"Némésis" - Philip Roth
"Il n'y a rien de plus difficile à sauver qu'un garçon honnête démoli."
Bucky Cantor traîne sa culpabilité de n’avoir pas pu partir avec ses camarades sur le front de la guerre en Europe à cause de sa mauvaise vue. Orphelin d’une mère morte en couches, et fils d’un père ayant passé la majeure partie de sa vie en prison avec lequel il n’a aucun contact, il a été élevé au sein d’un quartier populaire d’immigrés juifs, par des grands-parents aimants. Ces derniers lui ont inculqué l’importance du courage, de la détermination et de l’honnêteté, valeurs qu’il exerce notamment dans la pratique de sa passion : le sport.
Athlétique, enthousiaste et sérieux, c’est aussi un garçon sociable et fédérateur, qualités qui lui ont valu d’être nommé responsable pour l’été d’un terrain de sport où il entraîne des adolescents.
Une épidémie de poliomyélite d’une ampleur sans précédent va lui donner l’occasion de mettre son cran et sa générosité au service de la communauté, en même temps qu’elle va bouleverser sa vie et le plonger dans les affres de questionnements existentiels inédits.
Il ne se laisse pourtant pas contaminer par l’atmosphère de suspicion que génère la peur liée à la maladie parmi les habitants de Newark. L’épidémie fait naître les rumeurs les plus ineptes, et le besoin de désigner des boucs-émissaires. L’angoisse réveille la haine et la méfiance, ravive la tentation du rejet de l’autre, surtout s’il est différent -notamment pauvre, juif, ou noir.
Ce qui perturbe Bucky, et l’amène à remettre en cause tout ce sur quoi il avait fondé son existence, c’est l’injustice que révèle la maladie, en frappant de jeunes gens innocents. Il en vient à douter de la bienveillance d’un Dieu qu’il considère comme unique responsable du virus, preuve de son insensée cruauté. Lui si optimiste, si combattant, est peu à peu vaincu par la prise de conscience de l’iniquité et de la violence du monde, et se laisse envahir par un sentiment de culpabilité infondé qui met un coup d’arrêt à ses projets, à tout ce que l’avenir lui promettait de beau.
"Némésis" est ainsi le récit d’un délitement, celui de la confiance que son héros plaçait en la vie. C’est aussi celui du renoncement que provoque cette profonde désillusion.
La polyo ça parait loin de nous, mais si, ça existait!
RépondreSupprimerOui, et ce n'est pas si loin, à l'échelle de l'Histoire c'était hier... vive la vaccination !
SupprimerPour ma part, j'ai commencé l'œuvre de Philip Roth par "J'ai épousé un communiste" (c'est le titre qui m'a attirée). Je crois qu'il fait partie de la "Trilogie américaine", après "Pastorale américaine" et "La Tache". Si je me souviens bien, les trois romans sont indépendants.
RépondreSupprimerJ'avais adoré "J'ai épousé un communiste" ! :-))
Supprimer@doudoumatous : c'est exactement ça, ils font partie de ce que l'on appelle sa "trilogie américaine" mais ne sont liés que par leur thématique (le regard que porte l'auteur sur la société américaine à trois époques données) et peuvent donc se lire indépendamment. J'ai lu les 3 mais pas dans l'ordre : j'ai découvert l'auteur avec La tâche, qui est un de ses meilleurs romans à mon avis (même si je n'ai pas tout lu de lui..), mais les deux autres sont excellents aussi..
SupprimerDe lui je n'avais déjà lu que Le complot contre l'Amérique qui m'avait beaucoup plu. Plus que celui ci, je dois le dire.
RépondreSupprimerC'est une bonne nouvelle, puisque "Le complot..." est sur ma PAL. Sinon, sa trilogie américaine (voir les commentaires ci-dessus) est excellente, mais tu peux aussi lire ses romans plus courts, qui sont très bon aussi, parmi lesquels Indignation, Un homme..
SupprimerJe comprends le sens de ton billet sur ce livre mais c’est aussi l’un des plus simples à lire de Roth, aussi pour débuter ce n’est peut-être pas si mal…. Quant à moi, je suis un inconditionnel de l’écrivain, alors…
RépondreSupprimerPour la découverte de l'auteur, pourquoi pas, mais je ne le conseillerais pas à un lecteur exigeant, même pour commencer...
