"L’affaire Saint-Fiacre" - Georges Simenon
"Et Maigret retrouvait les sensations d'autrefois : le froid, les yeux qui picotaient, le bout des doigts gelé, un arrière-goût de café. Puis, en entrant dans l'église une bouffée de chaleur, de lumière douce : l'odeur des cierges, de l'encens…"
C’est justement la chatelaine qui décède lors de l’office évoquée dans la note, auquel assiste le commissaire. Mais s’agit-il d’un crime ? La défunte ne présente aucune blessure, son décès a simplement été constaté une fois la messe terminée, alors qu’elle restait immobile sur sa chaise. Elle serait morte d’un arrêt cardiaque… Seulement, pour Maigret, il ne peut s’agir d’une coïncidence. Alors il enquête, de manière officieuse, écœuré de retrouver son village, qu’il trouve désormais gris et lugubre, dans ces conditions.
A l’auberge tenue par la vieille Marie Tatin, où il est descendu, personne ne le reconnait. Il faut dire qu’il a vieilli, et pris de l’embonpoint. Et il n’est pas le seul à avoir changé. La belle et élégante châtelaine de ses souvenirs est morte en laissant l’image d’une vieille toquée qui depuis la mort de son mari entretenait des gigolos. Le château a été hypothéqué, en partie pour absorber les dettes d’un fils menant la belle vie à Paris en compagnie d’une dispendieuse maîtresse.
Le commissaire est rendu mélancolique par l’évolution de cette famille Saint-Fiacre, qui représentait une forme de supériorité, de noblesse, dont l’altérabilité semble sonner le glas du monde de son enfance. Et les découvertes qu’il fait au cours de son enquête contribuent à entretenir cette humeur maussade. La plupart de ceux qu’il interroge semblent mal à l’aise et avoir des choses à cacher, à commencer par le curé du village… Décillé par sa vision d’adulte familier de la mesquinerie humaine, il constate qu’ici aussi, la cupidité et la malveillance sont de puissantes conseillères. Comme vaguement englué dans les désillusions qu’occasionne ce séjour en terre natale, Maigret semble un peu dépassé. Ce n’est d’ailleurs pas lui qui finit par résoudre ce qu’il faut davantage qualifier d’énigme que d’enquête, puisque le crime n’en est pas un aux yeux de la loi…
Une participation à l’activité "Les classiques, c’est fantastique" proposée par Moka. En ce mois de mai qui clôt la cinquième saison et propose de faire le bilan, la thématique était à choisir par chacun parmi toutes celles proposées sur l’ensemble des éditions. J’ai personnellement opté pour celle du mois de décembre de la saison 2 : "Les classiques policiers/romans noirs"
Un bon roman et un bon film avec Jean Gabin et le reste du casting parfait.
RépondreSupprimerSimenon est une valeur sûre... Je ne crois pas avoir vu le film, en revanche.
SupprimerJ'aime bien un petit Simenon de temps en temps pour l'ambiance. Celui-ci je ne l'ai pas encore lu
RépondreSupprimerOui, et ce sont généralement des textes courts, qui permettent de faire une "pause" entre deux romans plus volumineux..
SupprimerJe vois que tu es comme moi adepte d'un "petit" Simenon de temps en temps...
RépondreSupprimerOui... c'est assez récent car j'ai découvert cet auteur sur le tard, en raison d'un a priori lié aux grisâtres adaptations télévisuelles.... mais ça y est, je suis mordue !
SupprimerUn Maigre "pur jus"... J'ai du le lire il y a, pfff, cinquante ans ? :D
RépondreSupprimerOuh là, là, ça veut dire que j'ai pris du retard, avec Simenon !!
SupprimerEn te lisant je sais que ce titre là je l'ai lu mais ça date :) Tu me donnes envie de redécouvrir ce grand auteur pour un bon moment de détente assuré.
RépondreSupprimerC'est vrai qu'un Simenon de temps en temps, c'est l'assurance d'une lecture "facile" mais pas "simpliste" !
SupprimerJe l'ai lu assez tardivement je crois celui-là ; j'avais bien aimé. J'ai vu aussi le film bien sûr. Une autre époque ..
