"Eclaircie" - Carys Davies
"A bien y repenser, une seule chose était absolument claire à ses yeux : il avait aimé le temps qu’il avait passé avec John Ferguson."
Le révérend John Ferguson s’y installe pour un mois, dans une bicoque au confort plus que sommaire, avec pour bagage une caisse contenant entre autres le cake aux fruits de son épouse Mary et quelques victuailles. Il a aussi pris soin d’emporter avec lui un calotype de sa bien-aimée, pris à Edimbourg. Mary avait alors été très gênée qu’on fasse son portrait. Ses bagages comptent aussi un revolver, remis par l’homme qui lui a confié la mission à l’origine de sa présence ici. Une mission qui ne l’enchante guère, allant à l’encontre de ses principes… Il s’agit d’évacuer de l’île son unique habitant, pour le compte de son propriétaire qui, à l’instar de ses pairs en cette mitan du XIXème siècle, souhaite améliorer la rentabilité de ses terres en y remplaçant les paysans par du bétail. Mais c’est aussi une mission copieusement rémunérée et John a un cruel besoin d’argent : il a récemment quitté l’Eglise presbytérienne pour adhérer au jeune mouvement de l’Eglise libre d’Ecosse, choix qui engloutit des ressources de plus en plus maigres. En attendant, il ne se sent pas vraiment dans son élément dans ce milieu âpre, humide et isolé, où il retrouve une maladresse d’enfant.
L’homme à chasser, c’est Ivar. Unique habitant de l’île depuis que les derniers membres de sa famille ont rejoint le continent, il vit là depuis toujours, en totale autarcie. Il tricote, s’occupe de sa vache Pegi et de son petit troupeau de moutons, pêche et ramasse des œufs. Il ne pense même pas à sa solitude, comblé par tout ce qu’il "a" : sa vieille vache, sa maison, son rouet…, mais aussi les récifs et les falaises, les oiseaux et l’herbe, les cours d’eau…
Puis c’est la rencontre. Ivar tombe sur John, blessé et inconscient après avoir fait une chute. Il le recueille, le soigne, et lorsque l’inconnu reprend conscience, cette rencontre, au contact du regard, devient miracle. Une connexion aussi mystérieuse qu’intense s’établit, et Ivar, qui soudain comprend sa solitude, est bouleversé du seul fait que des yeux se posent sur lui. L’îlien ne parlant qu’un idiome local qu’il est sans doute l’un des derniers à connaître -le norne-, les deux hommes communiquent à l’aide d’un langage qui leur est propre. John accompagne Ivar dans son quotidien, apprend les mots qui le définissent, s’enchante de la richesse d’un vocabulaire aussi concret que poétique dans sa manière de saisir l’essence des choses. Les différentes sortes de brume ont un nom, la tourbe en change selon son état, profonde ou superficielle et saisie par le gel. Il y a même un mot pour décrire l’état d’une pelote de laine naissante… John en oublierait presque sa funeste mission, dont le secret devient, au fur et à mesure qu’il se rapproche d’Ivar, de plus en plus lourd à porter.
Pendant ce temps, sur le continent, Mary se languit avec surprise de cet époux patient et malhabile qu’elle a connu sur le tard et auquel elle s’est unie seulement quatre ans auparavant. Elle s’inquiète, aussi. Elle non plus n’apprécie guère la nature de la tâche dont le propriétaire s’est déchargé sur John. Qui sait comment va réagir cet homme que l’on va déraciner de force du seul lieu qu’il a toujours connu ?


Aie, déjà noté, mais pas prévu bientôt, pfff. Et ce book Trip, je lâche aussi.
RépondreSupprimerTu as déjà beaucoup participé au Book trip... moi je me réveille à la fin, j'aurai un autre billet d'ici fin novembre !
SupprimerJe suis contente que tu aies aimé aussi ce roman tout en délicatesse !
RépondreSupprimerDélicatesse, oui c'est le mot juste, et c'est une délicatesse sans mièvrerie, ni superficialité.. une auteure à suivre...
SupprimerJ'ai moi aussi un faible pour l'écriture de Carys Davies. Evidemment, je me suis jetée sur ce nouveau roman dès que j'ai appris sa sortie. Et j'ai encore été charmée par cette plume sensible qui ne cherche pas forcément la facilité. Le face à face entre les deux hommes est très émouvant. Mary aussi est une bonne personne. Je me suis beaucoup attachée à ce trio de personnages.
