LE RECAPITULATIF DE L'ACTIVITE

"Tokyo express" - Seicho Matsumoto

Un certain manque de chair...

Deux suicidés sur une plage isolée du Kyushu, dans le Sud du Japon. L'un est le sous-secrétaire d’un ministère alors sous les feux de l'actualité dans le cadre d'une affaire de corruption, et sa disparition arrange bien ses supérieurs. Le second cadavre est celui d'une jeune serveuse d'un bar tokyoïte.

Rien ne laisse a priori soupçonner qu’il s’agisse là d’une affaire criminelle. Pourtant, l’un des policiers locaux chargés de l’enquête est interpellé par une incohérence anodine mais entêtante : la facture provenant du wagon-restaurant du train dans lequel il est établi que les deux défunts ont gagné le Kyushu ne compte qu’un convive…

Ses doutes contaminent l’inspecteur Kiichi Mihara, venu de Tokyo. Porté par la conviction que ce double suicide est louche, la ténacité avec laquelle il mène l’enquête se heurte au parfait alibi du principal suspect, qui ne pouvait matériellement se trouver sur les lieux du drame au moment où il survint. C’est toutefois cette perfection même qui le préoccupe.

Kiichi Mihara décortique les horaires de train, se plonge dans les implacables enchevêtrements des correspondances ferroviaires, tentant de les tordre pour les faire coller à ses hypothèses, mais rien n’y fait : il se heurte, à chaque fois, à l’inébranlable mur de la logique…

J’étais fort curieuse de cet auteur surnommé "le Simenon japonais", et de ce titre classé dans la Collection Unesco d’œuvres Représentatives.

Le rapprochement avec Simenon est sans doute motivé par la sobriété quasi tranchante avec laquelle Seicho Matsumoto déroule son intrigue, s’attachant aux détails des faits, décrivant minutieusement la réflexion de son inspecteur en proie à des données chiffrées qui contredisent son intuition. Cela a l’avantage de doter son texte d’une dimension intemporelle (pour l’anecdote, c’est une note en bas de page donnant la définition du sushi qui m’a rappelée qu’il a été écrit en 1958), ainsi que celui d’impliquer le lecteur dans l’intrigue, en l’invitant à se creuser les méninges et à tenter de dépasser les apparences en même temps que le héros.

Mais c’est aussi, à mon avis, une limite à la force de ce titre qui, focalisé sur une vision "mécanique", en perd ce qui rend une lecture mémorable : des personnages consistants et/ou une atmosphère prégnante.

J’ai acheté ce titre dans un coffret comportant un autre roman ainsi qu’un recueil de nouvelles de Seicho Matsumoto. Je lui donnerais donc une seconde chance, malgré mon avis mitigé à l’issue de cette découverte, faite en compagnie de Marilyne. J’ai hâte de savoir ce qu’elle en a pensé ! Son avis ICI.


Deuxième participation au Mois Japonais, chez Lou et Hilde.


Petit Bac 2022, catégorie "LIEU"

Commentaires

  1. Rien d'extraordinaire on dirait .. je passe. De mon côté, je commence un "vrai" Simenon, en espérant ne pas le trouver trop daté. J'en ai beaucoup lu dans ma jeunesse.

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    1. Tu peux passer, oui... depuis, j'ai lu moi aussi du Simenon, en prévision de la LC du 29 proposée par Anne dans le cadre du mois belge. J'ai préféré : avec Simenon, on a au contraire affaire à des personnages à la psychologie complexe (du moins ceux que j'ai lus, il s'agit de vieux titres "hors Maigret", datant de 1947, que je n'ai pas trouvés vieillis...).

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    1. Pas vraiment non. La prise de tête sur les horaires de train est divertissante, mais l'ensemble manque de chair..

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  3. Je l'ai lu quelque part dans les années 90 et je n'en ai aucun souvenir. Il est sans doute encore dans ma bibliothèque et du coup, ton avis me dirait qu'il est temps de le donner pour faire de la place.

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    1. Je ne crois pas qu'il est utile de le relire, en effet...

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  4. Tu confirmes l'avis de Marilyne... ce n'est pas un indispensable.

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  5. Zut mon billet s'est évaporé.
    Je l'ai lu et je comprends ce côté un peu vide, mais ça a un certain charme. Je pense que ça doit bien plus plaire aux Japonais qui connaissent les lignes de train et qui doivent le lire dans le train, pour nous c'est un peu abstrait.

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    1. Peut-être... quoiqu'en ce qui me concerne, c'est le coupage de cheveux en quatre sur les horaires ferroviaires qui m'a le plus plu, je crois..

