition sur les côtes du Brésil. Ils sont rapatriés en Angleterre où éclate alors un scandale dont la presse fait ses c...

"Pukhtu – Secundo" - DOA

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"Un jour tu t’aperçois que tu joues plus. Plus jamais. Tout est grave. Et c’est ça qui te tue." On prend les mêmes et on continue ? Oui, en partie. On retrouve dans "Pukhtu - Secundo" les hommes de Voodoo, membres d’une société privée assistant les forces américaines dans leur combat contre le terrorisme en Afghanistan, et qui tirent profit du regain de la culture du pavot pour se préparer une retraite prospère. Ils ont toujours dans leurs pattes le reporter Peter Dang, de retour après un bref séjour dans son Canada natal où sa mère vieillissante perd la tête. Sher Ali Kahn, qui poursuit toujours les assassins de ses enfants, a réussi à capturer l’un des acolytes de Voodoo.  Mais l’auteur braque aussi sa focale sur certains personnages qui n’étaient qu’effleurés dans le premier opus. A Paris, la journaliste Amel Balhimer, devenue très proche de Chloé, la maîtresse d’Alain Montana, ancien de la DGSE dont elle veut se venger, commence à tirer le fil européen du trafi...

SOUS LES PAVES, LES PAGES : J - (presque) 15 !

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Pour la quatrième année, Athalie et moi-même lançons cette activité autour des lectures urbaines du 15 septembre au 15 novembre et nous vous invitons à venir nous rejoindre et à parcourir ces espaces toujours foisonnants d'histoires noires ou de nuits blanches, de solitudes, de fraternités...  Au fil de villes flamboyantes, sordides, grises, étoilées, rentrons dans l'histoire de ceux qui les explorent, ou se cachent derrière les rideaux des pavillons ! Athalie, très organisée, a déjà lu beaucoup de titres : La traversée de la ville , Michel Tremblay Mater Dolorosa , Jurica Pavicic Quartier rouge et Rue Mexico , Simone Buchholz (qui permettent de faire coup double avec Les feuilles Allemandes, chez Patrice & Eva) Middlemarch , Georges Eliot Retour à Lemberg , Philippe Sands Le lotissement , Claire Vesin La bonne mère , Mathilda Di Matteo Plexiglas , A. Philias Mathilde ne dit rien , premier tome des chroniques de la place carré, Tristan Saule J'en suis plus modestemen...