"Bad City Blues" - Tim Willocks
Épopée de la violence.
Ce sont ses personnages qui font de "Bad City Blues" un roman intense et atypique...
Il y a Callilou, ex-prostituée mariée à un pasteur évangéliste qui est aussi, accessoirement, vice-président de la banque qu'elle a dévalisée avec la complicité de son amant Luther. Ce dernier, vétéran du Vietnam, vit désormais du trafic de stupéfiants.
Il y Cicero, le frère de Luther, psychiatre qui met ses procédés peu orthodoxes au service de drogués pour lesquelles les habituelles méthodes de sevrage ont échoué.
Et il y a... LE personnage : Clarence Jefferson, magnifique d'ignominie, flic sadique et corrompu, mais extraordinairement intelligent, presque inhumain..
Tous ces protagonistes, évidemment, se rencontrent... rencontres qui culminent parfois à un degré de violence très fort, non pas tant en raison des sévices physiques qu'ils subissent, que par l'intensité de leurs affrontements psychologiques, nourris de démons intérieurs ardents et inavouables. Au-delà de cette violence, et en même temps par son intermédiaire, se nouent des enjeux relationnels ambivalents et troublants, dominés par ce qu'au fond recherchent tous les êtres, y compris ceux qui a priori sont les moins vulnérables : le respect, la reconnaissance, voire la connivence avec un autre qui nous ressemble et pourrait nous comprendre.
Il y a de la superbe dans la façon qu'a Tim Willocks de tisser les interactions entre les individus pourtant plutôt antipathiques qui peuplent son roman, dans le sens où il s'en dégage une sorte de puissance aux accents presque mythiques... comme d'une épopée de la violence urbaine, dont les ingrédients (drogue, sexe, arme à feu) ne seraient qu'accessoires et conjoncturels, puisque cette violence serait une constante de la civilisation humaine. Sans doute est-ce la raison pour laquelle l'auteur s'attache essentiellement à décrire les rapports entre victimes et bourreaux (dont les rôles peuvent être interchangeables), et que le reste : intrigue policière, environnement (une ville anonyme de Louisiane en pleine canicule), ne semble avoir été rajouté que parce qu'il fallait bien donner un cadre à son propos...
On dirait qu'en Louisiane, c'est la canicule perpétuelle (en tout cas, dans les romans ;-)
RépondreSupprimerEh, oui, que veux-tu, ce n'est pas la Belgique !
RépondreSupprimer(je sais, elle est facile...)