"Sur le Mont Mitaké" - Sîbourapâ
En retenue.
Désireuse de tenir ma résolution 2019 -découvrir des contrées littéraires inconnues ou peu parcourues-, et attirée par les jolies présentations des éditions ZOE, j'ai récemment fait l'acquisition de deux titres publiés par cette maison, l'un thaïlandais, et l'autre zimbabwéen (dont je vous parlerai bientôt).
Désireuse de tenir ma résolution 2019 -découvrir des contrées littéraires inconnues ou peu parcourues-, et attirée par les jolies présentations des éditions ZOE, j'ai récemment fait l'acquisition de deux titres publiés par cette maison, l'un thaïlandais, et l'autre zimbabwéen (dont je vous parlerai bientôt).
"Sur le Mont Mitaké" serait le chef-d'oeuvre de Sîbourapâ, romancier thaïlandais né en 1905 et mort en 1974, réputé pour son engagement contre la censure de son pays. Il est par ailleurs considéré aujourd'hui comme l'un des vingt plus grands romans de la littérature thaïe (je cite plus ou moins, ici la quatrième de couverture). Et donc je suis bien embêtée, parce que je ne vois pas vraiment ce qui lui vaut une telle reconnaissance...
La brève curiosité de la femme du narrateur pour une médiocre aquarelle qu'il accroche au mur lors d'un déménagement, représentant un paysage de montagne, fait resurgir un souvenir de jeunesse. Nopporn revient alors sur l'époque où il était étudiant thaïlandais au Japon. Il y a accueilli un haut dignitaire de sa connaissance qu'il appréciait beaucoup, venu passer des vacances au pays du soleil levant en compagnie de sa nouvelle et jeune épouse, la princesse Kirati. Cette dernière, de vingt ans la cadette de son quinquagénaire d'époux, discrète et avenante, était par ailleurs très belle.
Nopporn a organisé leur séjour, et leur a servi de guide. Souvent amené à se retrouver seul en compagnie de Kirati, dont il a découvert la sensibilité et l'intelligence, il a noué avec elle une relation de plus en plus intime, d'abord en tout bien tout honneur, l'étudiant ne réalisant pas d'emblée qu'il était en train de tomber amoureux. Tous deux se confièrent l'un à l'autre en toute sincérité, lui ne comprenant pas son mariage avec un homme vieillissant, elle lui relatant sa vie de solitude, vide de prétendant, et son dernier espoir, à trente ans passé, de ne pas finir vieille fille aux côtés de ses parents.
Si Nopporn, à l'évocation de ces souvenirs, montre qu'il a peiné à réaliser l'emprise qu'avait sur lui la belle épouse, le lecteur n'est pas dupe, le jeune homme laissant transparaître de manière évidente les sentiments qu'il a tardé à admettre. L'expression enfin admise de son désir a culminé avec un baiser volé à l'objet de sa passion brusquement devenue dévorante, lors d'une excursion au bucolique Mont Mitaké. Une manifestation aussitôt réprimée sous la semonce moralisatrice de la raisonnable Kirati. Le couple reparti en Thaïlande, Nopporn et Kirati entretinrent une correspondance qui avec le temps, s'espaça, la flamme s'éteignant peu à peu dans le cœur de l'étudiant...
Avec l'histoire de ces héros entravés par les carcans d'une étiquette annihilant la spontanéité et la sincérité des émotions qui enrichissent les relations humaines, l'auteur met implicitement en opposition la rigidité mortifère d'une société pliant les individus sous le joug de son intransigeant protocole, à la fougue de le jeunesse, de l'amour, bref à ce qui donne son sens à la vie.
Une thématique fort intéressante... J'ai pourtant eu du mal à adhérer à ce récit que j'ai personnellement trouvé assez terne, plombé par les atermoiements sentimentaux de son héros, et dont le propos, exprimé avec trop de retenue, ne m'a pas vraiment convaincue. Sans doute faut-il replacer ce roman, publié en 1937, dans son époque, pour réaliser sa dimension subversive...
