"La Horde du Contrevent" - Alain Damasio
"Le cosmos est mon campement".
"Wow !" : voilà grosso modo la
première pensée qui m’est venue en refermant "La Horde du Contrevent",
suivie de la certitude qu’il s’agirait d’un de mes plus grands coups de cœur de
l’année, puis de l’envie de le relire tout de suite…
"La Horde du Contrevent", c’est d’abord un
univers. Sans doute inspiré du nôtre, comme le révèle certaines (mais rares) références
culturelles, mais constitue-t-il notre passé, notre futur, ou une sorte de
dimension parallèle ?... Nous ne le saurons pas et cela n’a d’ailleurs aucune
importance. Un univers en tous cas hostile où le vent est non pas roi mais
empereur, constitutif d'un environnement dont les paysages façonnés, tordus
par son souffle perpétuel, sont réduits à leur dimension à la fois grandiose et
dangereuse. Le vent y est un monde à part entière, aux multiples potentialités, avec ses neuf formes dont
six seulement ont été identifiées, elles-mêmes subdivisées en thèmes majeurs et mineurs, en
déclinaisons et variations subtiles. Peu d’êtres semblent habiter cette terre au souffle dévastateur : quelques escouades de nomades en bateaux volants -les Fréoles-, des "abrités" -habitants
des rares villes, si insignifiants qu’ils sont à peine évoqués-, et d’étranges
créatures flottantes -les chrones- aux formes et à la dangerosité diverses.
"La Horde du Contrevent", c’est ensuite et surtout un groupe, et
la quête dont il est indissociable. Vingt-trois individus à la fois uniques
et indivisibles parties d’un tout, formant la trente-cinquième Horde de l'Histoire. A sa tête Golgoth
le traceur, neuvième du nom, roc intransigeant, honnissant la faiblesse, porté
par la certitude instinctive d’être invulnérable et une foi sidérante en la réussite
de leur mission. A ses côtés un prince dont la noblesse, la
droiture et la sobriété ne s’arrêtent pas au titre ; un scribe érudit qui rédige le carnet de contre dans lequel il tente de coucher les
leçons extraites de leurs expériences du vent à l’attention des hordes futures ; un mystérieux troubadour dont la verve et l’agilité semblent surnaturelles ; un combattant, chargé de protéger la Horde ; une belle aéromaîtresse spécialiste du vent, mais
aussi des artisans et des chasseurs, une sourcière et une feuleuse, une
soigneuse et un éclaireur…
... Tous unis pour contrer ce vent pour lequel ils éprouvent par ailleurs un infini respect, ennemi qu’ils affrontent en un combat parfois mortel mais qui en même temps les tient debout, les redresse, les construit. Ils ont dès l’enfance suivi un apprentissage impitoyable auquel ne survivent que les meilleurs, sélectionnés et formés en vue d'un objectif : atteindre, au bout de la Terre, l’Extrême-Amont, pour y boire le vent à sa source, et en connaître les trois dernières formes, exploit qui n’a encore jamais été réalisé. Partis pour la plupart d’entre aux trente ans auparavant d’Aberlaas, en Extrême-Aval, sans connaître précisément la distance ni les obstacles qui les séparent de leur but final, sans carte si ce n’est le tracé dont les principaux membres de la Horde ont chacun une portion tatouée sur la colonne vertébrale, ils vouent leur vie à cette seule quête. Le Code de la Horde proscrit l’utilisation de machines, impose un corps-à-corps au vent et à la terre, progresser à pied étant l'unique manière de rencontrer les neuf formes du vent. Ses membres sont soumis à la stricte discipline nécessaire à la survie, qui exige dépassement de la fatigue et de l’abrasion, interdit tout relâchement. Ils forment visiblement la meilleure Horde de tous les temps, puisqu'ils ont trois ans d’avance sur leurs prédécesseurs et que jamais l’espoir de voir atteindre l’Extrême-Amont n'a été aussi fort. Mais les obstacles sont nombreux, parfois inattendus, et aux difficultés quasi inhumaines qu’induit le Contre, s’ajoute le danger que représentent les Poursuiveurs, ennemis de la Horde, agissant pour le compte d’on ne sait qui… Et le plus insurmontable reste à venir, car la quête finale va au-delà de l’atteinte d’un point géographique, d’une découverte physique ou scientifique, pour se faire intime, existentielle…
