"Autoportrait de l’autre" - Chahdortt Djavann
"Ma vie s'est faite toute seule, elle n'avait pas besoin de moi pour avancer, pour grimper les années quatre à quatre ; pour m'épuiser. Je n'étais qu'un esclave, qu'un pion pour elle. Elle n'a jamais demandé mon avis. Elle va bientôt me lâcher. Maintenant qu'elle en a fini avec moi, maintenant que je ne peux plus la suivre, la servir. C'est une pute la vie."
Une carrière à laquelle a priori rien ne le destinait, qui l’a cueilli par hasard. Ses souvenirs les plus lointains ébauchent les tristes contours d’une enfance en Bretagne auprès d’une grand-mère rude et mutique à l’extrême, se substituant à une mère absente, à peine entrevue. Dans cet environnement fruste et rural, lui passait presque pour un idiot du village, en tous cas un garçon de ferme mal dégrossi. Et pourtant, à la mort de de sa grand-mère, survenue l’année de ses dix-sept ans, titillé par des rêves d’ailleurs, il monte à Paris, où sa rencontre avec un photographe scelle son destin.
Son immobilité physique le met face à ces trente années de vie adulte, envolées à son insu, sans vraiment savoir ce qu’il en a fait ou ce qu’elles ont fait de lui. Le bilan qu’il en dresse est un constat cynique et désespéré. Il a cru vivre en ligne droite, se distinguer de la majorité de ses semblables, de leurs existences routinières et insignifiantes, mais cela n’a été qu’une illusion : le voilà revenu à son point initial, "vers le mystère nauséabond de la vie", là où tout a commencé, sur les lieux de cette enfance dont il n’a jamais exorcisé les démons.
Il réalise que tout ce temps passé à photographier la violence et la pauvreté, les guerres et les injustices, au-delà d’en montrer les victimes, est révélateur de son propre regard sur le monde, et d’une quête de sens. Qu’il s’est jeté à corps perdu dans la cruauté, l’hostilité de ce monde, pour y trouver une intensité lui prouvant qu’il était vivant, puisque la vie n’est jamais aussi intense que quand elle est menacée. Il a photographié comme on fait la guerre, pour tuer, haïr, ressentir la jouissance que procure la puissance…
C’est un homme sans idéal, hanté d’un désespoir froid, qui a couru après un bonheur qu’il savait pourtant vain, et n’a trouvé que de futiles satisfactions, dont il réalise désormais l'insignifiance. Il a cru pouvoir capter la puissance de la vie, mais n’en a été qu’une marionnette…
Voilà qui me paraît très sombre et sans espoir .. pas pour moi en ce moment.
RépondreSupprimerOui, il y a même un côté glauque, rendu par notre ignorance de l'endroit où se trouve le narrateur, et par l'isolement qui entoure son agonie.. Pas très gai, en effet !
SupprimerOuf, je peux passer, alors?
RépondreSupprimerOui !
SupprimerTu n'as pas eu l'air convaincue.
RépondreSupprimerDisons que j'ai trouvé l'écriture percutante, et le sujet fort, mais ils sont desservis par un traitement trop superficiel.
Supprimerbien, je vais donc passer mon chemin... Il y a déjà trop de monde dans ma bibliothèque :-)
RépondreSupprimerTu peux...
SupprimerUn peu triste surtout en plein hiver... Je vais attendre, pour voir.
RépondreSupprimerBon dimanche.
Ah, c'est sur que ce n'est pas le genre de titre qui remonte le moral...
SupprimerLe dimanche est déjà terminé, mais il fut très bon (balade en forêt) ! Bonne semaine..
Même si tu n'as pas entièrement adhéré, je pense que ça me plairait bien... (Goran : https://deslivresetdesfilms.com)
RépondreSupprimerL'écriture pourrait en effet te plaire, mais le côté "expéditif" m'a laissé sur ma faim..
SupprimerJe ne veux pas contempler un plafond blanc avec un flux de souvenirs glauques et désespérés ...
RépondreSupprimerJe comprends... et ne chercherai pas à te convaincre du contraire !
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