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  6. Nos avis se rejoignent. Merci pour cette lecture commune, ce titre attendait depuis des années sur mes étagères, choisi pour sa mention " un classique ". Même s'il ne me laissera pas un souvenir impérissable, j'ai été contente de relire un roman japonais, cela faisait longtemps. Je serai curieuse de ton avis sur le recueil de nouvelles.

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    1. Une lecture sans regret pour moi aussi, malgré l'avis mitigé, car j'étais très curieuse de cet auteur considéré comme un classique. Je ne lirai sans doute pas les nouvelles tout de suite, et vu le commentaire ci-dessous de Maggie, j'avoue que je pars avec un a priori...

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  7. J'avais beaucoup aimé et j'ai aimé aussi le vase de sable. En revanche, j'avais laissé tomber ses nouvelles

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    1. Cela ne m'encourage pas vraiment, mais je tenterai quand même, quitte à faire comme toi en jetant l'éponge si vraiment je n'accroche pas !
      Et Le vase de sable est le 3e titre du coffret, je le lirai donc aussi.

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  8. Et bin je pourrais te conseiller son "le point Zero"...vraiment un tres bon polar de cet auteur....oui Magali m'avait deja refroidi sur ce titre, tokyo express est trop...litterale peut-etre...(elle avait aussi aime point zero) ;)

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    1. Disons qu'on a l'impression que l'auteur a pris plaisir à une sorte d'exercice consistant à montrer qu'il faut parfois dépasser nos certitudes pour trouver la clé de l'énigme... mais tout le reste manque trop de consistance. Quant au "Point zéro", à voir, je m'essaierai sans doute d'abord aux titres que j'ai déjà dans ma bibliothèque.

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  9. Je reste assez curieuse, il est dans ma PAL depuis un moment et me tente toujours pour l'instant. Je l'aborderai sans trop d'attentes mais avec beaucoup de curiosité tout de même.:)

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    1. C'est sans doute le bon état d'esprit pour le lire !

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  10. Lu il y a très longtemps, une lecture d'un autre temps où le rythme n'était pas le même. Ce n'est plus la même époque, ce ne sont plus les mêmes romans. Mais, c'est aussi se plonger, peut-être dans une autre atmosphère, une autre ambiance. Peut-être qu'un jour je replongerai dedans, qui sait, dans le sable ou dans la vase...

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    1. J'ai trouvé justement que le roman ne nous plongeait pas assez dans l'atmosphère de l'époque. A voir ce que donneront mes prochaines lectures de l'auteur...

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  11. Ca me rend curieuse quand même... Et comme l'année prochaine, je me ferai sans doute un petit défi perso "Un Picquier par mois", je note ce titre, pour varier les genres.

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    1. Il se lit très rapidement, en tous cas, et peut être découvert par curiosité, comme élément reconnu du patrimoine littéraire japonais..

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  12. Bonjour Ingannmic, je l'ai lu il y a longtemps quand les éditions Philippe Picquier ont commencé à publier des romans policiers japonais. Je me rappelle que j'avais aimé ce roman mais c'était le premier roman policier japonais que je lisais. L'attrait de la nouveauté. Je l'ai toujours, il faudrait que je le relise. Bonne journée.

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    1. Bonjour Dasola,
      Sinon tu peux aussi lire d'autres titres de cet auteur ! C'est ce que je vais faire de mon côté..
      Merci pour ton passage et bonne fin de journée.

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  13. C'est dommage, ça semblait prometteur. L'atmosphère des romans japonais est souvent particulière, ça m'a parfois un peu perturbée. Je n'ai pas encore lu cet auteur mais je serais quand même curieuse de découvrir malgré tout. :)

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    1. Oui, j'en "parle" régulièrement avec d'autres blogueurs, à l'occasion des billets "japonais" que je publie = on constate souvent une distance, presque une froideur au niveau de l'écriture, qui laisse peu de place à l'émotion, créant ainsi une atmosphère un peu désincarnée.

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  14. Je suis forcément intriguée même si Simenon ne m'a jamais trop tentée (j'en ai lu un, et j'ai beaucoup de mal à me défaire de l'image de la série TV que je détestais petite). Noté pour une prochaine année de découvertes nippones !

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    1. J'ai moi-même découvert Simenon sur le tard, car j'avais en tête l'image poussiéreuse laissée par les séries TV ! J'en ai lu peu, à ce jour (et surtout des "non Maigret") mais j'apprécie...
      Quant à ce Simenon japonais, j'y reviendrai car j'ai deux autres de ses titres sur mes étagères, mais cette lecture ne m'a pas emballée plus que ça..

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