RépondreSupprimerC'est sûr que les lectures de Simenon ont toujours un côté "rétro", mais finalement pas vieilli, car la sobriété du style rend ses textes intemporels.
SupprimerJ’adore un petit Simenon de temps en temps moi, mais je préfère les romans durs. Je n’accroche pas tellement à Maigret ( Une Comète)
RépondreSupprimerJ'alterne, en général : un "dur", un Maigret, mais je suis comme toi, j'ai une préférence pour les premiers.
Supprimerah Simenon et ce fut mon premier, du coup un peu nostalgique en te lisant
RépondreSupprimerTu peux toujours te replonger dans un autre de ses titres, vu sa très foisonnante bibliographie...
SupprimerLe récit et les dialogues ont beaucoup trop d'ellipses et j'avoue avoir parfois eu du mal à suivre.
RépondreSupprimerAh, cela ne m'a pas gênée, mais c'est vrai que Simenon est réputé pour son style économe...
SupprimerEn te lisant, je réalise que j’ai beaucoup de livres de Simenon… Je devrais les sortir car ta chronique est alléchante. Es-tu une fan de Maigret?
RépondreSupprimerNon, je ne suis pas fan, d'autant plus que comme je l'explique en réponse à Sandrine, j'ai découvert Simenon sur le tard, car je craignais un auteur "vieilli". La bibliothèque de mes parents était pourtant fort pourvue ! J'ai acquis les premiers tomes d'une anthologie, qui compte pas mal de ce qu'on appelle ses "romans durs" (sans Maigret) qui sont très bien aussi (du moins ceux que j'ai lus)...
SupprimerJ'avais dû me faire violence pour ce thème car c'est un monde littéraire que je méconnais totalement. Tu ne seras pas surprise d'entendre que je n'ai jamais lu de Simenon... Merci pour ta participation. Peut-être seras-tu au RDV de la saison 6 ?
RépondreSupprimerSimenon est d'autant plus facile à "tester" que ses textes sont très courts. J'aime notamment son style très efficace, il sait en peu de mots planter un décor, un personnage.
SupprimerQuant à la saison 6, eh bien j'attends le programme avec impatience, mais je compte bien y participer en fonction des titres que j'ai sur ma pile, j'ai encore quelques classiques de côté...
J'ai lu très peu de Simenon et il y a très longtemps. Ça fait des années que je me dis que je vais en lire, mais j'ai toujours autre chose en vue...
RépondreSupprimerAh, c'est notre problème à tous, il y a tant à lire, et pas assez de temps pour le faire ! Mais un Simenon, ça s'avale en un rien de temps !
SupprimerBon idée de retourner à Simenon!
RépondreSupprimerEt c'est surtout toujours un plaisir !
SupprimerJe n'ai jamais lu de Maigret mais j'aurai quand même lu un Simenon dans ma vie. Ouf l'honneur est sauf !^^
RépondreSupprimerTon âme de lectrice est sauvée, oui... :)
SupprimerTu as raison, un Maigret c'est une lecture courte, dense, mais pas forcément délirante de gaieté. Je devrais y revenir...
RépondreSupprimerC'est sûr que question ambiance, il y a plus folichon... mais c'est toujours plaisant de retrouver ses intrigues resserrées..
SupprimerJe n'ai jamais lu l'auteur et si je connais Maigret ce n'est que grâce à la série. Quant à ce roman, il semble pétri de désillusions... Il y a parfois des endroits qui vieillissent mal à moins que ce ne soit les souvenirs qui enjolivent trop.
RépondreSupprimerC'est un titre en effet assez mélancolique (même si comme le souligne Keisha, l'univers de Simenon est généralement morose...), et atypique parce l'enquête n'en est pas vraiment une...
SupprimerJe n'ai encore jamais lu un Maigret (shame) : tu me conseillerais lequel en premier ?
RépondreSupprimerEh bien, je ne suis pas non plus experte, mais parmi les Maigret les plus célèbres, il y a celui-là, ou Le chat et L'aîné des Ferchaux par exemple (que je n'ai pas -encore- lus). Quant à ses romans "durs", j'ai bien aimé La fenêtre des Rouet..