... Tous unis pour contrer ce vent pour lequel ils éprouvent par ailleurs un infini respect, ennemi qu’ils affrontent en un combat parfois mortel mais qui en même temps les tient debout, les redresse, les construit. Ils ont dès l’enfance suivi un apprentissage impitoyable auquel ne survivent que les meilleurs, sélectionnés et formés en vue d'un objectif : atteindre, au bout de la Terre, l’Extrême-Amont, pour y boire le vent à sa source, et en connaître les trois dernières formes, exploit qui n’a encore jamais été réalisé. Partis pour la plupart d’entre aux trente ans auparavant d’Aberlaas, en Extrême-Aval, sans connaître précisément la distance ni les obstacles qui les séparent de leur but final, sans carte si ce n’est le tracé dont les principaux membres de la Horde ont chacun une portion tatouée sur la colonne vertébrale, ils vouent leur vie à cette seule quête. Le Code de la Horde proscrit l’utilisation de machines, impose un corps-à-corps au vent et à la terre, progresser à pied étant l'unique manière de rencontrer les neuf formes du vent. Ses membres sont soumis à la stricte discipline nécessaire à la survie, qui exige dépassement de la fatigue et de l’abrasion, interdit tout relâchement. Ils forment visiblement la meilleure Horde de tous les temps, puisqu'ils ont trois ans d’avance sur leurs prédécesseurs et que jamais l’espoir de voir atteindre l’Extrême-Amont n'a été aussi fort. Mais les obstacles sont nombreux, parfois inattendus, et aux difficultés quasi inhumaines qu’induit le Contre, s’ajoute le danger que représentent les Poursuiveurs, ennemis de la Horde, agissant pour le compte d’on ne sait qui… Et le plus insurmontable reste à venir, car la quête finale va au-delà de l’atteinte d’un point géographique, d’une découverte physique ou scientifique, pour se faire intime, existentielle…
"La Horde du Contrevent" c’est, enfin, une écriture,
presque une langue à part entière, qui tantôt vocifère et tantôt virevolte (ah,
les facétieuses acrobaties langagières de Caracole et les véhémentes logorrhées argotiques de Golgoth...), papillonne entre érudition et poésie… où
les chants et les salves du vent se transcrivent sous forme de signes de
ponctuation, comme des partitions de musique. Une richesse que permet une
narration à vingt-trois voix, qu’un marque-page fourni avec l’ouvrage vous aide
à démêler en listant les membres de la Horde, la fonction de chacun, et le symbole
qui les désigne respectivement dans le texte.
Une expérience de lecture extraordinaire, ponctuée de moments
de tension extrême (mon cœur a failli se décrocher cent fois) et d’émotions
intenses, de scènes épiques et d’émerveillement face à la profusion de cet
texte d’une richesse inouïe.
Un livre-monde.
- Quel têtard ! lâche Golgoth, très fort, en s’approchant de nous. Il nous dégobille une tambouille gourmâchée mille fois, il provise que dalle ! Ce tas de pus passe sa putain de vie bloqué sur son plot à se secouer les grelots dans la tronche et il te pond au presse-jus trois bouts de phrases à l’envers, sans queue ni fête, qu’il te ressort à la six-quatre-deux, la bouche en nouille, et on veut me faire croire que ce piaffeux est un cador de la rime ? Par le Contrevent, Carac, broie-moi cette face de cul ! Te laisse pas empommer !
En avant-goût, ci-dessous le lien vers la bande-son composée
par Alain Damasio accompagnant la première édition de "La Horde du
Contrevent" (malheureusement non fournie avec le format poche) :
Et c’est aussi un pavé ! :
Je l'avais lu à sa sortie et adoré. J'ai très envie de le relire (bon ça fait genre 1 ou 2 ans que je dis ça, tranquille), j'espère que je ne serai pas déçue !
RépondreSupprimerJe ne le pense pas, même si la relecture nuit à la surprise finale, l'univers et les personnages sont si riches, la langue si inventive..
Supprimermoi qui n'aime ni le fantastique ni la science fiction j'ai adoré ce livre que je vois comme un chef d'oeuvre du genre, l'inventivité de l'écriture, des personnages, du scénario tout est réussi et extraordinaire
RépondreSupprimerc'est un souvenir de lecture éblouissant et je partage à 100% ton billet
Complètement d'accord, je n'y ai trouvé aucun défaut non plus !...
