"Le roi et l’horloger" - Arnaldur Indriðason
"Tout ce que je sais, c’est qu’il n’est pas facile d’être islandais et que je ne suis pas certain que quiconque ait envie de l’être s’il a le choix."
Alors qu’un soir, il s’échine à décrypter le mécanisme sophistiqué de l’instrument, il se retrouve face au roi en robe de chambre, pris dans une de ses déambulations nocturnes et alcoolisées.
Christian VII, après avoir été trompé par son médecin personnel qui était l’amant de sa femme, a été dépossédé de toute autorité. Le traitre a été décapité, l’épouse infidèle exilée, et c’est son fils, le dauphin Frédéric, qui en devenant régent, a pris les rênes du royaume. Le bruit court par ailleurs que le roi n’a plus toute sa tête…
Cette première rencontre sera suivie d’autres, au cours desquelles s’engagera une sorte de conversation à bâtons rompus, alimentée par l’étrange curiosité du monarque non pas tant pour le travail de restauration de Jon que pour son histoire familiale, curiosité déclenchée par l’évocation de l’exécution, ordonnée par le défunt père du roi, du père de l’artisan et de la gouvernante de ce dernier.
Le lecteur découvre progressivement, en même temps que Christian VII, les circonstances et les détails de cette condamnation qui a rendu Jon orphelin, le traumatisme conséquent ayant fait de lui un homme solitaire et souvent mélancolique. S’acheminant vers une issue qu’il sait d’emblée fatale, il est ainsi plongé, à intervalles réguliers, dans une Islande placée sous une domination danoise qui, délaissant cette colonie lointaine et méconnue, se contente d’y appliquer une autorité inique et punitive. Il s’agit notamment de réprimer la liberté de mœurs qui règne sur l’île, dont la faible densité favorise les relations sexuelles entre membres d’une même famille, pratique sanctionnée par de très sévères châtiments.
Jon adapte sa narration aux réactions du roi, qui se montre parfois d’une susceptibilité agressive, alimentée par ses préjugés envers ces islandais réputés primitifs, dont les perpétuelles doléances l’insupportent. C’est un temps où une simple insulte visant le monarque est passible de la peine de mort. L’horloger, humble et un peu naïf, mais loin d’être stupide, oscille ainsi entre la crainte de froisser son auditeur et son désir absolu de sincérité.
Peu à peu, le roi se laisse lui-même aller, par allusions, à des confidences, jusqu’à ce que vienne le moment où ces rencontres, qui le mettent souvent dans un grand état d’agitation, suscite l’inquiétude et les questionnements de son entourage…
Un Indridason non polar, alors (mais pas lu!)
RépondreSupprimerEt il est aussi bon que ses polars !
SupprimerJ'ai beaucoup apprécié ce roman, comme tu le sais, alors je suis ravie qu'il t'ait plu.
RépondreSupprimerCela faisait bien longtemps que je n'avais pas lu cet auteur, ce sont des retrouvailles plus que réussies !
SupprimerLa rencontre inattendue entre ces deux personnages semble intéressante en plus d'être incongrue. Je serais curieuse de suivre leurs échanges !
RépondreSupprimerN'hésite pas, c'est en effet un des aspects les plus réussis du roman, alors qu'il n'était sans doute pas facile de trouver le ton juste pour que cette rencontre paraisse crédible.
SupprimerMe fiant au seul nom de l'auteur, je l'avais emprunté à la bibli en pensant que c'était un roman policier... j'ai commencé à le lire en pensant qu'à un moment on allait faire un bond dans le temps et se retrouver dans un mystère actuel dont cette histoire aurait été le préambule... Quand j'ai réalisé qu'il n'en était rien, j'ai abandonné cette lecture car elle ne m'intéressait pas particulièrement. Voilà le bilan de mon expérience sur ce livre, bien loin de la tienne.:-)
RépondreSupprimerAh oui, dommage... j'ai personnellement trouvé l'incursion dans la rudesse de cette Islande du XVIIIème siècle aussi dépaysante qu'instructive !
SupprimerJ'étais persuadée de l'avoir lu mais l'intrigue ne me dit finalement rien du tout. Étrange... J'ai beaucoup aimé sa série d'enquêtes avec Erlendur, et je suis donc prête à suivre l'auteur dans ce roman "historique" qui t'a convaincue.
