"L'Enfant Volé" - Ian McEwan
A la fois dense et dilué.
Stephen écrit des livres pour enfants. Il vit avec sa femme Julie, dont il est très amoureux et leur petite fille Kate, trois ans. Cette dernière disparaît alors qu’ils sont au supermarché, et c’est pour Stephen le début d’une existence chaotique et vide de sens. Sa femme part vivre seule à la campagne, pour tenter de surmonter la perte de son enfant. Quant à ses plus proches amis, Charles et Thelma, ils décident eux aussi de quitter Londres et son agitation pour habiter définitivement dans leur résidence secondaire isolée, Charles laissant derrière lui une carrière politique prometteuse. La seule occupation qui maintient Stephen dans un semblant de vie sociale est sa participation à un comité chargé de réfléchir à l’élaboration d’un manuel de pédagogie.
Ian McEwan me laisse perplexe. La lecture de ce roman m’a laissé des impressions contradictoires : il m’a paru à la fois dense et « dilué », parce que de nombreux thèmes de société y sont abordés, les sentiments et pensées du personnage principal sont décrits avec force détails, et paradoxalement, on n’a pas vraiment le sentiment qu’il s’y passe grand-chose, où en tout cas pas de quoi combler 400 pages bien tassées…
Au départ, avec l’enlèvement de Kate, le lecteur –s’il est naïf comme moi- pourrait croire qu’il va s’agir en partie d’une enquête policière et … et pas du tout. L’enfant est volé (par qui, pourquoi, là n’est pas l’important), et l’auteur part de cet instant pour disséquer les différentes phases émotionnelles par lesquelles passe Stephen, tout en l’intégrant dans un contexte plus général : il ancre son personnage dans un pays, une époque, ce qui va être l’occasion d’aborder et de porter un regard plus que critique sur la société dans laquelle il évolue. Corruption, pauvreté et exclusion, aliénation de la liberté individuelle par l’ingérence insidieuse de l’état dans la vie privée…, rien n’échappe à la plume acérée de l’écrivain !
Et c’est fait de façon absolument structurée, McEwan utilisant en quelque sorte la technique du « travelling arrière » : à partir de gros plans de son personnage, il offre une vision globale de son environnement. Et tout au long du récit, court un fil conducteur que l’on pourrait qualifier d’universel : la relation que l’on a au temps, et à l’inverse, l’incidence du passage du temps sur les individus. En effet, s’il est question, pour commencer, du vol réel d’un enfant, il est ensuite régulièrement fait mention de la perte de l’enfance que nous subissons tous, et comment, avec les années, nous perdons notre spontanéité, notre joie de vivre chaque moment présent, pour les remplacer par le pragmatisme, le besoin de confort et de sécurité.
Une fois de plus, je m’incline devant le talent de l’auteur, qui, ainsi que l’a dit Zaph, écrit très bien, même lu en traduction française, mais j’avoue que j’ai dû survoler certains passages, parce que, par moments, sa minutie, la profusion de détails, ont fait que j’ai « décroché » un peu. Avant de m’en aller lire un autre livre de cet auteur, je vais par conséquent faire une pause…
J'ai quand même un peu l'impression de vous avoir recommandé un Aristochat qui ne vous convainc pas vraiment... :-(
RépondreSupprimerJe ne m'avoue pas encore vaincue, même s'il me laisse plutôt tiède pour l'instant. J'ai prévu de lire "Samedi" et "Le jardin de ciment" (ta critique me fait envie) pour novembre.
RépondreSupprimer"mais j’avoue que j’ai du survolé certains passages, parce que, par moments, sa minutie, la profusion de détails, ont fait que j’ai « décroché » un peu."
RépondreSupprimerj'ai ressenti la même chose avec Expiation. :-( faut que je rédige mon avis d'ailleurs. ça m'a un peu refroidi pour lire "Samedi"