"Le cœur du tigre" - Huy-Thiêp Nguyên
Incursion au pays du dragon...
Ce Mois de la nouvelle 2019 m'aura permis une incursion au Vietnam, pays dont je n'avais jusqu'à présent lu aucun auteur... "Le cœur du tigre" est un court recueil regroupant quatre textes seulement.
Ce Mois de la nouvelle 2019 m'aura permis une incursion au Vietnam, pays dont je n'avais jusqu'à présent lu aucun auteur... "Le cœur du tigre" est un court recueil regroupant quatre textes seulement.
Le premier est celui qui a donné son nom à l'ouvrage. L'histoire, portée par un lyrisme exhaussant la luxuriance d'un environnement naturel omniprésent, a de franches allures de conte, bien que présentée comme véridique. Les protagonistes qu'elle met en scène sont morts depuis longtemps, mais leur âme continue de planer au-dessus des toits des maisons sur pilotis du hameau de Hua Tát, village H'mông. Parmi ces protagonistes, une jeune fille à la beauté sans égale mais que sa paralysie des jambes prive de tout prétendant, et un jeune homme très laid, déterminé à capturer le tigre féroce imposant la terreur dans le village, et surtout à lui extirper son cœur, que la rumeur prétend semblable à une amulette magique capable de guérir toutes les maladies...
"Il n'y a pas de roi", ma nouvelle préférée, nous immerge dans le foyer où vivent Kiền, un veuf acariâtre, ses cinq fils et son unique bru, mariée à Cấn, l'aîné. Ce dernier, invalide de guerre, tient un salon de coiffure. La fratrie est complétée de Đoài, fonctionnaire, qui se montre d'une familiarité grossière avec sa belle-sœur, de Khiêm, dont le caractère brutal et taiseux impose une crainte respectueuse, de Khảm, étudiant rigolard, et du benjamin Tốn, simple d'esprit au corps difforme, qui ne supportant pas la saleté, passe son temps à faire le ménage. Sinh, seule femme du foyer, peu cultivée mais d'esprit ouvert, gentille, a tempéré un climat familial houleux, et imposé avec douceur un semblant de tenue parmi ces hommes dont la tenue et le comportement accusaient un sérieux laisser-aller. Le récit de leur quotidien, truculent et vivant, évoquent des relations rendues tumultueuses par le mépris, la jalousie, le ressentiment qu'éprouvent les uns pour les autres ces frères aux caractères si différents, pourtant indéfectiblement unis par des liens familiaux jugés sacrés et incontestables.
Dans "Les scieurs de long", un narrateur relate une expérience vécue quelques années auparavant, alors qu'il avait suivi un groupe de scieurs de bois partis chercher du travail en Haute Région. Issu d'une famille de neuf enfants, il venait de terminer ses études. Il décrit lui-même le jeune homme qu'il était comme arrogant, soupe au lait, insolent et indiscipliné. Les scieurs étaient sous la direction d'un certain Bường, vague cousin du narrateur, ancien chef de bande redouté ayant fait de la prison avant d'être soldat dans un commando de marine, puis de tenir une gargote où il servait exclusivement de la viande de chien... Des jumeaux de dix-sept ans, et Dĩnh, le fils de quatorze ans de Bường, chargé de faire la cuisine, complétaient le groupe. Au cœur de la forêt, ils ont dû affronter la dureté d'un travail dangereux, l'arrogance d'employeurs prompts à les exploiter, et les dissensions couvant au sein de leur propre équipe.
Sa construction un peu chaotique m'a laissée en dehors du dernier texte du recueil ("Des chansons..."), dédié à la thématique de l'exil, et que j'ai trouvé confus.
J'ai dans l'ensemble apprécié cette lecture, notamment pour le dépaysement procuré par l'évocation des mœurs et des protocoles régissant les relations entre les individus, empreintes d'une énergie et d'une rudesse surprenantes, voire parfois d'une misogynie assez choquante. L'alternance de crudité et de lyrisme dote par ailleurs ces textes d'un ton singulier et très plaisant.
Sa construction un peu chaotique m'a laissée en dehors du dernier texte du recueil ("Des chansons..."), dédié à la thématique de l'exil, et que j'ai trouvé confus.
J'ai dans l'ensemble apprécié cette lecture, notamment pour le dépaysement procuré par l'évocation des mœurs et des protocoles régissant les relations entre les individus, empreintes d'une énergie et d'une rudesse surprenantes, voire parfois d'une misogynie assez choquante. L'alternance de crudité et de lyrisme dote par ailleurs ces textes d'un ton singulier et très plaisant.
Vietnam ? Moi non plus je n'ai rien lu de ce pays. Des nouvelles, c'est bien pour commencer non ?
RépondreSupprimerOui, surtout que le recueil est court. J'ai juste trouvé les textes un peu inégaux, mais au final, c'était une lecture plutôt plaisante, et dépaysante malgré sa brièveté..
SupprimerJe crois bien que je ne connais aucun auteur vietnamien. Commencer par des nouvelles peut être une bonne idée.
RépondreSupprimerTout à fait, les trois premiers récits surtout permettent une immersion agréablement dépaysante.
SupprimerOuf! Pas certaine du tout que je m'y retrouverais...
RépondreSupprimerA toi de voir, ça se lit très vite ... et la 2e nouvelle est d'une truculence très divertissante. Dans la 3e aussi d'ailleurs, j'ai relevé des expressions surprenantes et assez drôles (comme lorsque le chef des scieurs de long invite sa femme, en son absence, à "garder son abricot intact" pour son retour..).
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