SupprimerOh ! Tu l'as lu ! J'ai acheté son dernier roman l'an passé, Les furtifs, parce que mon fils avait adoré La horde du contrevent et que j'avais l'impression qu'il me plairait davantage. Et puis j'en ai lu une quarantaine de pages, impossible d'entrer dedans, je l'ai abandonné. Je l'ai donc donné à mon fils qui l'a beaucoup aimé mais qu'il a trouvé plus difficile à lire que La horde... Bref, il me tanne pour que je lise enfin cette fameuse horde ! (Mais je ne le possède pas...)
RépondreSupprimerSuite à ma lecture, je me suis renseignée sur Les furtifs, et j'ai constaté qu'il a suscité bien moins d'enthousiasme que La Horde du Contrevent, auquel il est comparé à son désavantage. Du coup, je préfère la perspective de relire celui-ci dans quelques années plutôt que d'être déçue avec un autre titre ! Et ton fils a très bon goût, tu peux lui faire confiance les yeux fermés...
SupprimerEt comme il est sorti en poche, et que j'ai l'impression que c'est un incontournable du genre, il est très facile de le trouver en librairie..
Une lecture mémorable pour ce qui me concerne aussi et ton billet en rend compte de bien belle manière !
RépondreSupprimerJe pense que j'en garderai longtemps des images moi aussi..
SupprimerLe coté pavé me freine un peu, mais j'ai très envie de découvrir Damasio, soit avec celui-ci, soit avec le dernier paru qui a l'air très intéressant lui aussi (et j'adore entendre l'auteur à la radio).
RépondreSupprimerJe n'ai jamais entendu l'auteur, mais entre toi et Athalie, je me dis que c'est une véritable lacune ! Et il est certes un peu épais, mais je l'ai dévoré !
SupprimerC'est le livre culte de mon fils. Et nous avons eu l'occasion d'aller entendre l'auteur à Saint Malo l'année dernière. Ses propos sont très intéressants, très politiques, très engagés tout en étant posés et constructifs. La salle était trop petite pour le public, il a improvisé un échange à l'extérieur ... Rares sont les auteurs qui prennent ce type d'initiative pour être plus proches de tous ceux qui sont frustrés d'être dehors !
RépondreSupprimerPour les Furtifs, toujours d'après mon fils, il est aussi bien que La horde, mais plus hermétique, plus théorique.
Voilà, je n'ai plus qu'à le lire à mon tour ! (cinq ans que je fais cette promesse au fiston !)
Et rien à voir, mais si tu ne l'as pas écouté, ce postcast avec Jaenada est assez drôle.
https://www.arteradio.com/son/61663555/bookmakers_philippe_jaenada_1_3
Eh bien, tous ces jeunes m'ont l'air très fréquentables !! Et oui, lis-le, c'est une véritable expérience, et l'écriture est savoureuse. Et ce que tu dis de l'auteur m'intrigue beaucoup, j'espère avoir l'occasion de l'entendre un de ces jours. En attendant, je cours écouter Philou, merci !!
Supprimeril est dans ma PAL depuis sa sortie et je n'arrive toujours pas à franchir le pas :-)
RépondreSupprimerC'est le Pavé de Brize qui m'a motivée, c'est une bonne occasion, dont je tire chaque année prétexte pour sortir quelques gros titres de ma PAL (mais pour l'instant, je n'ai pas pris trop de risques, j'ai quelques pavés monumentaux auxquels je n'ai pas encore osé m'attaquer !)
SupprimerJe vais être la seule à dire que ce livre ne m'a pas emballée. Les femmes, encore et toujours, ont un rôle de femelle... et je n'ai pas le féminisme chevillé au corps !
RépondreSupprimerJe t'avoue que je me suis fait la même réflexion au début (il faut dire que le machiste Golgoth leur en met une sacrée dose...), et puis j'ai trouvé que cela s'atténuait notamment avec le beau personnage d'Oroshi. D'une manière générale, il m'a semblé que les personnages féminins prenaient de l'ampleur au fil du récit..