SupprimerJe rectifie : L'aîné des Ferchaux n'est pas un Maigret. Tu trouveras un avis le concernant ici : https://tetedelecture.com/2025/04/03/laine-des-ferchaux-de-georges-simenon/
SupprimerEtant belge, je n’ai sans honte pas encore lu de Simenon, ni même vu de film ou de série, bien que j’aie la vague idée, construite à base de préjugés, d’une ambiance désenchantée et vaguement hargneuse.
RépondreSupprimerMais si tu peux me proposer un Simenon qui vaille la peine, je m’y mettrai, promis.t
Merci pour ta lecture !
Ambiance désenchantée, ça c'est sûr... hargneuse, peut-être avec ses romans durs, oui... je dirais que d'une manière générale, Simenon vaut la peine, et puis la brièveté de ses textes les rend plaisants à lire. Ca repose entre deux pavés !
SupprimerMa mère était une inconditionnelle de Maigret, mais bizarrement, je n'ai pas le souvenir d'en avoir lu dans ma jeunesse. Il y a quelques années, suite à un séjour à Concarneau, j'ai lu Le chien jaune que j'ai trouvé assez étonnant. Les ellipses m'ont désarçonnée et j'ai trouvé le contexte vraiment daté. Mais je reconnais qu'on a du mal à lâcher quand même !
RépondreSupprimerMes parents sont aussi de grands fans de Simenon, mais je n'en ai lu aucun lorsque je vivais chez eux... parce que oui, j'imaginais ça très daté.. les contextes de ses romans le sont (et pour cause..) mais je trouve que la sobriété de son écriture fait que ses textes, eux, ne le sont pas. Et tu es la 2e à parler d'ellipses (même si Luocine, en les évoquant, fait allusion à cette Affaire Saint-Fiacre), point que je confirme finalement pour Le chien jaune, après être allée relire mon billet ! Mais je crois que cela ne m'avait pas trop gênée...
SupprimerContrairement au français, le belge utilise de très nombreuses ellipses. Je dois sans cesse veiller à n'en pas trop faire d'ailleurs ;-)
SupprimerAh tiens ? Ce serait intéressant de comprendre pourquoi ... les subtilités d'une langue sont généralement le reflet de manières de penser.. qui dit "ellipse" dit esprit subtil..
SupprimerAh je l'ai en collection "du masque" chez Hachette. De temps en temps j'aime bien. Idem pour Leblanc.
RépondreSupprimerC'est vrai que je n'y pense pas mais Leblanc, c'est bien aussi. Ce serait plutôt des relectures, d'ailleurs, car lui, je l'ai lu, plus jeune..
SupprimerBonjour Ingannmic, d'abord grâce aux couvertures du livre de poche que j'aime beaucoup, je me suis mise à lire les Maigret (j'en ai chroniqué quelques uns). Je suis en train de lire Le voleur de Maigret. C'est un régal ces rééditions qui font environ 189 pages avec une police de caractère qui me convient tout à fait. L'épaisseur du livre fait que je l'ai dans mon sac à main et je le lis dans le transport en commun que je prend (je ferme la parenthèse). Ceci étant, L'affaire Saint-Fiacre que je connais par la télé et au cinéma est à mon programme d'autant plus que le personnage de Jules Maigret de Simenon est assez différent des acteurs qui ont pu l'interpréter. Pour en savoir un peu plus sur le personnage, je recommande Les mémoires de Maigret, très intéressant. Bonne journée.
RépondreSupprimerBonjour Dasola,
SupprimerJe te rejoins complètement = les titres de Maigret sont parfaits pour les moments où on a envie de lire quelque chose de court et de confortable pour les yeux ! Je note ces "Mémoires de Maigret", dont je n'avais jamais entendu parler, merci ! Bonne journée.
Je me souviens l'avoir beaucoup aimé celui-là, je ne me souviens plus du tout du crime, ni de l'intrigue, mais de la mélancolie par contre, très bien, et de ce désenchantement ... Un beau titre, fan de Simenon ou pas.