SupprimerJe crois que je n'ai lu qu'Exit le fantôme. Je passe pour ce titre, alors, j'ai bien compris.
RépondreSupprimerOui, il y en a beaucoup d'autres à lire, qui sont selon moi bien meilleurs !
SupprimerJ'ai beaucoup aimé ce roman, comme la plupart de ceux de Philip Roth que j'ai lus. Les plus courts comme les plus longs, et sans noter de manque de subtilité ! ;-)
RépondreSupprimerTu as affaire avec moi à une autre inconditionnelle !
Je vois ça, entre Le Bouquineur et toi, ce cher Philip a un club de défenseurs de haute volée ! Sans doute est-ce parce que je l'aime beaucoup aussi que je suis exigeante : je le sais capable du meilleur ..
SupprimerC'est vrai qu'il est spécial, ce roman, et clairement, pas son meilleur, malgré de bonnes choses. C'est vrai aussi que c'est mieux de le lire quand on connait déjà bien Roth.
RépondreSupprimerAh c'est drôle, Le Bouquineur ci-dessus le conseillerai plutôt pour découvrir l'auteur ! Je me dis que cela dépend du type de lecteur auquel on a affaire.
SupprimerBon, bah si je comprends bien, on peut éviter ce titre de l'auteur que j'apprécie beaucoup par ailleurs.
RépondreSupprimerMoi je dirai "oui" mais tu peux le voir ci-dessus, d'autres ont aimé..
SupprimerJ’ai beaucoup aimé ce livre, pas frappée par le manque de subtilité. Tu devrais lire « pastorale américaine » et « le complot contre l’Amerique », deux très grands livres !
RépondreSupprimerJ'ai lu "Pastorale américaine" (c'est un de mes préférés...) et "Le complot..." m'attend sur mes étagères :).
SupprimerJ'ai enfin compris pourquoi je ne recevais pa stes billets ils allaient directement dans les spams ...
RépondreSupprimerJ'espère que cela n'arrivera plus, pour moi Philip Roth est un incontournable de la littérature américaine et mondiale...
Ah, c'est chouette que tu aies trouvé pour les notifications ! Et je te rejoins pour Roth, c'est un de mes auteurs chouchous, même si sur ce coup-là, il ne m'a pas vraiment convaincue (mais c'est son dernier titre, on va dire qu'il était fatigué...).
SupprimerUn auteur qu'il va falloir que je découvre, je vais me pencher sur sa bibliographie :)
RépondreSupprimerBonne journée !
Et il y a de quoi faire ! Si tu ne crains pas la densité, je te recommande sa "trilogie américaine".
SupprimerUn des deux seuls Roth que j'aie lus à ce jour avec Le complot contre l'Amérique. J'en garde, ma foi, un souvenir plaisant.
RépondreSupprimerJe prévois de lire "Le complot contre l'Amérique". Quant à ce titre, comme tu l'auras compris, j'estime que l'auteur a fait beaucoup mieux, et ne peux que t'encourager à le découvrir avec certains de ses romans plus "riches", comme "Pastorale américaine" ou "La tâche" par exemple.
SupprimerDeux avis différents, c'est ce qui fait le charme des lectures communes :-). Je comprends tout à fait ce que tu veux dire sur le cheminement psychologique : sur ce point, en effet, il y a finalement peu de choses, mais je pense que Bucky est tout simplement enfermé dans un schéma de pensée unique, le sens du devoir. De mon côté, je suis très heureux d'avoir enfin vraiment commencé à m'intéresser à l'oeuvre de Philip Roth, que je ne vais pas abandonner tout de suite. Un grand merci pour nous avoir accompagné sur cette LC !
RépondreSupprimerDisons que ce que j'ai pu lire de l'auteur m'a habituée à plus de finesse, plus de profondeur... et puis j'ai été gênée par la platitude de l'écriture, par le ton monocorde de l'ensemble (alors que je le sais capable d'humour et de férocité par exemple..). Mais je suis tout de même ravie de cette LC, je comptais lire ce titre depuis longtemps, et c'est toujours intéressant, comme tu l'écris, de confronter des avis différents..
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