"Au soleil couchant" - HWANG Sok-yong
"Dans cent ans, en effet, quasiment tous ceux qui cohabitent aujourd’hui sur cette terre auront disparu. Le monde sera peuplé de têtes nouvelles. Les architectes, eux, ont une consolation : ils laissent des constructions derrière eux. Mais ce qu’ils laissent, ce peut n’être rien d’autre qu’une figure hideuse de la cupidité."
Il a plus précisément grandi dans la ville de Yeongsan où sa mère, contrainte de subvenir à leurs besoins suite à un accident cérébral ayant rendu son père invalide, avait monté un petit commerce de pâtes de poissons. Les habitants du quartier de son enfance, qui tiraient le diable par la queue, vivaient d’expédients et dans des conditions très rudimentaires, ne disposant pas toujours de l’eau courante.
L’intrigue débute sur une conférence dont il est l’orateur, à l’issue de laquelle une inconnue lui remet un message de la part d’une femme qu’il a bien connue dans sa jeunesse, et qui l’invite à la contacter. Adolescente, Soona était d’une beauté à obséder tous les garçons, lui compris. Lorsque sa détermination à s’extraire de son milieu lui a fait quitter sa ville natale, leurs chemins se sont séparés.
Nous le suivons en alternance avec l’autre personnage principal du récit, dont le lien avec Park Minwoo ne nous sera dévoilé qu’en fin d’ouvrage. Jong Uhee, jeune dramaturge débutante, est passionnée de théâtre mais ne peut en vivre. Le jour, elle travaille pour une misère à faire de la mise en scène pour petit théâtre de quartier, et la nuit elle tient la caisse d’une supérette. Ses faibles revenus la contraignent à vivre dans un logement en sous-sol rongé d’humidité.
J’ai eu beaucoup de mal à m’installer dans l’intrigue que j’ai trouvée brouillonne, notamment dans les parties concernant Park Minwoo. Par exemple, le héros évoque deux personnages de son passé dont on a du mal à comprendre la place dans le récit, avant de réaliser qu’ils n’en ont pas vraiment, si ce n’est en tant que symboles respectifs de deux visions antagonistes de l’urbanisme. Le premier, un de ses pairs, en phase finale d’une longue maladie, a fait preuve dans l’exercice de son métier d’une probité et d’un humanisme qui ont toujours suscité son admiration. Le second, un camarade d’enfance ayant fait carrière dans l’immobilier, et avec lequel il a été amené à travailler, a été impliqué dans une importante affaire de corruption. Si Park Minwoo évoque cette relation, c’est parce qu’il vient d’apprendre par un sms de son épouse que l’homme est pour l’heure dans le coma (j’ai oublié dans quelles circonstances) …
On est ainsi porté par une sorte de flou, sans comprendre où nous emmène l’auteur, supposant qu’il s’agit de décrire le cheminement du héros qui, arrivé en fin de carrière, s’interroge sur l’absence d’éthique qui l’a marquée. A l’occasion d’un retour dans son quartier natal, suivant le fil de ses souvenirs, il en constate la modernisation, aux dépens d’habitants qui ont été expulsés, mais on ne sait pas vraiment comment il juge ces évolutions et le fait qu’elles sont l’œuvre d’individus semblables à celui qu’il est devenu. La possibilité de sa prise de conscience se dilue dans des digressions et une absence de rythme qui font qu’on décroche assez vite.
Le texte est court, et s’améliore dans les dernières pages, quand l’auteur fait se rejoindre les deux parties, et que l’on découvre ce qui unit les personnages de Park Minwoo et Jong Uhee, mais c’est un peu tard pour rattraper l’intérêt du lecteur… C’est dommage, parce que le contexte, dont l’auteur ne parvient pas à faire autre chose qu’une vague toile de fond, se prêtait non seulement à une passionnante réflexion sur les mécanismes et les conséquences du boom immobilier qui a accompagné la croissance économique de la Corée du sud, mais aussi, d’une manière plus générale, sur des choix urbanistiques guidés par la quête du profit et le complet désintérêt pour ceux qui les subissent.
Pas attirée en tout cas, mais c'est bien dans le challenge! ^_^
RépondreSupprimerTu as donc tenté une incursion dans la littérature asiatique (si je ne me trompe pas ce n'est pas forcément ta tasse de thé ?). En tout cas, ton avis rejoint celui plutôt mitigé de Fanja. Je pense que je lirai plutôt Princesse Bari du même auteur.
RépondreSupprimerCe n'est pas encore aujourd'hui que je serai convaincue de poursuivre ma découverte de la littérature coréenne, pour laquelle j'ai beaucoup moins d'affinités que pour la littérature japonaise.
RépondreSupprimerje lis principalement des auteurs coréens et japonais, mais je ne l'ai encore jamais lu et vos billets respectifs me disent que je peux me concentrer sur d'autres auteurs
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