"Le tableau du peintre juif" - Benoît Séverac
Déçue.
L’installation prochaine en maison de retraite de son oncle et de sa tante, en amenant ces derniers à se débarrasser de certaines de leurs affaires, le met en possession d’un tableau présent dans la famille depuis 1943. Il s’agit d’un don fait à ses grands-parents par un peintre juif qu’ils ont hébergé et caché lors de sa fuite vers l’Espagne. Il savait son grand-père résistant, mais le témoignage de cet épisode qu’il ignorait -son aïeul était un cévenol rude et taiseux- l’incite soudainement à lui rendre hommage en officialisant cet acte de bravoure. Il lance une requête en vue de l’obtention du statut de Juste parmi les Nations.
C’est une nouvelle occasion de conflit avec Irène qui, vu leur situation, trouverait plus pertinent de vendre le tableau, la notoriété acquise par son auteur Eli Trudel lui conférant une certaine valeur.
A l’encontre de son épouse, imbu de la certitude de la réussite de sa démarche, Stéphane se rend en Israël, où il n’est pas accueilli comme il l’avait imaginé. L’acte héroïque de son grand-père est contesté : Eli Trudel et son épouse auraient été déportés suite à une dénonciation et ce, avant la date à laquelle ils sont censés avoir été cachés dans les Cévennes. Pour l’organisation en charge de l’attribution du titre de Juste parmi les Nations, cela ne fait aucun doute, le tableau a été volé…
Pour Stéphane, c’est la douche froide. Refusant la version israélienne sur les événements de l’hiver 43, il décide de mener l’enquête. Il s’agit de sauver l’honneur de ses grands-parents, qui vient par sa faute d’être mis à mal. Mais cette quête ne serait-elle pas surtout égoïste ? Pour cet homme qui subit, après une succession d’échecs, son propre renoncement, ne s’agit-il pas aussi -ou surtout ?- de redorer sa propre image aux yeux des autres mais surtout de lui-même, et d’assouvir son besoin de reconnaissance, même posthume, vis-à-vis de de ce grand-père tant admiré, mais qui a très peu manifesté son affection pour ce petit-fils qu’il trouvait trop superficiel, trop volubile et trop bruyant ?
L’intrigue alterne entre les démarches entreprises par le narrateur, des Cévennes à Madrid, pour rétablir la vérité, et des épisodes qui nous ramènent en 1943 aux côtés du couple Trudel, les accompagnant dans le long périple censé les éloigner de la menace nazie, et nous éclairant peu à peu sur l’origine des versions contradictoires quant au sort du peintre juif et de son épouse.
Jusqu'à ton dernier paragraphe, j'avais bien envie de lire ce roman... on sent petit à petit que le papi n'est pas clair avec son histoire de résistance...
RépondreSupprimerOui, le rôle des grands-parents entre pour beaucoup dans le suspense, mais je n'en dis rien, pour ceux qui voudraient le lire malgré mes bémols, d'autant plus que de ce point de vue, le roman est plutôt réussi..
SupprimerJe viens de le terminer et je partage ta déception, d'autant plus que je n'avais eu que des échos positifs. Le narrateur m'a en effet posé problème. Une vraie tête à claques, égoïste comme c'est pas permis, capricieux, pleurnichard et en plus étonné que ça tourne mal. Je me suis parfois un peu forcée à continuer jusqu'au bout. C'était ma première lecture de l'auteur, je ne suis pas incitée à continuer.
RépondreSupprimerNos impressions se rejoignent donc complètement (j'ai moi aussi failli jeter l'éponge...). Et les autres avis déçus que j'ai lus le sont pour les mêmes raisons. C'est vrai que ce narrateur est insupportable (et pas toujours très crédible).
SupprimerJ’honorerai aussi la semaine prochaine avec plusieurs billets.
RépondreSupprimerJe prends soin de ne pas retenir les références de ce roman au narrateur insupportable.
Nathalie
J'ai en effet vu passer quelques annonces de lectures sur ton blog en lien avec le sujet... Et tu peux t'abstenir pour celui-là, oui. Mon prochain billet sera bien plus positif !
SupprimerEt bien, tu m'évites une lecture ... Ce roman me faisait des clins d'oeil à cause de cette histoire de tableau, j'adore les romans qui se basent sur d'autres œuvres d'art. Mais tu parles d'artificialité et de caricature et là, je sais que ça ne passera pas.
RépondreSupprimerJ'étais très confiante, à vrai dire. J'ai bien aimé ce que j'ai lu auparavant de l'auteur, ce titre a eu un beau succès (même Pascal Dessaint en a vanté ses qualités...), et un échange avec Benoît Séverac, qui y a mis une très gentille dédicace, m'avait mise dans de bonnes dispositions. Je voulais vraiment aimer ce titre...
SupprimerJ'ai raté le RDV !! Je n'ai tilté qu'hier car j'ai vu passer des documentaires. Je vois que tu es déçue par ta lecture. C'est très frustrant, en effet. Sur le même thème, je te recommande "Jeune fille en bleu, à la fenêtre, au crépuscule" d'Alena Schröder, un roman que j'ai beaucoup apprécié.
RépondreSupprimerIl n'y a pas vraiment de rendez-vous, du moins "officiel", seulement quelques irréductibles assez maniaques pour avoir programmé leurs lectures en vue de... ! Mais bon, c'est un sujet sur lequel on peut lire toute l'année. Je note en tous cas le titre que tu recommandes.
SupprimerMaladroit, c'est le mot. C'est un roman qui m'avait aussi déçue. Agnès
RépondreSupprimerMe voilà un peu rassurée, j'étais déçue d'être déçue... !
Supprimermoi j'ai bien aimé ce roman je trouve qu'il raconte d'une façon originale les difficultés de la fuite des juifs lors de la deuxième guerre mondiale
RépondreSupprimerJe suis d'accord sur l'originalité du choix narratif, c'est au ton et à l'écriture que je n'ai pas adhéré. Mais je suis ravie pour l'auteur qu'il ait trouvé son public !
SupprimerNous sommes plusieurs à avoir anticipé le RV, avec d bonnes lectures variées. On peut continuer sans challenge!!!
RépondreSupprimerMais oui, exactement ! Mes deux prochains billets seront aussi dans le thème (je me suis même arrangée pour en coupler un avec le mois latino !)..
SupprimerJ'ai lu ce roman l'année dernière, et l'ai trouvé plutôt agréable à lire. Je n'ai pas été gênée ou agacée par le narrateur.
RépondreSupprimerPourtant, tu avais déjà lu et aimé d'autres romans de l'auteur !
Oui, et ce qui est surprenant c'est que ce sont notamment les personnages que j'ai appréciés dans ses autres romans. Là, comme Aifelle, le narrateur m'a insupportée..
Supprimersi le sujet m'intéressait, ton gros bémol sur le narrateur me fait immédiatement fuir, j'ai vraiment du mal avec les français égocentriques LOL
RépondreSupprimerJe pense que tu aurais été aussi agacée que moi...
SupprimerArhg zut ! Je n'ai lu Trafics de l'auteur, avec la ferme intention de continuer à le lire... pas avec ce titre sans doute alors...
RépondreSupprimerEuh non, mais j'ai aimé 115, Tuer le fils et Skiatook Lake, ça laisse un peu de choix !
SupprimerMerci de m’éviter de grimper aux murs et d’arracher les rideaux de déception et de furieuse frustration grâce à ton analyse judicieuse.
RépondreSupprimerAh mince, j'aurais bien voulu te voir arracher les rideaux !!
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