LE RECAPITULATIF DE L'ACTIVITE

"Les rois d'Islande" - Einar Már Guðmundsson

"D'ailleurs, je n'écris pas vraiment l'histoire de la famille. Et peu importe qui en sont les personnages principaux et secondaires".

C'est en évoquant le souvenir d'Arnfinnur Knudsen, qui fut l'un de ses professeurs, que le narrateur entame cette histoire, celle d'une dynastie de "roitelets" comme il en existe tant en Islande, où tout citoyen est convaincu d'être de haut lignage...

Et si Arnfinnur possède bien les caractéristiques d'un héros de roman, avec son allure à la fois élégante et originale -ses beaux costumes un peu tape-à-l’œil, et sa manie de toujours se promener avec un cigare dans une main et une crème glacée dans l'autre- son optimisme débordant, son intelligence d'autodidacte, son talent pour inventer et raconter des histoires, ce n'est pourtant pas en sa compagnie que nous suivrons la majeure partie du récit, "Les rois d'Islande" se construisant au fil de digressions qui nous font emprunter des routes qui ne se rejoignent pas toujours, des chemins de traverse se terminant parfois en impasses.

Einar Már Guðmundsson dessine ainsi une mosaïque étourdissante, aux couleurs de la famille Knudsen, dont on découvre les membres -parmi lesquels un "idiot", des enfants adultérins, un commerçant, un artiste, quelques escrocs...- au travers d'anecdotes révélant leurs particularités et leurs penchants, avec des constantes intergénérationnelles, telles leur propension à l'alcoolisme ou leur tendance à déambuler hors des sentiers battus. Une famille implantée à Tangavík, bourgade dont l'existence tourne autour de la pêche, où l'on considère comme plus important d'avoir le pied marin que de savoir lire et compter... mais dont les habitants chantent mieux que quiconque, grâce à la passion de l'enseignant en beaux-arts officiant au sein de l'école communale.

Et non seulement on passe d'un personnage à l'autre au gré d'associations d'idées parfois inattendues, mais le récit est par ailleurs émaillé de détours évoquant mythes et Histoire, célèbres et pittoresques rois d'antan ou héros de sagas, d'apartés exprimant la rancune gardée à l'égard de l'ex tutelle norvégienne ou de la domination danoise, fustigeant avec cynisme les travers de l'Islande contemporaine -la corruption et l'hypocrisie de sa vie politique, le développement d'un certain conformisme social aux dépens de l'héritage culturel des communautés-... ou abordant des sujets plus anodins, comme par exemple l'évolution du rapport à leur calvitie des autochtones mâles...

Le ton, entre fausse ingénuité et simplicité volontairement moqueuse, est drôle et plaisant, et traduit la volonté de faire de ces "Rois d'Islande" une ode à la truculence et aux personnalités tapageuses. Je n'ai pourtant pas trouvé cette lecture facile, notamment dans sa première partie (cela s'arrange un peu dans la seconde moitié) : le fait de sauter du coq à l'âne en permanence, d'un sujet ou d'un personnage à l'autre, est déstabilisant, on progresse dans l'histoire en oubliant, au fur et à mesure, ce qui précède, avec peu de repères auxquels se rattacher. Aussi, malgré le charme de l'écriture Einar Már Guðmundsson, j'en émerge avec des sentiments mitigés...


Une idée piochée chez Sandrine, très enthousiaste.
Jérôme a quant à lui jeté l'éponge...

Commentaires

  1. Je trouve que la littérature islandaise est exigeante.. Je n'ai peut-être pas choisi les bons livres ou peut-être me manque-t-il des clés..

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    1. C'est une littérature que je connais personnellement assez mal. J'ai lu quelques Indridason il y a maintenant longtemps, et Illska, d'Eiríkur Örn Norðdahl, m'avait bluffée (je n'ai pas en revanche aimé son second roman), mais il s'agit grosso modo de mes seules incursions dans cette littérature.

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  2. Besoin de lecture un peu plus cohérente en ce moment !

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    1. Et je ne le qualifierais pas d'incontournable, comme tu l'auras compris !

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  3. C'est ce que je craignais, alors que j'étais curieuse de cette lecture, de m'y perdre ou de décrocher. Tu confirmes.

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    1. En effet, j'ai eu du mal avec cet aspect "décousu" (bien que cela s'arrange un peu à partir de la 2e moitié). Mais Sandrine avait beaucoup aimé... à toi de voir, donc !

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  4. je me laisserais bien tenter car l'Islande m'attire (peut-être une réaction à la canicule !)
    j'ai besoin de romans "faciles" depuis "La conjuration des imbéciles" alors, si il y a des incohérences, je vais attendre un peu

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    1. Et il y a sans doute un tas d'autres auteurs islandais à découvrir (je ne les connais pas mais ça doit se trouver facilement sur d'autres blogs !)

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  5. J'ai souvent aussi du mal lorsque l'histoire saute du coq à l'âne (Goran : https://deslivresetdesfilms.com)

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    1. Disons que c'est un choix narratif qui demande une grande maîtrise, si l'on ne veut pas perdre le lecteur...

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  6. Un abandon pour moi, j'ai été incapable de terminer la première partie ! Trop de noms, trop peu d'intérêt pour les uns et les autres, trop d'ennui à chaque page... un gros raté !

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    1. Je comprends, c'est difficile d'entrer dans l'intrigue, et d'y trouver un fil auquel se raccrocher... j'ai trouvé la deuxième moitié plus agréable à lire, parce qu'un peu moins "hyperactive", on s'y attarde davantage sur le personnage d'Arnfinnur.

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  7. Bonsoir Inganmic, j'ai été attirée par la jolie couverture et l'avis enthousiaste de Sandrine. Je l'ai lu cet été. Je suis restée perplexe. Je n'en ai rien retenu. Cela se lit plutôt bien mais je suis incapable de résumer l'histoire (d'ailleurs, il n'y en pas vraiment (d'histoire)). C'est une suite de saynètes et puis pas grand-chose. Dommage pour moi. Bonne soirée.

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    1. Bonsoir Dasola,

      C'est plutôt bien résumé, ça part en effet dans tous les sens, et je ne suis pas étonnée qu'il ne te reste pas grand-chose de cette lecture après quelques semaines !

      Bonne soirée à toi !

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  8. Réponses
    1. Décidément, Einar Már Guðmundsson peine à ferrer ses lecteurs ! Si j'ai moi-même "tenu" jusqu'au bout, ce n'est pas un auteur vers lequel je reviendrai...

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