RépondreSupprimerJ'avoue avoir moi-même du mal à me rappeler des détails du crime, quelques semaines après l'avoir lu... mais ce n'est pas ce qui compte ici...
SupprimerVive Simenon. Allez, je le ressors ! Merci beaucoup.
RépondreSupprimerUn incontournable vers lequel on retourne toujours avec plaisir...
SupprimerEh bien, je n'ai jamais lu Simenon. Voilà, c'est dit. J'y remédierai peut-être...
RépondreSupprimerCe n'est pas très grave... mais tu devrais le lire, quand même !
SupprimerJ'ai presque lu la moitié des Maigret, dans l'ordre, et je trouve que les romans dits "durs" sont quand même supérieurs aux policiers du commissaire (que j'adore, pourtant, avec ses ambiances inimitables). Certains romans durs sont de vraies pépites.
RépondreSupprimerJe lis tout en numérique chez Simenon, sauf la biographie signée Pierre Assouline achetée récemment.
Je suis loin d'être aussi experte (il faut dire que ma découverte de Simenon est assez récente), mais j'ai moi aussi pour l'instant une préférence pour ses romans "durs". Auriez-vous quelques suggestions de "pépites" à me faire, je suis preneuse !
SupprimerAh Simenon ! L'auteur que j'ai le plus lu ! Je suis dans son œuvre depuis 2007 et compte la terminer d'ici un an ou 2. Je le lis pour les raisons que tu évoques : pour souffler voire me distraire même si c'est toujours très sombre. J'ai fini la saga des Maigret l'an dernier et en avais fait une chronique globale. En tout cas ce fut une expérience unique. Idem pour ses romans durs, il m'en reste environ 25 à lire. Ainsi j'aurai passé une vingtaine d'années auprès de Simenon, forcément ça marque !
RépondreSupprimerWouaw ! Tu m'as soufflée, là... et je me sens un peu ridicule, ayant commencé à acquérir les premiers (3, pour être exacte) volumes de l'anthologie Omnibus, avec le vague projet de lire tout Simenon, moi aussi... quand je vois où j'en suis, il me faudrait plusieurs vies pour venir à bout des 25 volumes .. je vais donc procéder par tri... même question, d'ailleurs, qu'à Christw : des suggestions de titres ?!
SupprimerIl n'y a rien de ridicule à entamer une œuvre conséquente un jour ! J'ai commencé à m'intéresser de près à la littérature à 35 ans seulement et encore aujourd'hui nombre de "classiques" me sont encore complètement inconnus. Pour les conseils, si Simenon n'a peut-être écrit aucun chef d'œuvre, tout est néanmoins bon et il est bien difficile de recommander quoi que soit. Mais pour la beauté du geste, au hasard, un roman dur particulièrement poisseux que j'ai lu récemment : Le coup de vague. Quant à Maigret, tout est bon, il n'y a absolument rien à jeter. Pour finir, j'apprécie beaucoup de lire des billets de lecteurices moins "aguerri.es" que moi sur cet auteur, car j'ai toujours un peu peur que Simenon soit oublié. Comme toi, l'ambition de tout lire était vague et abstraite, mais aujourd'hui j'en vois le bout !
SupprimerMerci pour ton commentaire, qui me laisse donc un espoir :)
SupprimerA une époque (notamment au lycée), je lisais beaucoup de "classiques", avec une tendance à lire plusieurs titres d'affilée d'un même auteur. J'ai eu mes périodes "russes" (Tourgueniev, Tolstoï...), Sigrid Undset, Maupassant, Flaubert... dont j'ai quasi tout oublié aujourd'hui. Mais quel plaisir aussi de découvrir "sur le tard" Moby Dick, Don Quichotte ou Dickens.. ou Simenon !
Et je note ton conseil "poisseux", ça me plait bien...
Je n'ai jamais lu Simenon, mais ta chronique pique ma curiosité. L'atmosphère de cette enquête, revisitant le lieu de l'enfance avec les yeux de l'adulte, pourrait me plaire.
RépondreSupprimerEt l'avantage, avec cet auteur, c'est que ses titres sont toujours très courts, alors on ne risque pas grand-chose à essayer !
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