LE RECAPITULATIF DE L'ACTIVITE

"Fuir Pénélope" - Denis Podalydès

"Je ne suis pas de ceux qu'un soir comme celui-là transfigure (...). Je suis tranquille dans mon angoisse, dont je me suis fait un campement sans feu".

Gabriel est acteur. Acteur de théâtre. Issu d'un milieu policé, il a grandi au sein d'un foyer sans histoire, et a étudié au conservatoire. Il est un grand admirateur des acteurs de cinéma, surtout de ceux qui jouent les durs au grand cœur, ces comédiens dont le talent est davantage lié à l'expression de leur personnalité charismatique et d'un jeu instinctif, que le résultat d'un quelconque apprentissage. Gabriel est conscient qu'il devra quant à lui se contenter de rôles d'avocats ou de professeurs, qui conviennent mieux à son académisme.
Mais peu importe... Juan Karlowitz, ex assistant du grand Théos Angelopoulos, réalise pour la première fois son propre film, et il a sollicité Gabriel pour y jouer le personnage d'un acteur de théâtre "inconnu, futé, pas trop beau ni trop charmant" ! C'est l'occasion rêvée pour approcher de plus près ce monde du cinéma qui le fascine, et de se changer les idées après une récente et douloureuse rupture amoureuse.

Si Gabriel est, selon ses dires, un jeune homme plutôt banal et un acteur plutôt classique, le lecteur ne s'ennuie pas une seule seconde en sa compagnie. Il dépeint ses aventures -parfois piteuses- en mettant l'accent sur leur aspect cocasse, et se décrit lui-même avec beaucoup d'humour et d'auto dérision, insistant sur sa maladresse et sa politesse un peu naïve. Conscient de ses limites, il n'en conçoit nulle amertume (juste, parfois, un peu de mélancolie), et admire avec sincérité ceux dont il envie l'aisance et la force de caractère.

Son expérience cinématographique permet à l'auteur de rendre un bel hommage au septième art, dont il loue aussi bien les prouesses techniques des machinistes que la bonne humeur maternelle des habilleuses ou le jeu des acteurs, parsemant le récit de fréquentes références aux maîtres que sont Truffaut, Godard ou Antonioni, entre autres.
Il fait ainsi du tournage d'un film à petit budget qui tourne à la catastrophe, une épopée à la fois burlesque et grandiose.

Au-delà de cet amour du cinéma, on ressent en permanence l'amour des mots et de la langue qui habite Denis Podalydès, qui nous livre avec "Fuir Pénélope" un texte à la fois léger et intelligent.
J’émettrai un unique (et petit) bémol : j'ai trouvé le rythme de la dernière partie du roman un peu moins soutenu, avec pour conséquence une baisse de l'enthousiasme et de l'amusement éprouvés jusqu'alors, mais je garderai dans l'ensemble un très bon souvenir de cette lecture.

Commentaires

  1. Il est dans ma pile à lire et je m'en réjouis... Je suis fan des films de Théo Angelopoulos !

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  2. J'espère que tu passeras toi aussi un moment agréable, à cette lecture (mais je pense que oui..). Je serai curieuse de lire ton avis !

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