LE RECAPITULATIF DE L'ACTIVITE

"Ouest" - François Vallejo

Maître et serviteur...

D'un côté, Lambert, que sa veuve de mère est parvenue à placer comme garde-chasse au château des Perrières.
De l'autre, son maître, le baron de l'Aubépine, le jeune, qui reprend le château à la mort de son père, avec lequel il était fâché. Le vieux baron n'a en effet jamais pu supporter ce fils malingre et constamment malade. Aubépine le jeune, faible mais caractériel, passait sa frustration d'être dominé par son père puis sa femme -morte, elle aussi- en tabassant les cochons et en hurlant dans les bois.

Bref, un drôle de zigoto... tel est en tous cas l'avis de la domesticité des Perrières, qui ne voit pas revenir d'un bon œil ce fils pas vraiment prodigue. Ce dernier a de plus rapporté de Paris des idées contre nature. Des idées libertaires. Certains sont plus royalistes que le roi, lui est plus révolutionnaire que le peuple. Et dans ces contrées vendéennes du milieu du XIXème siècle, ce pays de chouans, un noble qui aurait voulu tuer des royalistes, ce n'est pas dans l'ordre des choses. C'est même particulièrement suspect, anormal... Peu à peu, cuisinières, valets et femmes de chambre, fidèles à la mémoire du vieux baron, désertent. Lambert, lui, n'a pas vraiment connu le vieux, et laisse une chance au jeune, malgré ses bizarreries. Et puis Lambert, il a ses chiens, et on ne laisse pas ses chiens comme on peut laisser des casseroles. Alors, il reste.
Le jeune baron en est quant à lui ravi : pensez donc, il a pour garde-chasse le fils d'un soldat révolutionnaire ! Une étrange relation va ainsi s'établir entre le pragmatique Lambert et son rêveur de maître.

L'arrivée au château de Berthe François, gourgandine parisienne, qui suscite chez Madeleine, l'aînée du couple Lambert, une admiration que son père voit d'un très mauvais œil, va compliquer la donne...

"Ouest" est un roman d'ambiance et de tension. Son intrigue prend racine dans une terre où l'humidité est reine, qui ramollit le sol, génère des odeurs acres, fait lever des brumes opaques. Les événements inquiétants et mystérieux dont le château est le théâtre -les cris poussés dans la nuit, les robes que la femme de Lambert retrouve lacérées...- contribuent par ailleurs à instaurer un climat de suspicion et d'angoisse, qui devient de plus en plus palpable.

François Vallejo nous conte son histoire sur le ton de l'anecdote, s'adressant au lecteur avec une certaine familiarité, évoquant ses personnages avec une bonhommie moqueuse. Le style, qu'il a sans doute voulu en adéquation avec le fond de son récit, a un côté désuet et populaire, très plaisant, donnant l'impression que l'auteur se pose en chroniqueur contemporain des faits qui sont relatés. Les dialogues se fondent dans la narration, sans guillemet ni retour à la ligne, conférant au texte un rythme enlevé, auquel on s'accoutume très vite.

Pour autant, "Ouest" n'est pas un réel coup de cœur. Le roman pâtit parfois de ce qui fait pourtant sa singularité et sa force : l'écriture particulière que l'auteur met au service de son intrigue confine par moments à l'exercice de style, au risque de lasser le lecteur. Mais je n'ai pas trouvé ce défaut assez envahissant pour gâcher vraiment le plaisir de ma lecture.

Commentaires

  1. Cet auteur fait partie de ceux dont je vois souvent le nom, mais que je n'ai pas encore découvert... son dernier roman ne me tente pas, mais celui-ci, pourquoi pas ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Comme toi, je ne suis pas spécialement tentée par son dernier titre, mais c'est en lisant une critique dans la presse à son propos que j'ai eu envie de lire Ouest (qui était aussi évoqué dans l'article en question).
      Je ne sais pas s'il utilise à chaque fois le même style (ces romans semblent en tous cas avoir comme point commun de se dérouler dans un passé un peu lointain), mais c'est très plaisant.

      Supprimer
  2. Bien reçu ! pas un réel coup de cœur pour toi, mais je suis convaincue par ton avant dernier paragraphe. Il y a pas mal de points qui me plaisent dans ce que tu dis : le côté désuet, la bonhomie moqueuse, je suis en plein dans du noir-noir en ce moment (pour changer, me diras-tu ...) et un ton plus distancié me siérait bien.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est vrai que ce n'est pas un réel coup de coeur, mais je le recommande quand même...
      Il y a certains passages qui sont assez mémorables, et oui, j'insiste, mais le ton est enlevé et original, malgré son aspect un peu redondant..

      Supprimer
  3. J'adore vraiment la façon dont tu parles de ce livre malgré que ce ne soit pas un coup de coeur. En tout cas, j'ai pris grand plaisir à te lire et tu as su éveiller mon intérêt et ma curiosité pour un titre qui ne m'attirait pas vraiment au premier abord. Mais l'ambiance, d'après ce que tu décris, pourrait grandement me plaire. Les personnages ont l'air assez cocasses. Et ça sera une totale découverte puisque je n'ai jamais lu cet auteur. Et un de plus dans la PAL !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'espère qu'il te plaira, je serai curieuse de lire ton avis...

      Supprimer
  4. Je l'ai lu et apprécié et chroniqué ainsi que tout récemment son dernier roman Fleur et sang.

    RépondreSupprimer
  5. Bonjour Ingannmic, et bien moi, je n'ai jamais réussi à lire ce roman en entier, il m'est tombé des mains. http://dasola.canalblog.com/archives/2007/06/05/5199185.html Sinon, bonne après-midi de Noël et bonnes fêtes de fin d'année.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Dasola,

      J'ai en effet lu ton billet... Comme quoi, ce style un peu suranné ne peut pas plaire à tout le monde...

      Je te souhaite à toi aussi de bonnes fêtes de fin d'année.

      A bientôt..

      Supprimer

Enregistrer un commentaire

Compte tenu des difficultés pour certains d'entre vous à poster des commentaires, je modère, au cas où cela permettrait de résoudre le problème... N'hésitez pas à me faire part de vos retours d'expérience ! Et si vous échouez à poster votre commentaire, déposez-le via le formulaire de contact du blog.