"Territoires" - Olivier Norek

"Nous sommes le paillasson de Paris."

Où l’on retrouve Victor Coste, rencontré dans "Code 93", ainsi que son équipe de choc : Ronan et ses airs de "mauvais garçon", Sam, génie informatique et des nouvelles technologies plus à l’aise derrière un écran que sur le terrain, et Johanna, la dernière arrivée, dont le physique d’armoire à glace abrite sensibilité et finesse d’esprit.

L’action se déroule à Malceny, ville fictive dont la ressemblance avec certaines communes de Seine-Saint-Denis est totalement volontaire… plaque tournante de la drogue pour l’Ile-de-France, elle concentre dans ses cités d’immeubles décrépis et insalubres voués à la destruction une population majoritairement immigrée, casée là par la municipalité. C’est un monde clos et sous pression, où la pauvreté et l’exclusion condamnent à rester. Une seule loi y règne, celle du trafic, à laquelle même les plus innocents n’ont d’autre choix que de se soumettre.

Alors que la brigade des stupéfiants allait mettre le point final à une opération de démantèlement dudit trafic, les trois caïds qui se partageaient la quasi-totalité des territoires de la drogue sont assassinés. Dans l’ombre, un mystérieux Boss dont nous suivons les exécutants -parmi lesquels un effroyable adolescent de 12 ans que même ses acolytes considèrent comme un psychopathe-, manœuvre pour s’approprier leurs réseaux.

Ces homicides imposent une collaboration entre la brigade des stupéfiants et l’équipe de Coste, à la grande contrariété de ce dernier, qui goûte peu les méthodes de ses collègues. Egal à lui-même, il mène l’enquête à sa manière intuitive et tenace, quitte à sortir des clous pour obtenir des résultats. Toujours aussi peu sociable, il peine par ailleurs à entretenir sa relation avec la légiste rencontrée dans le précédent opus, dont la patience ne fait pas le poids face à son incapacité à vivre en couple, son besoin permanent de solitude et son implication dans son travail.

Mais c’est surtout sur une dimension socio-politique que se focalise l’intrigue, fondée sur les accointances entre milieu de la drogue et municipalité, représentée ici par une maire cynique et sans scrupules, qui pour obtenir des voix et maintenir une paix relative dans les quartiers, négocie avec les trafiquants. Octroi de logements, d’aides sociales ou d'emplois fictifs pour rétribuer des services illégaux, détournement des subventions d’Etat, surfacturation des marchés… Elus et délinquants s’entendent pour manipuler la tension sociale à leur profit. Ce n’est plus de l’instrumentalisation ou de la récupération politique, mais carrément de l’orchestration.

Olivier Norek ordonne quant à lui parfaitement son récit, trouve le bon équilibre entre contexte et enquête policière, fait habilement croitre la tension, et nous ménage encore en fin d’ouvrage une surprise que l’on n’a pas vu venir…

Un auteur à suivre, vraiment…


D'autres titres pour découvrir Olivier Norek : Code 93 - Dans les brumes de Capelans


Une première participation à Sous les pavés, les pages

 

Commentaires

  1. Mais oui, très bien pour le challenge! Pas assez pour que je m'y lance, je le crains.

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  2. Décidément Olivier Norek semble assurer dans différents genres littéraires. La thématique sur la collusion entre délinquance en col blanc et mafia n'est pas originale mais ça reste intéressant et nécessaire de la dénoncer.

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