LE RECAPITULATIF DE L'ACTIVITE

"Le tour du cadran" - Leo Perutz

A rebours.

J’aime bien retrouver de temps en temps Leo Perutz, ce que le Mois de l’Europe de l’Est me donne l’occasion de faire au moins une fois par an. Et le plaisir est à chaque fois au rendez-vous, malgré (ou grâce à) la diversité de ton et de genre qui caractérise l’œuvre de l’auteur.

Le lecteur est avec "Le tour du cadran" (titre qui ne dévoile son sens qu’à la toute fin de l’intrigue) plongé dans course effrénée, au côté de Stanislas Memba, personnage peu sympathique, au comportement étrange et incompréhensible. Sa course même paraît d’abord dénuée de sens, portée par une instabilité qui évoque une forme de démence.

Stanislas, étudiant, est un grand gaillard de vingt-cinq ans. Au cours d’un périple qui l’emmène d’une épicerie à un jardin public, puis vers divers autres lieux, il est à chaque fois à l’origine de scènes devenant conflictuelles en raison de ses sautes d’humeur et de son esprit contradictoire : la manifestation d’un appétit vorace se transforme en dégoût évident pour la nourriture, un accès de brutalité suit une apparente amabilité… Lorsqu’il échoue dans le bureau où travaille son ex petite amie Sonia, qui lui confirme avoir prévu de partir en voyage le lendemain avec son rival, la rage que la nouvelle provoque chez Stanislas explique en partie ses accès de fureur, mais pas ses bizarreries : pourquoi le jeune homme, entre autres, garde-t-il en permanence ses mains dissimulées sous son manteau, donnant à ses interlocuteurs l’impression d’être menaçant ? 

Pour le savoir, il vous faudra l’accompagner dans son insensée cavale (et ne lisez PAS la quatrième de couverture !), au fil de l’insolite mais implacable mécanique qu’orchestre Leo Perutz, sorte de compte à rebours au service d’une énigme dont la résolution ne déçoit pas. La dimension factuelle du récit, qui le dote d’une redoutable efficacité, ne l’empêche pas d’être également très noir, car baigné d’une atmosphère aussi mystérieuse qu’angoissante, et pour le lecteur d’aujourd’hui d’un aspect quelque peu désuet (le roman a été publié en 1910) qui n’est pas sans charme.


D'autres titres pour découvrir Leo Perutz :

C'est aussi une nouvelle participation au Mois de l'Europe de l'Est


Petit Bac 2023, catégorie OBJET 

Commentaires

  1. Je ne sais pas si ce roman est pour moi, qui commence régulièrement les romans par la fin. Ce qui me tente c'est qu'il date de 1910 et qu'il résiste au temps.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Là, il faut en effet éviter de commencer par le dénouement, ce serait gâcher le plaisir, et il ne faut as lire non plus la 4e de couv', qui m'a rendu furieuse... tu peux essayer, il est court, et se lit très facilement.

      Supprimer
  2. J'ai dû lire "le cavalier suédois" il y a bien longtemps et je n'ai pas continué avec l'auteur. Je ne crois pas que j'y reviendrai maintenant.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'ai commencé par Le cavalier suédois, que j'ai bien aimé, mais je crois que mon préféré est "Le marquis de Bolibar", pour son ambiance très particulière...

      Supprimer
  3. Rien lu depuis "Le Judas de Léonard" qui m'a ennuyée...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je ne l'ai pas lu, celui-là, et il ne me tente pas, d'ailleurs.. ce que j'aime entre autres chez cet auteur, c'est la touche de surnaturel qu'il insère dans ses intrigues, et l'originalité de ses histoires.

      Supprimer
  4. Bon, faudra que j'y pense, l'année prochaine?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonne idée, il a une bibliographie très imposante, qui laisse un large choix au lecteur.

      Supprimer
  5. J'ai lu "Le cavalier suédois" moi aussi mais, contrairement à Aifelle, je suis assez tentée de lire d'autres romans de Leo Perutz. Celui-là me semble tentant.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Celui-ci est un livre "divertissement", je dirais.. non qu'il soit léger, mais il vaut principalement par sa construction narrative. Parmi les autres titres que j'ai lus, je te recommande "Le Marquis de Bolibar".

      Supprimer
  6. Je pensais que l'auteur était dans ma bibliothèque mais en réalité ce n'est pas le cas. J'ai noté Le Cavalier suédois. Un jour, peut-être...
    nathalie

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je pense que c'est un auteur qui peut te plaire (je suis d'ailleurs assez étonnée que tu ne l'aies pas lu)..

      Supprimer
  7. Je vais finir par lire tes contributions à ce mois de mars comme une liste de tous les livres/auteurs que je n'ai pas lus et que je devrais lire. Perutz reste un trou béant dans ma culture littéraire.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ah toi non plus ? Je suis très étonnée aussi, Perutz est un peu un "classique" de l'Est, non ? Comme je le réponds à Keisha, il y a en plus de quoi faire, avec sa bibliographie... je sais qu'Eeguab, du blog BLOGART, est un grand fan de l'auteur, j'ai souvent choisi ses titres sur ses conseils : http://eeguab.canalblog.com/

      Supprimer
  8. Je n'ai lu qu'un Leo Perutz (Le miracle du manguier) et j'ai toujours eu le souvenir d'une lecture peu enthousiasmante, alors qu'en me relisant, visiblement j'ai plutôt apprécié (comme quoi le blog mémo sert^^). Il faudrait que je revienne à cet auteur du coup.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ah j'avais aussi noté ce titre, que je lirai sans doute l'année prochaine... là, c'est l'occasion qui a fait le larron, j'ai trouvé ce "Tour du cadran" dans une bouquinerie, pour la modique somme de 50cts !

      Supprimer
  9. J'avais tenté et retenté Le cavalier suédois, rien à faire.... J'ai fini par le déposer dans une boite à lire. J'espère que le livre aura trouvé son lecteur !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je n'en doute pas !
      J'avais bien aimé Le cavalier suédois mais avec le recul, il me semble qu'il est plus "poussif" que les autres titres lus depuis..

      Supprimer
  10. C'est un bon choix, merci de l'avoir de nouveau chroniqué. J'avais beaucoup aimé "La nuit sous le pont de pierre" un peu moins "Où roules-tu, petite pomme ?", mais je te rejoins : c'est un auteur majeur !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il a une bibliographie très vaste, et donc de quoi faire encore pour plusieurs Mois de l'Est à venir ! Je vais juste noter de ne pas prioriser "Où roules-tu, petite pomme ?"...

      Supprimer

Enregistrer un commentaire

Compte tenu des difficultés pour certains d'entre vous à poster des commentaires, je modère, au cas où cela permettrait de résoudre le problème... N'hésitez pas à me faire part de vos retours d'expérience ! Et si vous échouez à poster votre commentaire, déposez-le via le formulaire de contact du blog.