RépondreSupprimerJ'ai abandonné la série des Erlendur il y a bien longtemps (j'ai dû en lire 4), et je suis ravie d'avoir retrouvé l'auteur avec ce roman au sujet atypique...
SupprimerJe croyais l'avoir lu, je pense que j'ai vu le film tiré de cette histoire . J'ai lu un polar de cet auteur mais je ne suis pas la meilleure critique de polars , j'avais été déçue.
RépondreSupprimerPour celui-là, pas d'excuse, ce n'est pas un polar...
SupprimerUn des rares livres d'Indridason que je n'ai pas lu ; peut-être parce que je ne suis pas encore remise de la disparition d'Erlandur ... je vais finir par m'y mettre quand même.
RépondreSupprimerL'auteur se tire très bien de cette incursion dans le genre historique, c'est une histoire originale, et aussi très émouvante.
SupprimerJe pense que ce roman pourrait me plaire et je suis curieuse de découvrir l'auteur dans un autre registre que le polar.
RépondreSupprimerDans ce cas n'hésite pas, je suis sûre que tu ne le regretteras pas.
SupprimerJe l'avais noté chez Sandrine, mais malgré vos avis, je pense que si j'ai à choisir entre un polar d'Indridason que je n'ai pas lu et ce roman, je choisirai le polar.
RépondreSupprimerMais pourquoi choisir ?!
SupprimerJ'ai beaucoup aimé ce livre. Et tout particulièrement la progression en parallèle de l'histoire du roi et de celle de l'horloger avec la réparation de l'horloge. Très humain, en dépit de l'âpreté de la vie de l'époque que l'auteur décrit sans artifice. Oui, un très beau livre.
RépondreSupprimerOui, il y a dans ce roman autant de rudesse que d'émotion, et l'auteur trouve vraiment le ton juste, dose parfaitement la pudeur, l'humour, mais aussi le suspense.. une réussite, nous sommes d'accord !
SupprimerJ'aime aussi les romans policiers d'Indridason, qui sont toujours de grande qualité.
SupprimerJe n'en ai lu que 4 je crois (La voix, La femme en vert, La cité des jarres et Betty), et ça remonte à plusieurs années pour certains (je ne les ai d'ailleurs pas tous chroniqués sur le blog), mais il faudrait que je renoue avec ses titres policiers, oui...
SupprimerIl attend dans la liseuse, merci de m'y faire penser
RépondreSupprimerNe tarde pas trop...
SupprimerJ'étais très motivée par ce non polar d'Indridason à sa parution, enthousiasmée par le titre, entre autres, mais quelques avis mitigés me l'ont finalement rendu moins urgent. Je le lirai sans doute plus tard par curiosité tout de même.
RépondreSupprimerJ'insiste : il est très bien !
SupprimerVoilà un roman que j'ai vraiment beaucoup aimé ! J'aime l'auteur et je lis rarement des romans historiques mais franchement j'ai été agréablement surprise...
RépondreSupprimerMoi aussi j'ai été emballée, Arnaldur Indridason s'essaie avec talent et singularité au roman historique...
SupprimerJ'ai souvent du mal avec les littératures nordiques, sauf rares exceptions (alors que j'adore leurs univers séries tv), mais j'aime ce que tu dis de ce roman... le côté historique, le face à face... bref, je note. On verra si il me saute dessus en bibliothèque! ;)
RépondreSupprimerIl est très réussi, j'espère que tu te laisseras tenter.
SupprimerC'est bien de le voir sortir du registre du polar je trouve. Tellement longtemps que je n'ai pas lu cet auteur !
RépondreSupprimerCela faisait longtemps pour moi aussi, et ce sont des retrouvailles très réussies !
SupprimerJ'avais vraiment beaucoup aimé ce titre. la progression narrative est prenante, tant dans les rencontres avec le roi que dans l'histoire islandaise, rude, âpre et loin de tout folklore. Et puis, l'horloge .... L'objet m'a fait rêver !
RépondreSupprimerOui, tout y est, à sa manière, passionnant.
SupprimerJ'avais aimé de livre et quand je suis allée à Copenhague , je me suis, bien sûr, particulièrement intéressée à l'horloge!
RépondreSupprimerEt tu l'as vue ?!
Supprimerj'ai lu tous ses polars, du coup tu me donnes envie de lire celui-ci
RépondreSupprimerN'hésite pas, c'est une histoire originale, et l'auteur s'essaie avec beaucoup de talent au genre historique.
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