Une thématique fort intéressante... J'ai pourtant eu du mal à adhérer à ce récit que j'ai personnellement trouvé assez terne, plombé par les atermoiements sentimentaux de son héros, et dont le propos, exprimé avec trop de retenue, ne m'a pas vraiment convaincue. Sans doute faut-il replacer ce roman, publié en 1937, dans son époque, pour réaliser sa dimension subversive...
Il faudrait aussi que je pense à diversifier mes lectures, mais tu lis trop vite pour moi. Il faut dire que j'ai commencer à explorer la littérature coréenne et que je vais continuer un peu...
RépondreSupprimerC'est assez excitant de se plonger dans des contrées méconnues, mais pas toujours concluant, comme ça a été le cas avec ce titre. En revanche, j'ai beaucoup aimé le titre zimbabwéen que j'ai lu ensuite. Je connais très peu la littérature coréenne, mais les trois titres que j'ai lus m'ont plu :
Supprimer"Généalogie du mal" de JEONG You-jeong
"Ping-Pong" de Park Min-kuy
... et "Sept yeux de chats", que tu as lu aussi.
Ça c'est pour la Corée du Sud, car j'ai aussi lu un recueil de nouvelles de Corée du Nord, et si je l'ai trouvé intéressant parce que cela révèle complètement le poids de la censure qui plombe le pays, je n'ai vraiment pas été emballée d'un point de vue purement littéraire (tout y est façonné sur le même modèle, avec le même discours, c('est glaçant !).
Je suis curieuse de lire tes avis suite à tes autres découvertes coréennes... et si une LC te tente autour d'un des titres "exotiques" figurant dans ma PAL (les titres y sont classés par régions du monde), n'hésite pas !
J'allais m'exciter à la mention de possibilités de LC que tu évoques dans ta réponse à Maggie mais je me suis souvenue qu'il fallait déjà que je passe le cap du Sinisalo qu'on a dû repousser par ma faute, haha !
RépondreSupprimerPour en revenir à ton livre, mille mercis de l'avoir lu et de partager ton avis. Je l'avais repéré dans ma bibli il y a quelques semaines et j'avais été très tentée par le fait que l'auteur était thaïlandais et qu'il valait a priori le détour. Un roman aux éditions ZOE en plus ! C'est le résumé qui m'a quelque peu inquiétée car je n'avais pas l'impression que j'y trouverais mon compte, mais j'étais prête à m'y risquer tout de même (un jour), poussée par la curiosité. Et puis là, en te lisant, je me dis que tu m'économises du temps de lecture, donc merci.^^
Le résumé ne me parlait pas vraiment non plus (je ne suis pas portée sur les histoire sentimentales), mais n'avoir jamais lu de roman thaïlandais a été un argument décisif... mais le contexte ne m'a vraiment pas parlé, et puis cette histoire d'amour platonique m'a paru tellement dépassée..
SupprimerDu coup, j'ai fureté sur ton blog pour trouver d'autres idées de lectures thaïlandaises, et j'ai noté Chart Korbjitti.
Pour la proposition de LC, n'hésite pas quand même, on peut la prévoir pour le 2e semestre ! J'ai d'autres titres à ajouter à ma PAL, suite à une nouvelle virée chez Gibert, je m'en vais la mettre à jour de ce pas !!
J'ai lu un excellent roman thaï contemporain récemment, mais à la base il a été écrit en anglais vu que l'auteur vit aux Etats-Unis. J'en parlerai sur mon blog (dans quelques semaines, j'ai pris du retard dans l'écriture de mes billets !).
RépondreSupprimerJe lirai ton avis avec intérêt, bien que je sois plutôt à la recherche de titres écrits en langues asiatiques...
SupprimerSi j'avais su nous aurions pu en faire une lecture commune :-) (Goran : https://deslivresetdesfilms.com)
RépondreSupprimerC'est vrai, mais il aurait été difficile de deviner que nous allions le lire à quelques semaines d'intervalle !
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