"A Hell of a Woman. Une femme d’enfer" – Jim Thompson, illustrations de Thomas Ott
"Chaque fois que j’entre dans un restaurant, n’importe lequel, c’est toujours la même chose : dans l’équipe des serveuses, se trouve une vieille mémé à la noix qu’on planque dans le placard aux balais, en attendant que je m’amène. On l’attife du tablier le plus crado dont la boîte dispose, et on lui barbouille les ongles de laque rouge dégueulasse ; chaque fois on me la colle, la fille, partout : souillon, fagotée, puante. Vous pouvez me croire, les gars, c’est comme ça, partout où je mets les pieds."
Le narrateur, Franck Dillon, dit "Dolly Dillon", est vendeur en porte-à-porte pour l’enseigne Rêves à Crédit, qui propose sa camelote à des clients souvent fauchés. Frank a ainsi pour mission, hormis de caser sa marchandise, de récupérer les traites des crédits qui en ont permis l’acquisition. Lui-même peine à boucler les fins de mois, alors il magouille, falsifiant les comptes pour toucher ses primes.
Au moment où débute le récit, il est au fond du seau. La pluie qui tombe depuis trois semaines est mauvaise pour les affaires, et sa vie privée ne lui offre guère de compensations. Lorsqu’il rentre de sa dure journée de travail, c’est pour retrouver l’innommable saleté d’un foyer où sa femme Joyce, un "sacré numéro" qu’il surnomme Mlle Cul Malpropre, ne lui a même pas préparé son diner…
Mais la roue, semble-t-il, se met à tourner…
Joyce quitte le domicile conjugal après une énième dispute où Franck a joué du poing, et au cours d’une de ses tournées, il fait la connaissance de Mona, jeune femme jolie et craintive que la vieille avare qui l’héberge, soi-disant sa tante, prostitue en guise de paiement de ses achats compulsifs. Ils montent un coup pour délivrer Mona de sa cruelle parente, et récupérer le magot qu’elle dissimule, selon sa nièce, dans la cave de sa maison.
Evidemment, rien ne se passe comme prévu...
Le récit est la transcription des pensées et des raisonnements de Franck, marqués par sa propension à l’auto-apitoiement et ses sautes de colère. Le langage, verbal et argotique, instaure une spontanéité et une puissance d’évocation qui donnent la sensation d’entendre sa voix. A l’en croire, il est poursuivi par la guigne, victime d’une conspiration que le monde entier aurait montée contre lui… Sa narration, plaintive mais aussi misogyne, hargneuse, et empreinte de mauvaise foi, le rend très vite insupportable, en même temps qu’elle installe une atmosphère glauque et oppressante. Peu à peu, la maladresse et la stupidité qui semblent en réalité les principales causes de ses mésaventures se muent en une confusion mentale qui dévoile les méandres d’un esprit malade…
J'ai lu quelques romans de Jim Thompson mais ça fait très longtemps.
RépondreSupprimerJe l'avais lu moi aussi il y a longtemps et cela a été un véritable plaisir de le retrouver, d'autant plus dans ce format qui colle parfaitement au texte.
SupprimerQuelle couverture ! Jim Thompson manque à ma culture, à part l'adaptation ciné de Tavernier, Coup de torchon.
RépondreSupprimerC'est quant à moi le film de Bertrand Tavernier qui manque à ma culture...
SupprimerJ'en ai lu pas mal, des Thompson! Me souviens même plus si j'ai lu celui-là. Pas illustré, en tout cas
RépondreSupprimerCette version illustrée est relativement récente, puisqu'elle date de 2022. La traduction a par la même occasion été revue, comme pour plusieurs autres de ses textes, qui ont bénéficié dans un premier temps d'une traduction française qui les desservait plus qu'autre chose...
SupprimerJe ne pense pas avoir lu ce roman de l'écrivain, peut-être pas son plus connu ?
RépondreSupprimerJe ne sais pas, je ne connaissais pas non plus ce titre avant de tomber sur cette version illustrée qui m'a tapé dans l' œil...
Supprimeron ne peut pas dire que la couverture de ce roman rende la lecture attirante !
RépondreSupprimerMoi j'aime bien son côté "film noir des années 50"...
SupprimerAh ça la couverture! Mais pas sûr que j'accroche à l'intérieur. ^_^
RépondreSupprimerA mon avis, il vaut mieux découvrir Thompson avec un autre titre, par exemple le très célèbre "Pottsville, 1280 habitants"...
SupprimerJe ne connais pas cet auteur. J'aime bien la couverture mais ce roman me paraît très misogyne. Anne-yes
RépondreSupprimerLe narrateur est misogyne, oui, mais cela fait partie du personnage....
SupprimerJe n'accroche pas du tout aux illustrations Pulp et l'adjectif poisseux me dissuade aussi ... Mais je reconnais que les deux s'accordent parfaitement.
RépondreSupprimerDans ce cas, ce titre n'est pas pour toi, en effet..
SupprimerJ'adore la citation !! C'est grave de ne pas connaître? :(
RépondreSupprimerCe n'est jamais grave, de ne pas connaître un auteur ou un roman... la question à se poser est plutôt celle du plaisir que tu retirerais -ou pas- de cette lecture..
SupprimerJe n'ai jamais rien lu de lui et je trouve la couverture plutôt attirante pour du roman noir avec aussi un petit côté rétro que j'aime bien. A voir donc je vais le rajouter à mes longues listes :)
RépondreSupprimerComme toi, j'aime ce graphisme rétro.. et puis l'ouvrage est dans un format qui rend la lecture très confortable. Ceci dit, je ne sais pas si c'est le meilleur titre pour découvrir Thompson..
Supprimer