RépondreSupprimerMais oui, c'est vrai que tu l'avais lu aussi, j'ai ajouté le lien vers ton billet ! Cette auteure a une écriture vraiment singulière, sans avoir besoin d'en faire des tonnes... et moi aussi, j'ai beaucoup aimé les 3 personnages.
SupprimerMerci pour le lien. J'en ai mis un aussi vers ton billet. J'ai découvert l'autrice grâce à Cath L. Le Voyage de Hilary Bird était dans ma PAL (on ne donne beaucoup de livres) et j'ai bien failli le mettre à la boîte à livres sans le lire !
SupprimerOuf ! Cela aurait été une grave erreur...
SupprimerAh j'ai lu un article sur ce livre et j'ai noté le titre. Bon, tu confortes mon envie. Brume et humidité on dirait, j'espère réussir à le lire dans un temps pas trop long.
RépondreSupprimerOui, humide, et froid... on est sur la route maritime vers la Norvège !
Supprimerje vais mettre ce roman dans ma liste mais avec un petit ton désespéré car je n'arrive jamais à la faire diminuer et pourtant je pioche dedans assez régulièrement !
RépondreSupprimerDésolée, mais celui-là est vraiment à noter ! :)
SupprimerJe l'avais déjà noté, ton avis conforte mon envie de le lire.... Adjugé, vendu.
RépondreSupprimerL'enthousiasme qu'il suscite est général.. l'intrigue est originale, les personnages très bien campés. En cette rentrée littéraire quelque peu vampirisée par l'autofiction, c'est un titre qui fait du bien !
SupprimerBonjour. Oui ,il mente bien aussi.
RépondreSupprimerBonjour Line, et bienvenue ici.
SupprimerIl mérite d'être noté, oui, j'espère que tu seras toi aussi conquise par ce roman à la fois profond et délicat.
Décidément bien tentant, ce roman !
RépondreSupprimerIl faut se laisser tenter, je suis sûre qu'il te plaira !
SupprimerJe n'ai encore pas lu cet auteur mais j'ai déjà noté "Le voyage de Hilary Byrd" qui est présent dans ma médiathèque en ville. Il faudra bien que je me décide. Il faudrait que je me fixe un objectif précis pour découvrir tous les auteurs que je ne connais pas encore :) :)
RépondreSupprimerLe voyage de Hilary Byrd est très bien aussi, je les aimés autant l'un que l'autre. J'ai personnellement un petit carnet où je note les auteurs qu'il me reste à découvrir ... la liste est assez vertigineuse
SupprimerJe sens qu'il me plairait beaucoup ce roman, mais ma fin d'année est quasiment bouclée déjà .. l'an prochain c'est sûr, j'en fais une priorité.
RépondreSupprimerJe suis sûre qu'il te plaira ! et tu as le temps, après tout, il vient juste de paraître...
SupprimerNoté et renoté, les avis élogieux se multiplient avec des arguments qui me parlent (pas d'auto fiction, de la délicatesse...).
RépondreSupprimerOui, c'est du romanesque comme je l'aime, sensible et puissant malgré l'apparente sobriété de l'écriture..
SupprimerVous êtes toutes unanimes sur le charme de l'écriture de cette autrice que je n'ai toujours pas lue. J'avais espéré caser ce roman d'ici fin novembre, mais tant pis, ce sera pour plus tard. J'ai hâte de découvrir cette plume en tout cas. Merci pour cette participation au book trip en mer.
RépondreSupprimerC'est un plaisir de participer avec un tel titre ! Et il y a une autre histoire d'île à venir d'ici la fin du mois...
SupprimerEnvoutant, c'est parfait ça ! Lecture prochaine prévue pour moi puisque suite à une autre billet lu sur la blogo, j'ai convaincu la responsable de la médiathèque ou je suis bénévole de l'acheté, ce qui est fait. Le livre est à l'équipement pour l'instant !!!
RépondreSupprimerQuelle chance tu as ! Tu vas voir, tu vas te régaler...
SupprimerComme tu le sais je suis dans le clan des séduites par ce texte, plus que ça même. Je sens que je vais pas mal l'offrir autour de moi... Découverte de l'autrice par la même occasion, je me réjouis du rattrapage à faire.
RépondreSupprimerJe viens d'ajouter un lien vers ton billet, je l'avais oublié, il faut dire que tu as vite lu ce titre après sa sortie. Tu as été bien inspirée ! Et je te souhaite une belle découverte de ses autres titres (j'avais eu un petit bémol pour West, mais il m'a tout de même donné envie de poursuivre avec l'auteure...).
SupprimerMon commentaire est parti trop vite en anonyme, désolée...
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