SupprimerOn m'a recommandé ce roman plusieurs fois, mais j'hésite encore à me lancer dans ce pavé. Non seulement, je ne suis généralement pas bon public pour les récits de science-fiction, mais surtout, j'ai peur de rester à la porte de ce monde...
RépondreSupprimerAh, si tu n'es pas adepte de SF, je ne sais pas s'il te plaira, mais rien que l'écriture, c'est un régal... et puis on peut le voir comme un roman d'aventures ...
SupprimerFigure toi que je ne l'ai pas lu (un jour, un jour...) et que j'ai pris Les furtifs, qui est du même genre génial question langage et inventivité. 700 pages, un poil fatiguée, j'ai arrêté l'aventure à 400 quand même ;
RépondreSupprimerMais on m'a dit que La horde est mieux!
C'est aussi ce que j'ai cru comprendre en lisant des avis sur Les Furtifs... Du coup, je ne pense pas le lire. Mais il ne faut pas que tu passes à côté de celui-là !
SupprimerUn de mes gros coups de coeur de tous les temps au rayon SF ! Je l'avais lu à sa parution et je crois que j'en suis ressortie comme toi aujourd'hui, avec un gros Wow. Tu n'imagines pas ma déception avec les Furtifs qui n'a pas réussi à recréer ce même enthousiaste...
RépondreSupprimerOui, tu n'es pas la seule à avoir été déçue, ces Furtifs ne me font pas du tout envie du coup.. Mais cette Horde, ah quelle claque !
SupprimerCela fait des années que j'ai envie de le découvrir, ton billet et les commentaires m'engagent à vraiment m'y mettre.
RépondreSupprimerVas-y, ce n'est que du plaisir !
Supprimerau festival des Utopiales de Nantes l'année dernière, nous avons assisté à plusieurs interventions de l'auteur. Il est super intéressant. je n'ai pas pris le temps de lire ce livre et pourtant il me fait envie. alors qu'est ce que j'attends ????
RépondreSupprimerC'est aussi la question que je me pose, et je suis sûre que tu ne seras pas déçu, cette lecture a été une vraie claque, en ce qui me concerne.. et tu n'es pas le premier à dire que cet auteur mérite aussi d'être écouté. Bon je ne sais pas si nous pourrons de sitôt re-fréquenter des salons littéraires, mais j'essaierai de "pister" ce Damasio !
Supprimerah je défaille en repensant aux "facétieuses acrobaties langagières de Caracole" comme tu le dis bien...
RépondreSupprimerUn de mes livres cultes :-)
lu en 2014 (merci les archives du blog) , relu en 2016
Les furtifs est mon coup de coeur 2019
et "Aucun souvenir assez solide" est le livre de nouvelles que je préfère (à égalité avec chroniques martiennes de Bradbury quand même)
Bisessss
Ah, tu es la première à montrer tant d'enthousiasme pour Les furtifs, il faudra que je l'essaie peut-être, finalement..
SupprimerBises à toi aussi !
Pas d'accord, mais alors pas d'accord du tout ! Pas avec l'enthousiasme à la lecture de La horde, c'est effectivement un livre monde génial, mais Les furtifs c'est aussi génial, foisonnant, touffu, parfois exigeant, mais avec la même inventivité dans la langue, avec quantité de thématiques abordées, mais aussi une histoire qui tient ne haleine et des personnages inoubliables. Certes il faut être lecteur pour attaquer le pavé, mais tous les gens à qui je l'ai conseillé et/ou passé ont été emballés.
RépondreSupprimerTu as bien fait de te manifester pour confirmer l'avis de Valentyne sur Les furtifs... puisque c'est suite à ton conseil que j'ai lu La horde, je continue de te faire confiance !
SupprimerCe livre est sur ma PAL. Depuis longtemps déjà. Il me fait un peu peur à vrai dire... Mais ta chronique pourrait me décider car on sent tout l'enthousiasme qui transparaît dans ton analyse.
RépondreSupprimerIl m'effrayait un peu aussi, mais vas-y, il est génial ! Une inoubliable expérience de lecture !
SupprimerJe vois que tu as placé ce livre en tête du bilan de l'année 2020. Tu me donnes drôlement envie de le lire ! C'est de la science-fiction ou de la fantasy ?
RépondreSupprimerDe la science-fiction plutôt, bien que certains éléments pourraient relever de la fantasy.. En tous cas, c'est à lire !
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